Des analyses de résidus de pesticides pour mieux choisir les produits utilisés à la vigne

Les analyses de résidus de pesticides dans le vin ne sont pas uniquement commanditées et utilisées par les associations anti-pesticides et par des journalistes d’investigation grand public. Des producteurs s’en servent volontairement pour contrôler leurs pratiques et pour répondre aux exigences de clients professionnels et mais aussi à celles des particuliers.

«Souhaitant faire preuve de transparence concernant son mode de culture respectueux de l’environnement et des amateurs de vin qui les soutiennent, le Clos de Vènes a fait réaliser sur ses cuvées 2016 une analyse de résidus de produits phytosanitaires sur 96 molécules par le laboratoire professionnel Dubernet. Seule une molécule a été tracée sur les 96 recherchées1. Au vu des résultats, le Clos de Vènes prouve aux consommateurs que respecter la nature et produire des vins d’une qualité exceptionnelle est possible ! » 2

Crédit photo : S.Favre/Pixel Image
« Comme les propriétaires audois du Clos de Vènes, de plus en plus d’entreprises réalisent des analyses de résidus de pesticides, évalue Vincent Bouazza, responsable des unités d’analyse fine du laboratoire Dubernet. Domaine pratiquant une agriculture biologique ou vignerons et coopératives menant des itinéraires conventionnels, ils veulent savoir si les molécules qu’ils utilisent à la vigne se retrouvent dans leurs vins et à quelle concentration. » Le type de molécules utilisées entre alors dans l’équation.

Des molécules plus ou moins traçantes

« Certaines molécules sont plus ou moins traçantes, indique Vincent Bouazza. Celles qui ne sont pas traçantes se dégradent rapidement dans l’environnement ou au cours de la vinification sans même laisser de métabolites secondaires détectables. D’autres, au contraire, parce qu’elles se dégradent plus difficilement ou parce qu’elles sont utilisées à une date proche de la vendange, vont passer dans le vin. Même utilisées en respectant les préconisations d’homologation, des substances peuvent se retrouver dans le vin fini. Néanmoins dans la quasi-totalité des cas, la concentration mesurée sera très faible et largement inférieure à celle de la limite maximale de résidus autorisée (LMR), poursuit l’expert. Depuis que nous faisons des analyses Phytobilan au laboratoire Dubernet, nous avons détecté un unique cas de dépassement de LMR. Il s’agissait d’une molécule anti-botrytis, désormais interdite. »

De manière générale, les molécules anti-botrytis sont celles qui se retrouvent le plus couramment dans les vins analysés. Dans une étude Dubernet menée sur 860 vins différents (millésimes 2012, 2013, 2014), sur les cinq molécules les plus fréquemment détectées, quatre étaient homologuées contre la pourriture grise.

« Sur les analyses de moûts, les résultats étaient différents. Le folpel était la molécule la plus souvent présente. Mais au cours de la vinification, la molécule se dégrade. Des entreprises préfèrent donc faire des analyses sur raisins afin de mieux évaluer l’impact des traitements phytosanitaires et contrôler la conformité avec la réglementation. »

C’est le cas de la cave des Vignerons de Puisseguin Lussac Saint-Émilion (33).

Des analyses sur raisins pour adapter le programme phyto

Depuis deux ans, la coopérative analyse, en plus des vins finis, les raisins des adhérents. L’objectif est d’avoir des analyses de raisins de tous les apporteurs sur un cycle de 3 ans.

Un tiers des adhérents est donc contrôlé à chaque campagne. Les raisins sont collectés à la benne, congelés et analysés pendant l’hiver.

« Un compte rendu personnalisé est fourni et commenté à chaque apporteur, explique Lydie Grandjean, responsable vignoble de la cave. En parallèle, nous faisons un point sur les résultats globaux de la coopérative. Les analyses sont coûteuses3 et elles ont soulevé beaucoup de questions en interne, mais cette transparence commerciale est désormais nécessaire auprès des acheteurs professionnels. Les analyses valident aussi les efforts mis en œuvre par la cave pour réduire le nombre de molécules détectées et leurs concentrations. Dans cette optique, nous avons par exemple adapté nos préconisations pour ne plus conseiller les molécules les plus traçantes. »

(1) La molécule est détectée par les appareils de mesure mais non quantifiable. La concentration est donc très inférieure à la limite maximale de résidu (LMR) autorisée.

(2) Extrait d’un communiqué de presse du Clos de Vènes.

(3) Une analyse Phytobilan 1 du laboratoire Dubernet sur 90 molécules coûte 79 € HT.

Le laboratoire Dubernet présente les résultats d’analyse de résidus de produits phytosanitaires avec une notation en lettre de A à D. Un vin noté triple A ne présente aucune molécule détectable par les appareils de mesure. Autre exemple : sur un vin noté B, les appareils d’analyse ont détecté trois molécules avec une concentration inférieure à 10 % de la LMR autorisée pour chacun d’entre eux.
Crédit photo : Comugnero Silvana/fotolia
Le sens des mots

Résidu : substance présente sur ou dans un produit alimentaire, suite à l’application de produits pesticides, biocides ou à l’utilisation de médicaments vétérinaires (Anses).

LMR : la limite maximale de résidus est le niveau supérieur de concentration de résidus de pesticides autorisé légalement dans les denrées alimentaires fraîches. Il existe une LMR définie pour chaque couple « matière première agricole, végétale ou animale/substance active ». Par exemple, sur le raisin, la LMR du folpel est différente de celle du glyphosate.

LMR et vin : actuellement, il n’existe pas de LMR associées au vin. Le vin étant un produit transformé, les LMR de référence sont celles autorisées pour le raisin. Ce point fait débat (cf. encadré sur les labels privés).

LMR et alimentation : les LMR sont établies de façon à rester bien en deçà des seuils toxicologiques, c’est-à-dire de manière à ce que les quantités de résidus qu’un individu est susceptible de retrouver quotidiennement dans son alimentation ne soient en aucun cas toxiques, à court et à long terme (ministère de l’Agriculture).

Trace : on parle de trace pour une molécule qui est présente à une concentration qui n’est pas significative (donc bien inférieure à la LMR). On ne peut pas par exemple savoir si cette légère présence est liée à une application ou à une contamination de voisinage par exemple.

Article paru dans Viti Leaders de juillet-août 2018.    

Viti Leaders de juillet-août 2018
  

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