Le Printemps des champagnes: fédérer la diversité

Le groupe Terres et vins de Champagne au palais du Tau à Reims durant le printemps des champagnes (DL)

23 groupes de vignerons champenois accueillaient tout ce que le monde du vin compte de sommeliers, cavistes, journalistes, blogueurs… Ça se passait à Reims la semaine dernière dans un esprit respectueux de la diversité des terroirs et des vignerons. Le succès du Printemps des champagnes va grandissant depuis 2009.
 

Il faut remonter à 2009 quand un groupe de vignerons champenois emmenés notamment par Mélanie et Benoît Tarlant, à Œuilly dans la Vallée de la Marne, se sont lancés dans la présentation au grand public des vins clairs, c’est-à-dire des vins avant prise de mousse. Une première à l'époque : les vins clairs sans la rectification gustative que constitue le dégorgement, est un gage de transparence face aux prescripteurs.

Le succès de la première édition du groupe Terres et vins de Champagne a été tel que l’idée a rapidement fait son chemin chez d’autres vignerons champenois qui se sont regroupés par affinité et identité de vision du métier. Aujourd’hui, pas moins de 23 groupes sont identifiés et actifs en Champagne. Ils se sont fédérés pour organiser 23 salons à la même date et dans toute la Champagne, mais essentiellement à Reims. Car si la capitale institutionnelle des champagnes est Épernay, il est entendu en Champagne que Reims est une capitale de la représentation des champagnes : le lieu où se déroulent ces dégustations d’envergure. 

Le salon Trait d'union se tenait dans le chai de Sophie et Pierre Larmandier à Vertus (DL)

Différents mais unis 

L’outil fédérateur du Printemps des champagnes, appelé aussi la Champagne’s week, est une simple plateforme Internet sur laquelle sont centralisées toutes les informations des Salons et bien sûr les dates concentrées sur 4-5 journées. Mais chaque association de vignerons organise son événement indépendamment des autres.

Le groupe initiateur Terres et vins de Champagne a tenu à l’identité de l’événement et néanmoins fixé quelques conditions pour qu’un autre groupe puisse faire figurer son Salon sur l’agenda commun. Benoît Tarlant les détaille :

Il faut obligatoirement proposer au minimum une demi-journée de dégustation, il faut présenter des vins clairs et pas que des champagnes dégorgés, il n’est pas possible de vendre du vin à cette occasion, et la dégustation doit se tenir dans un lieu emblématique.


De nouveaux groupes de vignerons se créent chaque année

À chaque nouvelle édition se greffent de nouveaux groupes, ils étaient 16 en 2017, ils étaient 22 en 2018 plus le groupe Trait d'Union qui ne figure pas sur la liste commune, car son événement se passe dans l'un des domaines des membres. Et se greffe de nouveaux événements "off" dont la vocation n’est pas de concurrencer les Salons, mais plutôt d’attirer plus largement le public du champagne.

Ainsi en amont du Printemps des champagnes, le directeur des Crayères, Hervé Fort, entouré par Philippe Jamesse, le sommelier Philippe Mille, a sur son initiative invité "un maximum de vignerons, directeurs et chefs de caves de maisons de champagne". Philippe Jamesse s’exprime chez notre confrère de La Marne Agricole :

Chaque édition fait grandir l’événement, qui comprend plusieurs symboliques. Au début, avec Phillipe Mille, on souhaitait souligner le Printemps des Champagnes qui arrive, et s’inscrire en amont, un peu comme un bal d’ouverture, pour dire que la Champagne ouvre ses portes à ses clients.

Difficile d’évaluer le nombre de visiteurs que drainent ces Salons. Toujours est-il que lundi 16 avril, le palais du Tau, adossé à la cathédrale de Reims, n’a jamais désempli. Il accueillait 23 vignerons de Terre et vins de Champagne. Même scénario à quelques encablures pour Des pieds et des mains, dans les Salons feutrés de l’hôtel Ponsardin. La veille, Bulle et bio, au Manège de Reims, une salle de spectacle, a accueilli plus de 600 visiteurs.


Mettre en avant la patte de chaque vigneron, tous Champenois

Qu’est-ce qui motive les vignerons champenois ? Prenons l’exemple de Benoît Tarlant qui proposait trois cuvées : Argilité, vinifiée en amphore, La Vigne d’antant, issue de pieds non greffés, et L’Étincelante, un brut nature.
 

Chaque vigneron affirme son identité par des pratiques qui le distinguent : Le petit meslier pour Aurélien et Thierry Laherte, Solera 9712 pour Fabrice Pouillon, Notre Dame, du meunier vinifié en Kvévri encore pour Benoît Tarlant, Les barres, un meunier franc de pied pour Alexandre Chartogne. Continuons au Salon des Pieds et des mains : Blanc sous le cerisier, une cuvée d’arbanne, petit meslier, pinot blanc chardonnay pour Thomas Perseval, planteur d’arbres dans les vignes, Bois des Jadots pour Yann Vadin-Plateau, une cuvée tirée sur liège, et Ovalie, élevée en cuve ovoïde et tirée liège. Citons encore Aurélien Lurquin : toute son exploitation est travaillée au cheval. Ce viticulteur fait plus de coteaux champenois (vins tranquilles) que de champagne…

Le bouchage fil et ciré de Françoise Bedel, pionnière de la biodynamie en Champagne, suite à la rencontre de François Bouchet et Marc Kreydenweiss (DL)

En Champagne, il n’y a pas de possibilité d’être rétrogradé en vin de France. La seule destination d’un vin non agréé est la chaudière. Alors qu’est-ce qui pousse toute cette jeune génération et autant de vignerons à s’essayer dans des pratiques nouvelles?  La recherche d’identité et d’affirmation de style.
Il y a le cadre strict de l'élaboration et chacun y ajoute ses pratiques identitaires, du pressurage au dégorgement, sans déroger au cadre. Comme d’ailleurs chacune des grandes maisons qui ont aussi des pratiques identitaires et qui ont construit leur renommée : le récemment dégorgé pour Bollinger, l’élevage en fût pour Krug, etc. Chez les récoltants manipulants, c’est Anselme Sélosse (Groupe Trait-d'Union) qui a lancé le mouvement avec entre autres ses solera. Et d’autres cuvées. Là, c’est une méthode ancestrale bidulée, puis dégorgée, qui fait débat et n’a pas le droit d’être vendue sous aucune dénomination, pas même en vin de France. Qu’importe, le vin était présenté au Salon Trait d’Union, qui se tenait cette année au domaine Larmandier-Bernier à Vertus, aux cotés des maisons Égly-Ouriet, Jacquesson, Roger Coulon. Là même ou Sophie et Pierre Larmandier ont essayé cette année des macérations en amphore.

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