Le Chateau de Manissy diversifie ses prestations oenotouristiques pour faire découvrir le rosé de Tavel

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Au château de Manissy, l’œnotourisme et la vente au caveau sont deux activités distinctes. Pour attirer des clients en quête d’originalité et de convivialité, des prestations à la demi-journée sont régulièrement organisées. Sur place, les visiteurs peuvent alors déguster une gamme bien segmentée, enrichie de cuvées haut de gamme aux profils singuliers.

Photo : Château de Manissy

Vin et yoga, le mariage est original mais comme l’explique Marilyne Garnier, copropriétaire du château de Manissy à Tavel : « Il faut se démarquer ! Nous faisons de la vente directe toute l’année du lundi au samedi. En plus du caveau, nous proposons des prestations originales. Pour l’événement Vitizen, organisé en avril dernier, nous avons travaillé en partenariat avec quatre élèves de la licence pro œnotourisme et projet culturel de l’université de Nîmes. Ces étudiantes devaient réaliser un projet en entreprise. Une balade dans les vignes commentée par Florian André, le propriétaire du domaine depuis 2003 qui est aussi mon fils, sera suivie d’une séance de yoga puis d’une dégustation des vins de la propriété et d’un pique-nique bio. C’est un concept relaxant et gourmand, axé sur l’éveil de tous les sens ! »

Des activités œnotouristiques « packagées »

L’équipe du château de Manissy est familière de ce type d’événements grand public. Depuis quelques années, l’activité œnotouristique est développée en complément de la vente directe. Stéphanie Lacca et Marilyne Garnier s’occupent particulièrement de l’organisation des journées thématiques. « Nous avons trois temps forts dans l’année. La journée assemblage qui se fait en mars depuis 2015. Essentiellement des personnes venant pour la plupart de la région s’initient au travail d’assemblage. Florian leur présente trois cépages bruts de cuve produits sur le château en rouge et en rosé. Il leur explique le concept d’assemblage qui se pratique dans les AOC régionales et ensuite chacun donne libre cours à son goût pour faire un vin rosé et un vin rouge. Avec un appareil à main, ils peuvent boucher leur création, ils personnalisent leurs étiquettes et repartent avec leurs vins après avoir profité d’un repas fait maison. Comme pour la journée yoga, les places sont limitées à une vingtaine de personnes avec un droit d’entrée de 35 euros, repas compris. »
Par la suite durant l’été, du 15 juillet au 15 août, les « jeudis gourmands » rythment la vie du domaine. L’événement payant (19 euros) qui s’adresse plutôt aux touristes se déroule dès 10 heures avec un accueil café-croissant. Les visiteurs partent ensuite avec le vigneron pour une sortie d’une heure trente dans le vignoble jusqu’à une parcelle située en haut d’une colline. Sur ce point de vue et lors de la marche, les notions de terroir, de cépage, d’agriculture biologique et biodynamique mais aussi l’histoire du domaine sont expliquées par Florian André qui tient à être le guide de ces excursions. « Lorsque le groupe revient vers midi, les touristes et toute l’équipe du château déjeunent ensemble dans le parc. La journée se clôture vers 15 heures après la visite du chai et une dégustation. Il n’est pas rare que des amitiés se créent entre les visiteurs. C’est un moment convivial pour les touristes mais aussi pour l’équipe », confie Marilyne Garnier.
Après une pause durant la période des vendanges, vient le temps du troisième événement régulier organisé par le château de Manissy : le week-end primeur. La belle étoile filante, un vin blanc nouveau revendiqué en vin de France, est présentée pour l’occasion. Pour cet événement, l’entrée est libre. « Nous offrons un concert et des huîtres aux visiteurs. Pour accompagner le repas, ils peuvent acheter du vin du domaine. Enfin, en parallèle, des artisans locaux de qualité proposent un petit marché gourmand. »
Au bilan, la vente au caveau et l’œnotourisme représentent environ 20 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. « Non seulement les activités au domaine permettent de nous distinguer des confrères mais c’est aussi un moyen d’entretenir une relation avec nos clients. Nous annonçons chaque événement par mail. Même s’ils ne se déplacent pas, ils gardent en tête le château de Manissy et parfois reviennent. » Comme ce fut le cas durant l’interview où un couple de retraités du Doubs, fidèle au domaine, est venu acheter 24 bouteilles. « Ils ont choisi une cuvée iconique du domaine. Tavel tête de cuvée est un vin rosé élevé en barrique pendant 9 mois. L’étiquette n’a presque pas changé depuis qu’une congrégation de frères missionnaires a créé le domaine. Florian a personnalisé le blason lorsque les frères lui ont remis les clés du vignoble. Cet héritage côtoie une gamme qui s’enrichit régulièrement de nouvelles créations. »

