Le guidage par ultrasons du tracteur Fendt 210 à l’épreuve du terrain

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Mi-juin en plein cœur de l’Anjou, la pluie n’épargne pas la région de Bouillé-Loretz. Après une semaine qui a vu s’accumuler près de 100 mm, les vignes de Nicolas Savarit, gérant du domaine de la Cerisaie, peuvent enfin accueillir l’essai du Fendt 210, équipé de l’option autoguidage pour l’occasion.

 

Si notre essayeur semble familier du tracteur qui arrive dans sa cour pour notre semaine d’essai, c’est normal. Nicolas Savarit possède déjà deux Fendt 208 sous son hangar. Mais notre tracteur d’essai est vraiment particulier. « C’est le premier tracteur Fendt spécialisé en France, équipé d’un système d’autoguidage par ultrason ! », nous explique Arnaud Loret, responsable régionale Fuse Technologies. « Il réalise un tour de France de démonstration depuis le début du printemps, afin de recueillir un maximum d’avis d’utilisateurs. Des vignobles de l’Alsace jusqu’au Bordelais, en passant par l’Anjou. »

 

Un guidage discret

Visuellement, les seules différences avec un tracteur classique se trouvent à l’avant du capot et sur le toit. « De chaque côté du capot, nous avons positionné une paire de capteurs ultrason, nous explique Arnaud Loret. Ils sont orientables, pour être en mesure de viser les fils ou les ceps l’hiver, en absence de végétation, ou alors viser simplement le feuillage dès que c’est possible. Pour réussir à capter des informations fiables, les duos de capteurs doivent se situer au moins à 40 cm de la végétation, et jusqu’à 1 mètre. Si tout cela est bien respecté, le système d’autoguidage sera alors efficace de 30 m/h à 20 km/h. Mais au-delà de 12 km/h, une perte de précision peut être observée. En effet, le guidage aura une précision de l’ordre de 2 à 5 cm jusqu’à 12 km/h, selon les conditions de portance du terrain, l’adhérence du tracteur… Enfin, sur le toit, nous avons positionné une antenne GPS, afin de capter le signal Egnos qui va nous servir pour tout ce qui touche à la documentation : savoir dans quels rangs nous sommes déjà passés, extraire les cartes pour assurer une traçabilité… »

En bout de rang ou en cas de manque, le système garde le dernier cap, jusqu’à temps que l’opérateur reprenne la main ou que la végétation revienne. © S. Billaud/ATC

Si extérieurement le système s’intègre bien au tracteur, en cabine, où la place est déjà rare, le constructeur bavarois et son partenaire Readchart ont dû réussir à loger une console Muller, qui va gérer le guidage mais aussi l’enregistrement. Mais ce n’est pas tout, il faut aussi loger deux modules ECU, car le système d’autoguidage est Isobus : « Pour ce modèle de démo, nous avons préféré un système totalement amovible. Donc les deux modules ECU se retrouvent au niveau de la fenêtre droite et peuvent gêner l’installation de console ou commandes d’outils supplémentaires, confirme Arnaud Loret. Mais dans le cas d’un tracteur vendu, il sera possible de trouver une place moins gênante pour ces deux modules, nécessaires pour le système d’autoguidage, qui fonctionne en Isobus TIM : c’est le système de détection, considéré comme un outil, qui va prendre la main sur la direction. » 

 

Un test de 30 heures dans les vignes

En cabine, le tracteur reçoit une console GPS. © S. Billaud/ATC
Une fois toutes ses explications digérées, l’heure est enfin venue d’atteler le Fendt 210 à l’effeuilleuse, outil qui demande un réglage de précision. Et donc qui pourrait être optimisé si le guidage du tracteur n’était plus géré par le conducteur, mais par la technologie ! Et dès les premiers tours de roues dans les vignes, Vincent Viernay, un des salariés du domaine de la Cerisaie, semble très à l’aise : « J’ai déjà travaillé en grandes cultures avec des systèmes de guidage, ça aide sans doute !, nous confirme le jeune chauffeur. Globalement, la seule différence avec le système que l’on connaît bien en grande culture, vient du fait que l’on doit penser à activer la prédisposition afin de pouvoir ensuite activer/désactiver le guidage. » À noter que lorsque la prédisposition est activée sur le tableau de bord, le tracteur se bride alors automatiquement à une vitesse maximale de 25 km/h, pour des raisons évidentes de sécurité. Parallèlement un nouveau dispositif vient alors se mettre en place pour favoriser les demi-tours en bout de rangs : jusqu’à 8 km/h, le nombre de tour de volant est divisé par deux pour aller de la butée gauche à la butée droite.

