Cépage local, cépages résistants, liberté d’entreprendre : bienvenu au Chateau Ksara !

C’est depuis le Liban que je vais tenir un journal de bord retraçant la vie du domaine sur lequel je travaille. Je m’appelle James Palgé et je suis arrivé au Liban il y a maintenant 25 ans. Après une première expérience professionnelle enrichissante au château Prieuré Lichine, un grand cru classé de margaux j’ai eu envie de travailler hors de France ; à l’époque, la réglementation était tellement rigide.

À la sortie de la guerre du Liban, les propriétaires actuels du château Ksara, le plus ancien domaine viticole du pays fondé par les pères jésuites en 1857, cherchaient un œnologue. Ma candidature a été retenue et désormais je gère en plus toutes les décisions relatives à la vigne et aux vins.


Plus de 400 ha de vignes

Chateau Ksara au Liban
Attardons-nous dans un premier temps sur le vignoble ; il s’étend sur 437 ha sur un plateau d’altitude où les vignes sont plantées entre 900 et 1 400 mètres. C’est un vignoble de montagne en zone méditerranéenne. Il pleut et neige de mi-novembre à début avril, puis ensuite plus aucune précipitation pendant 6 mois.
De fait la pression parasitaire est très faible ; il y a juste un peu d’oïdium au printemps que nous contrôlons avec des poudrages au soufre.
Côté entretien du sol, le désherbage est mécanique.

Les faibles précipitations printanières et estivales ont aussi leurs inconvénients. Il faut gérer le stress hydrique, éviter les blocages de maturité et agir pour avoir un équilibre acidité/sucre satisfaisant. L’un des leviers mis en place au château est l’irrigation. Presque toutes les vignes sont irriguées. Cela ne nous a pas empêché de perdre 40 % de récolte en 2017. L’année a été catastrophique. Les températures sont descendues jusqu’à - 17 °C durant l’hiver. Ce n’était jamais arrivé avant ! À ce gel s’est rajouté un été caniculaire avec des températures supérieures à 37 °C pendant un mois. On passe d’un extrême à l’autre.

Les vignes du chateau Ksara

Irriguer peu souvent mais de manière significative

L’année 2018 ne semble pas partie pour être plus simple que 2017. Nous manquons de pluie. Ce n’est donc certainement pas cette année que le niveau des nappes va remonter... Nous devons forer de plus en plus bas pour trouver de l’eau : 90 m avant, 120 m maintenant.

Pour utiliser cette eau, comme je le mentionnais plus haut, nous avons équipé le vignoble de l’irrigation : goutte-à-goutte ou aspersion. Des sondes mesurant l’humidité du sol à 60, 90 et 120 cm nous permettent de gérer les apports. Nous en faisons entre un et trois, selon les parcelles et l’année, de 30 à 40 mm sur 24 à 48 heures. Cette stratégie permet d'éviter l’enracinement superficiel et donne de meilleurs résultats que les autres méthodes testées par le passé.
 

Nous testons les cépages résistant au froid

Vue la situation actuelle, il va aussi falloir être très vigilant sur les besoins en eau des plantiers mis en place ces dernières semaines : de l’eau le jour de la plantation et 15 jours après avec l’asperseur. Nous avons choisi des cépages interspécifiques de notre pépiniéristes habituel : l’italien VCR.

Le cabernet volos et le sauvignon ritos sont sélectionnés pour résister au froid, jusqu’à - 24 °C a priori, au mildiou et à l’oïdium. C’est la résistance au gel qui m’intéresse, car le mildiou est inexistant et l’oïdium facilement gérable. Ces 3 ha de cépages hybrides sont les premiers sur le domaine qui comptait jusqu’à présent 29 cépages différents. D’ici quelques années, on pourra dire 32 cépages. Car en parallèle des cépages résistants, je me suis intéressé à un cépage blanc autochtone du Liban : le merwah.
 

Le merwah, un cépage autochtone bientôt en bouteille

Vin à base du cépage local du liban, le  Merwah, élaboré au chateau Ksara
Les sélections massales sont en cours mais le château Ksara va, dès cette année, proposer un vin issu de cette variété qui n’est plus produite que dans un seul village. Pour sécuriser nos approvisionnements, nous réfléchissons donc à mettre en place des contrats pluriannuels avec les producteurs. Nous sommes les premiers à faire un vin de merwah en monocépage.

Les domaines concurrents, eux aussi en recherche de cépages autochtones très prisés en ce moment par les acheteurs, ce sont tournés vers l’obeidi. C’est le cépage servant à l’élaboration de l’arack, un alcool typique du Liban. Le vin est distillé puis coupé avec de l’anis vert frais de Syrie. Après une seconde distillation, la boisson se rapproche de l’ouzo grec. L’obeidi à l’avantage d’être local et répandu, mais il est peu aromatique et avec un degré alcoolique faible.

Le merwah me semble bien plus intéressant pour la vinification. Les premières dégustations faîtes avec nos acheteurs anglais se sont très bien passées. Ils ont aimé ce vin sec, aromatique que l’on ne trouve qu’au Liban et qu’au Château Ksara en plus ! »

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