Une gamme étoffée et bien segmentée

La gamme des vins du château de Manissy s’est d’abord diversifiée en appellations. Depuis la transmission du domaine, Florian André a agrandi la surface de vigne passant de 28 à 78 ha sur lesquels quatre appellations peuvent être revendiquées : tavel, lirac, châteauneuf-du-pape et côtes-du-rhône.
Des cuvées spéciales se sont ensuite greffées au socle de la gamme comme « 100 % Manissy », un rosé « qui prend le contre-pied de la mode des rosés clairs, explique Marilyne Garnier. Avec une macération sur pellicule de 36 heures, l’extraction est très poussée avant la saignée. Cela donne un vin rosé à la couleur soutenue, la couleur originelle de Tavel, et avec un nez très aromatique, friand. La cuvée est née avec le millésime 2017. Nous avons fait une petite quantité embouteillée dans une bouteille sans épaule et avec une étiquette qui se détache totalement de la trame visuelle du reste de la gamme ».

La destinée d’une cuvée passe aussi par son nom

« Dans l’univers du vin, il y a le blanc, le rosé, le rouge et… le Tavel », revendiquent le Château de Manissy et tous les domaines de l’appellation.
« Depuis plusieurs années, la stratégie du château de Manissy est de monter en gamme », explique Florian Mathieu, responsable commercial pour la clientèle pro France et export. « À la vigne comme au chai, il y a eu beaucoup de changements en vue d’être certifié en agriculture biologique. Pour réaliser des microcuvées originales, il a aussi fallu investir. La grille tarifaire a donc augmenté et s’est aussi étirée. Les vins en AOC côtes-du-rhône sont vendus au prix public à 7 euros, les vins de Lirac commencent à 12 euros. Le châteauneuf-du-pape est proposé quant à lui à 24 euros. »
« Les évolutions qualitatives se sont enfin traduites par un rafraîchissement du packaging, continue Florian Mathieu. Sur les nouvelles étiquettes, le mot “Manissy” est mis en avant avec des jeux de taille de police, on retrouve aussi sur chaque étiquette frontale la signature de Florian André suivi du mot “vigneron”. La nouvelle ligne est plus personnelle et correspond à l’état d’esprit de Florian André qui après 15 ans à la tête du domaine a désormais l’envie de mettre son histoire en avant. »
Sur les conseils de l’équipe commerciale, le nom de certaines cuvées a aussi évolué. « Plutôt que de parler “du Tavel Classique du domaine”, nous lui avons donné un nom valorisant, explique Florian Mathieu. Ainsi le “Classique” est devenu “Trinité”. Avec cette dénomination, il y a un prétexte pour raconter une histoire, celle de l’historique religieux du domaine. »

Des cuvées originales haut de gamme

La même réflexion a été adoptée avec la cuvée spéciale « un avant-goût du paradis ». Revendiqué en AOC lirac, ce vin est issu de grappes sélectionnées, laissées sur pied 15 jours après les vendanges manuelles de parcelles de syrah et de grenache. Élevée en foudre, la cuvée en tirage limité n’est pas élaborée tous les ans. « Ce nom a aussi été choisi en rapport avec l’histoire du domaine. Les frères missionnaires ont laissé des foudres sur la propriété. Sur l’un d’entre eux, une inscription affirme que “ce vin nous donne un avant-goût de paradis”. Nous nous en sommes inspirés. Ce genre de vin haut de gamme permet de distinguer le domaine de la concurrence mais aussi tirer le prix moyen de vente vers le haut. En tant que responsable commercial, j’encourage Florian André à faire ces cuvées. Prochainement, je devrais présenter aux pros un vin rouge 2017 élevé un an dans six amphores de 160 litres. Ce dynamisme est très bien perçu notamment à l’étranger où est réalisée la moitié du chiffre d’affaires du château. À terme, nous visons 60 %. Pour réussir à l’export il faut mettre les moyens humains et financiers mais il ne faut pas perdre de vue que plus on est loin de chez soi moins la concurrence est forte sur les vins de sa région ! »
 

Article paru dans Viti Leaders de mai-juin 2018

Viti Leaders de mai-juin 2018

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