L’agriculture française prend en main la gestion de ses déchets

En France, près de 300 000 agriculteurs sont engagés dans une utilisation responsable et respectueuse de l’environnement des déchets de l’agrofourniture. Photo : DR

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En France, la filière agricole gère collectivement depuis 2001 la gestion de ses déchets d’agrofourniture au travers de l’éco-organisme Adivalor. Chaque année plus de 75 000 tonnes de plastiques et emballages usagés sont collectées puis recyclées. Une démarche de progrès qu’il convient de défendre continuellement.

Depuis 2001, la filière agricole française s’est engagée dans la collecte et le recyclage de produits d’agrofournitures. La démarche la plus connue, mais aussi la plus ancienne, concerne les bidons plastiques de produits phytopharmaceutiques.Mais en 17 ans d’existence, les entreprises de l’agrofournitures ont étendu le périmètre d’action d’Adivalor. Big bags, sacs d’engrais, d’amendements et de semences, films agricoles usagés, emballages vides de produits d’hygiène pour l’élevage laitier, ficelles, filets paragrêle, équipements de protection individuelle et bientôt gaines souples d’irrigation sont collectés.
« L’agriculture française s’est engagée très tôt dans la gestion de ses plastiques agricoles, et se positionne aujourd’hui très en avance sur le sujet, introduit Bernard Le Moine, délégué général du CPA, Comité français des plastiques en agriculture, dont les entreprises membres contribuent au financement d’Adivalor. Notre grande expertise est liée au concept de responsabilité partagée incluant fabricants, distributeurs et agriculteurs. Plusieurs pays, notamment l’Espagne, l’Allemagne et le Royaume-Uni, veulent développer des dispositifs analogues au nôtre. Nous sommes sollicités pour partager l’expérience française. » La France pionnière, en plus d’ouvrir régulièrement de nouvelles filières de collecte, continue de progresser sur celles en place. « En 2017, le taux de collecte moyen est de 66 %, en augmentation de deux points par rapport à 2016 », détaille Pierre de Lépinau, directeur général d’Adivalor. Cette progression est constatée sur tous les programmes, notamment les plus récents comme celui des emballages vides de produits d’hygiène d’élevage laitier (67 %, + 4 %). Les programmes à maturité (emballages vides de produits phytopharmaceutiques, emballages d’engrais) affichent un taux de collecte élevé de 85 %, en hausse d’un point.

Collecte et recyclage en progrès continu

« La France est aujourd’hui le seul pays d’Europe à disposer d’une organisation aussi performante, dédiée à la gestion de la fin de vie de l’ensemble des déchets agricoles. Nous démontrons ensemble que nous pouvons utiliser de façon responsable et durable, produits phytopharmaceutiques, engrais, plastiques agricoles, semences et produits d’hygiène, jusqu’à la fin de vie de ces produits », s’enthousiasme Rémi Haquin, le président d’Adivalor. Avec une mobilisation croissante, Adivalor – en accord avec le ministère de l’Agriculture – un taux de collecte moyen de 78 % et un taux de recyclage moyen de 74 % se sont fixés en 2020. Car la mission d’Adivalor, en plus d’organiser la collecte, est de développer des filières de valorisation des déchets de l’agrofourniture. Toutes les familles de déchets collectés ne présentent pas la même maturité sur cet aspect. En 2017, plus de 95 % des emballages et plastiques usagés collectés ont été recyclés dans des sites de l’Union européenne, dont 75 % en France. « La part des entreprises françaises devrait augmenter dans les prochaines années grâce au démarrage de nouvelles lignes de traitement », expliquent les sociétaires d’Adivalor dans le rapport d’activité 2017.
Ces plastiques trouvent une seconde vie dans les sacs-poubelles, les bâches pour la construction, des tubes plastiques, des gaines électriques ou encore du mobilier urbain. Autre exemple de bon taux de recyclage, celui des big-bags. 94 % des big-bags collectés sont recyclés, principalement en Pologne et en Italie. « La priorité est maintenant d’accompagner la création et le développement de nouveaux projets industriels en France », peut-on lire dans le même rapport. Cette volonté de localiser encore plus les filières de valorisation est d’ailleurs essentielle pour certaines familles de déchets aujourd’hui très bien collectées. C’est le cas des films plastique dont les 3/4 mis sur le marché en France sont ramassés dans un des 7 000 points de collecte du territoire métropolitain.

Anticiper une interdiction des films plastique

La situation du recyclage des films plastique agricole s’est dégradée en France et en Europe, s’inquiète Bernard Le Moine. « Si 98 % des plastiques agricoles français étaient recyclés il y a à peine deux ans, on devrait passer sous les 80 % en 2018, voire sous les 60 % d’ici quelques années si rien n’est fait », estime Pierre de Lépinau. En cause, la fermeture en janvier 2018 des frontières chinoises, pays qui recyclait une grande partie des films plastique mondiaux. Les usines européennes qui recyclaient les plastiques agricoles privilégient depuis lors les films industriels, plus propres que ceux de paillages agricoles.
Face à cette situation le CPA a réfléchi à des solutions : l’une d’entre elles consiste à favoriser l’utilisation de plastique recyclé. « En France, les fabricants se sont d’ores et déjà engagés à utiliser jusqu’à 25 % de granules de plastique recyclé à l’horizon 2025, souligne Bernard le Moine. L’augmentation de l’épaisseur des films de paillage est une autre solution. Des films plus épais sont nettoyables. Plus propres, ils seront acceptés dans les usines européennes. L’objectif est donc de monter un réseau pour collecter, broyer et laver ces plastiques agricoles, à l’horizon 2020. Cette initiative aura un coût pour les sociétés contributrices à Adivalor mais si rien ne bouge, le risque ultime est d’aller vers l’interdiction des plastiques agricoles. La démarche collective d’Adivalor montre depuis 2001 que les professionnels de l’agrofourniture savent être responsables. Il est donc réaliste d’annoncer : zéro plastique agricole à l’enfouissement en 2025

La société Adivalor (Agriculteurs, distributeurs, industriels, pour la valorisation des déchets agricoles) est une société privée sans but lucratif financée par ses actionnaires contributeurs (330 metteurs en marchés de produits d’agrofourniture). La collecte et la valorisation mise en place en France sont, depuis 2001, avant-gardistes en Europe. C’est en France, que les filières de collectes de déchets sont les plus variées.

« La France est aujourd’hui le seul pays d’Europe à disposer d’une organisation aussi performante », Rémi Haquin, Adivalor

Viti Les Enjeux de décembre 2018
Article paru dans Viti Les Enjeux de décembre 2018

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