C’est une amélioration à prévoir pour Vincent Viarnet : pour activer le guidage, il faut appuyer sur un bouton sur le tableau  de bord, sous le volant. © S. Billaud/ATC
Une fois cette prédisposition activée, le chauffeur doit alors simplement appuyer sur un bouton dès qu’il est dans le rang, pour lancer l’autoguidage et n’avoir plus rien à faire. « Le seul point noir du système, c’est l’emplacement de ce bouton, affirme Vincent Viernay. Il se situe sous le volant, sur le tableau de bord, donc pas facilement accessible. Ce qui est dommage, c’est que l’on peut désactiver l’autoguidage, soit en tournant le volant, soit depuis la console. Mais on ne peut pas encore l’activer depuis la console. Ce serait une bonne évolution dans les mois à venir. »

Hormis cette histoire de bouton, le chauffeur qui a eu l’occasion de tester le système pendant une trentaine d’heures semble satisfait : « Les réglages sont simples et intuitifs. J’ai ajusté une seule fois la dureté du système et après je n’avais plus à le modifier. Avec l’effeuilleuse, je travaillais à une vitesse de
4 à 6 km/h, et j’ai pu constater que le système était totalement fiable. Je n’ai jamais eu à reprendre la main pour compenser une éventuelle défaillance. Même dans les vignes où il y a des manques, le système continue d’aller droit en attendant de retrouver de la végétation sur lequel il va pouvoir reprendre des informations. Ce système est réellement performant et permet de bien régler l’outil, afin de travailler aux plus près du feuillage. Après, il faut avouer que lorsque l’outil est bien réglé, le chauffeur n’a plus rien à faire, et donc le temps peut paraître long ! » 

De chaque côté du tracteur, deux capteurs ultrasons orientables sont présents.  Ce sont eux qui vont détecter les obstacles, pour assurer  le guidage. © S. Billaud/ATC

Un calcul de rentabilité peu évident

Si le dispositif semble performant et pertinent, il ne manquait plus qu’une donnée à notre essayeur pour se faire un avis définitif sur ce dispositif : le prix !

Et l’information est tombée à la fin de l’essai : il faut compter 8 200 € pour l’ensemble ultrasons avec écran (hors main-d’œuvre pour le montage), et 10 800 € (hors main-d’œuvre) pour le système complet avec l’antenne GPS.

Pour bien fonctionner, les capteurs doivent être à au moins 40 cm de la végétation, et au maximum à 1 m. © S. Billaud/ATC
« C’est la mauvaise surprise de l’essai, témoigne Nicolas Savarit. Après une semaine d’utilisation, je considère que les ultrasons seuls ne suffisent pas, il faut prendre le système complet avec l’antenne GPS, afin de pouvoir tracer sur la console les rangs où nous sommes déjà passés, ce qui pourrait être intéressant en pulvérisation de nuit par exemple. Mais au prix qui est annoncé, et en sachant que ce dispositif n’est disponible que sur des tracteurs neufs pré-équipés, cela n’est pas envisageable chez moi. Je ne vois pas comment je pourrais amortir un surcoût de l’ordre de 10 à 15 %, au moment de l’achat du tracteur. Dans nos vignes de 1,8 mètre de large, avec des tracteurs qui font 1,2 m, le chauffeur n’a pas d’autres solutions que d’aller droit, la vigne fait un couloir. Dans des vignes plus larges, ou même pour des arboriculteurs, la solution pourrait être pertinente. Mais moi, je n’arrive pas à voir comment je pourrais amortir cette solution, conclut le responsable du domaine. La solution fonctionne et est agréable, mais le prix est trop élevé pour le moment. Il faut espérer qu’il sera amené à baisser dans les années qui viennent, à l’image de ce que l’on a vu en grande culture. »

Du côté du constructeur, Olivier Leroy, responsable marketing Fendt, tient à nuancer ce coût : « Le coût de cette solution est totalement en phase avec l’autoguidage en grande culture. De plus, avec cette solution, nous atteignons une précision de type RTK, sans abonnement. »

 

 

Carte d’identité du Domaine de la Cerisaie
Nicolas Savarit, à gauche, est le gérant du domaine. Vincent Viarnet, à droite, est un des salariés. C’est lui qui a réalisé l’essentiel du travail pendant la semaine d’essai. © S. Billaud/ATC
Nicolas Savarit, gérant du domaine de la Cerisaie, exploite 50 ha de vignes, sur deux sites. Le premier se situe à Bouillé-Loretz, dans les Deux-Sèvres. Le second, distant d’une dizaine de kilomètres, se situe au Puy-Notre-Dame, dans le Maine-et-Loire. Pour l’accompagner dans son travail, il peut s’appuyer sur trois salariés permanents à temps plein. Mais il fait aussi appel à un ou deux saisonniers, selon les années.

 

 

Article paru dans Viti Leaders d'octobre 2018 

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