La floraison: une étape clé pour l'établissement du rendement de la vigne

Photo : Calin Stan/Fotolia

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Moment clé dans l’établissement du rendement de la vigne, le bon déroulement de la floraison dépend à la fois du climat et des éléments nutritifs à disposition.

La floraison est une étape clé dans l’établissement du rendement de la vigne. L’établissement du rendement en vigne est un phénomène complexe. Le rendement se « construit » en effet en sept étapes physiologiques sur deux années :

  1. initiation et différenciation des inflorescences (année n-1),
  2. dormance hivernale et taille (n-1, n),
  3. débourrement (n),
  4. fin de différenciation des inflorescences et formation des fleurs (n),
  5. fécondation/avortement,
  6. formation des baies,
  7. remplissage des baies.

Chaque étape se produisant à un moment-clé du développement de la vigne, et certaines étapes sont dépendantes l’une de l’autre, et constituent un facteur limitant dans l’expression de l’optimum du rendement. La floraison est une étape clé et 2017 a notamment été une forte année de coulure dans certaines régions.

Pour la phase de fécondation, une fois que le pollen est au niveau du pistil, son bon déroulement dépend d’une part de la température mais aussi des éléments nutritifs  à disposition. Photo : Romanea/Fotolia

Thierry Dufourcq de l’IFV rappelle que lors de la phase de floraison, deux événements distincts se produisent : la pollinisation et la fécondation. La pollinisation est influencée par les conditions climatiques. En cas de pluie notamment, les capuchons floraux peuvent rester collés et entraîner un avortement des fleurs. Pour la phase de fécondation, une fois que le pollen est au niveau du pistil, son bon déroulement dépend d’une part de la température mais aussi des éléments nutritifs à disposition. Il peut y avoir à ce moment-là une compétition pour l’azote, liée à la croissance de la vigne. À la floraison, la vigne devient autotrophe, elle passe de ses propres réserves de C et de N à la photosynthèse.

C’est d’ailleurs ce qui explique que certains cépages sont « coulards » ils présentent généralement un décalage dans la mobilisation des nutriments vers la photosynthèse.
Il y a donc possibilité d’une certaine influence des pratiques culturales sur cette composante du rendement.

L’écimage par exemple, réalisé au moment de la floraison, bloque la phase de croissance de la vigne et réoriente les éléments nutritifs vers la floraison.

Capacité de compensation

L’IFV mène actuellement des expérimentations sur cette thématique du maintien du rendement.

Nous testons des applications de formulations fertilisantes complètes (comprenant NPK, mais aussi des oligoéléments comme le bore, le manganèse, le magnésium, etc.) au moment de la floraison pour favoriser le bon déroulement de la nouaison. La vigne en elle-même a rarement des carences, mais tout ce qui est carence en éléments nutritifs peut être préjudiciable à la germination et à la croissance du pollen, et par conséquent à la fécondation.

Les essais, débutés en 2017 avec des formulations comportant uniquement des micro-éléments, sont poursuivis en 2018, avec des formulations associant micro-éléments et NPK.

Ce sont des pratiques qui se font au vignoble – notamment l’ajout de bore et de manganèse – mais sans que l’on ait beaucoup de données pour juger de leur efficacité. Mais le rendement ne dépend pas uniquement du taux de nouaison, rappelle Thierry Dufourcq. C’est une partie de l’équation, mais souvent la vigne est capable de compenser : on observe généralement moins d’avortement sur les grappes comprenant peu de boutons floraux que sur celles qui en présentent beaucoup.

Vaucluse
Bore et écimage en test

La chambre d’agriculture de Vaucluse a suivi en 2017 – année à forte coulure sur syrah et grenache – un certain nombre d’essais mis en place par des viticulteurs sur cette thématique. Deux approches ont été testées : des applications de bore aux alentours de la floraison, ainsi que différentes dates d’écimage. Entre 30 et 50 ceps par modalités ont été pesés à la récolte, avec le nombre de grappes par cep et le poids de récolte par cep.
Pour les ajouts de bore (six parcelles suivies), trois applications de produits commerciaux à base de bore ont été réalisées : la première vers le stade début floraison, la deuxième vers 25 % de floraison et la troisième à mi-floraison. Sur cette thématique, aucun effet positif systématique de trois applications de bore n’a été observé.
Concernant l’impact de l’écimage sur la coulure, l’effet est en revanche plus tranché. L’écimage a lieu à mi-floraison et a été comparé à une modalité témoin, soit non écimée soit écimée post-floraison. « Un écimage à la floraison a permis dans huit de nos neuf parcelles d’études d’améliorer la production de 20 % en moyenne. Des différences sensibles entre les parcelles ont été observées avec des gains de 8 % à +82 % », indique la chambre d’agriculture du Vaucluse.
À noter qu’en complément de ces essais, certains viticulteurs ayant des vignes touchées par le court noué et régulièrement coulardes ont mis en place une taille très tardive (fin mars-début avril soit après le débourrement). Les effets de cette pratique ont également été mesurés : dans les conditions de l’année 2017, une taille tardive a été particulièrement efficace pour lutter contre la coulure et augmenter les rendements (progression moyenne de 115 % du poids de récolte).

Bourgogne
Réaliser idéalement le premier écimage vers la mi-floraison

En Bourgogne, le Vinipôle Sud Bourgogne (Davayé, Saône-et-Loire) a mené des expérimentations sur le taux de nouaison pendant trois ans sur cépage chardonnay, en faisant varier la date d’écimage. « Comme dans la littérature, nous avons retrouvé une tendance, indique Jocelyn Dureuil, du Vinipôle Sud Bourgogne. Le premier écimage peut favoriser les baies et limiter la coulure, en limitant la concurrence entre les deux phénomènes : la croissance de l’apex et la nouaison des baies. Sur le terrain, ce n’est cependant pas une option technique “facile”, car la plupart du temps, le positionnement de ce passage est décidé en fonction des conditions climatiques, mais quand c’est possible, sur les parcelles les plus sensibles à la coulure, il est préférable de réaliser le premier écimage vers la mi-floraison, plutôt que trop tôt (moins de 25 % de floraison) ou trop tard. Cette approche est à raisonner à la parcelle en ciblant les vignes les moins productives. À noter que sur les parcelles touchées par le court noué, la vigne pousse moins, et cela décale la date de rognage. »

Article paru dans Viti Leaders de mai-juin 2018

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