Réduire les maladies du bois par la taille : des pistes existent, comme la taille tardive contre l’eutypiose, la taille Poussard contre l’esca ou la taille rase de précision. Mais les données scientifiques manquent souvent pour valider les observations.
Dans l’étude complexe des maladies du bois, le type de taille et la période de taille font partie des éléments soupçonnés d’influencer la contamination des ceps. De fait, plusieurs expérimentations, notamment à Cognac et en Beaujolais, ont montré dès les années 1990 qu’une taille tardive permettait de limiter le pourcentage de ceps atteints par l’eutypiose. Par exemple, dans un essai suivi de 1995 à 2009 à Liergues (69), une taille effectuée mi-mars conduit à 40 % de ceps ayant exprimé des symptômes au moins une fois (en cumulé) contre 60 à 80 % de ceps pour des tailles de mi-février à mi-décembre.
Au moins dix ans
Mais pour l’esca, il est plus difficile de tirer des conclusions. En effet, pour pouvoir conclure sur l’effet d’un mode de taille, il est nécessaire d’établir une parcelle à cet effet. Car, si la parcelle est transformée d’un type de taille à un autre, comment savoir si les résultats sont dus au type de taille actuel, à celui qui était pratiqué avant ou au changement ? Les expérimentations doivent aussi durer au moins dix ans pour que les maladies du bois commencent à s’exprimer et que les données soient significatives. Les références scientifiques manquent donc encore à ce sujet. Néanmoins, depuis que la vigne est cultivée, de nombreuses observations existent, comme celle d’un viticulteur charentais, Eugène Poussard, qui avait remarqué une amélioration lorsque la taille privilégiait, d’année en année, les flux de sève. Plus récemment, une autre technique a émergé, qui semble bénéfique vis-à-vis des maladies du bois : la taille rase de précision (TRP).
Taille uniquement sur le bois de l’année
« La taille rase de précision, comme les autres tailles mécaniques, sont souvent abordées sous l’angle de la réduction du temps de travail ou de la diminution des coûts. Ce n’est qu’au fil du temps que nous nous sommes rendu compte que cette technique pouvait avoir un effet positif sur les maladies du bois et sur le botrytis, résume Vincent La Mache, conseiller viticole à la chambre d’agriculture du Lot. Dans le département, sept à huit domaines ont adopté la TRP. D’après le conseiller, le fait de tailler uniquement sur le bois de l’année et de laisser de nombreux yeux (50 à 80 yeux) provoque de nombreux départs de rameaux et engendre de très petites plaies de taille. » Ce système est issu des travaux du professeur Cesare Intrieri, de l’Université de Bologne, qui a imaginé ce type de conduite depuis 1983. « C’est une vraie réponse que l’on apporte au dépérissement du vignoble », estime Vincent La Mache. Au moins un obstacle demeure toutefois : l’incompatibilité de la technique avec les cahiers des charges des AOC, qui limitent bien souvent le nombre d’yeux à laisser sur chaque cep. Pour l’instant.
Pour plus de détails sur le cordon libre et la taille mécanisée, regarder la vidéo du Pr Intrieri, sur la chaîne Youtube de l’IFV Sud-Ouest (à partir de 28:30).
Article paru dans Viti Leaders de février 2019
