Histoire du vin en Gaule : révision générale !

Tout comme nos régions ont coutume d'utiliser des bouteilles de forme différentes, les formes des amphores indiquent leur provenance.

Non, la vigne n’est pas arrivée en Europe de l'Ouest avec les Grecs. Actualisation des connaissances avec Mathieu Poux, professeur d’archéologie à l’Université de Lyon.

Il y a une dizaine d’années, l’origine du vin était racontée comme un voyage depuis l’Asie jusqu’à la Gaule, depuis - 6 000, et on considérait que le vin n’était pas présent en Europe avant la colonisation grecque, a expliqué Mathieu Poux, lors du récent symposium consacré à la syrah, organisé par le syndicat des vignerons de Côte-rôtie et Condrieu. Or, nous savons maintenant que la vigne domestique et le vin étaient déjà présents en Italie dès le bronze moyen, soit 1 000 ans avant l’arrivée des Grecs !

Au fil des découvertes archéologiques, et du perfectionnement des techniques d'analyse, des chapitres entiers de l'histoire de la vigne et du vin doivent ainsi être réécrits. En Gaule, pour l'instant, les premières traces de production de vin datent toujours d’environ - 600 avant J.-C. à Massalia (Marseille). Des restes d’un atelier d’amphores et des preuves de culture de la vigne, près de Lattes, ont notamment été retrouvés.

À cette époque, le vin fait déjà l’objet d’un commerce relativement actif, puisque des restes d’amphores massaliètes ont été retrouvés dans de nombreux sites du Sud de la France.

Mais la production de vin gaulois n’est pas un phénomène continu : en - 400, la présence de vin gaulois se tarit au profit du vin en provenance d’Italie qui va inonder l’Europe, jusqu’en Grande-Bretagne. Le transport se fait par bateaux qui peuvent contenir jusqu’à 10 000 amphores. Les vins sont ensuite transbordés dans des barges plates, qui suivent deux axes : Rhône/Saône et Aude/Garonne.

Cette monnaie gauloise, frappée sous Vercingétorix, comporte une amphore, ce qui témoigne de la place du vin dans la société de l'époque.

Puis, au 1er siècle avant J.-C., la production gauloise repart à la hausse et s'exporte même vers l’Italie. Le vin est alors très présent dans la culture gauloise : on le retrouve sur une monnaie de Vercingétorix (ci-dessus). À Corent (Puy-de-Dôme), les restes d’amphores sont si nombreux qu’on y marche dessus comme sur un tapis (les amphores, à usage unique, étaient brisées après usage). La pierre tombale d’un vigneron a été identifiée en Provence, reconnaissable grâce au dessin d’une serpette vigneronne caractéristique (ci-dessous).

Cette tombe est celle d'un vigneron, comme l'atteste la présence de la serpette vigneronne caractéristique.

En vallée du Rhône, les écrits font mention d’un vin poissé produit dans la région de Vienne, le Picatum Allobrocicum, qui pouvait être acheté très cher jusqu’à Rome.

Vers 20-30 avant J.-C., une colonisation s’établit à Lyon, reliée à un arrière-pays. Une villa de cette époque a été retrouvée à Saint-Laurent-d’Agny (Rhône) avec de multiples traces d’activité viticole : tranchées de culture de la vigne en pergola, traces de marcottage, pollens, restes d’un pressoir en bois de technologie italienne et d’une installation pour chauffer les moûts. Le nom du propriétaire de cette villa a permis de montrer qu’il était originaire d’Italie et qu’il avait amené son savoir-faire vigneron avec lui en venant s’installer en Gaule.

Mathieu Poux conclut :

Des traces de culture de la vigne en pergola ont été retrouvées plutôt en Auvergne Rhône-Alpes et pas dans le Sud de la France. Pourquoi ? Nous ne pouvons qu'émettre des hypothèses. De nombreuses questions restent encore en suspens, car nous commençons juste à constituer le corpus sur ce sujet.

 

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