Les outils pour la complantation de vigne

À cause des maladies du bois, de la flavescence dorée ou bien encore des lames interceps mal réglées blessant les ceps, des pieds sont à enlever au sein de parcelles en production. Pour maintenir le potentiel de production, la complantation est parfois envisagée. Pour arracher et replanter de jeunes pieds dans une vigne déjà en place, des outils sont disponibles. Tour d’horizon de quelques solutions.

Des tarières à vrille vigneronne se trouvent  à partir de 4 000 euros.  Ici, une tarière de la marque Rabaud (85). De nombreuses Cuma ont investi en collectif dans des tarières. Crédit photo : Rabaud
La complantation ou entreplantation consiste à remplacer un pied de vigne mort ou malade par un jeune plant. Cette opération ne peut se faire que si le pied improductif est préalablement arraché. Plusieurs techniques co-existent. L’outil utilisé devra être adapté à la situation de l’exploitation et à ses contraintes : coût, main-d’œuvre disponible, solidité du bois des souches à arracher, largeur de la vigne, présence de maladies transmissibles via les résidus racinaires, volonté ou non de ne pas perturber le sol... Enfin, quelle que soit la méthode d’arrachage, l’opération doit être effectuée sur un sol ressuyé (ni trop sec ni trop humide). Le travail avec une chaîne est certainement la technique demandant le moins d’investissement en matériel. La méthode est en revanche assez chronophage. Pour éviter que le pied ne se casse avant que le système racinaire sorte de terre, mieux vaut utiliser une force de relevage plutôt que de compter sur la force d’avancement du tracteur. Des constructeurs comme Rabaud ou Boisselet proposent des tarières vigneronnes qui, en plus de faire un trou, peuvent être utilisées pour arracher le pied. Daniel Genelot, prestataire de travaux viticoles en Côte-d’Or utilise cette technique « 2 en 1 » avec une tarière hydraulique Boisselet TAC 450 montée à l’avant sur un tracteur enjambeur. « Je commence mon trou à 50 cm du pied à arracher, ce qui correspond au milieu du rang dans les vignes bourguignonnes plantées à 10 000 pieds/ha. En même temps que la vrille s’enfonce dans le sol, je la fais se rapprocher du pied. De cette façon, la vrille vigneronne passe sous le système racinaire. En remontant la colonne, la souche et la plupart des racines sont extirpées du sol. »


L’arrache-cep distribué par Idraco est au prix catalogue de 3 214 € HT. L’option tarière est fixée à 1 411 € HT. Un modèle pour vigne étroite est disponible.  Crédit photo : Idraco
Des pinces arrache-ceps

Bien retirer les racines est capital. En cas de symptômes de court-noué, de pourridié et de flavescence dorée notamment, l’extraction des racines doit être la plus parfaite possible. Pour ceux qui estiment que la tarière n’offre pas d’assez bons résultats sur ce point, il est possible de se reporter sur un arrachage au godet. Un godet griffe perturbera au minimum la structure du sol (voir témoignage du Domaine Julien de l’Embisque en encadré). Des entreprises proposent aussi des pinces arracheuses. Idraco (groupe Podia) distribue, par exemple, depuis 2014 un arrache-cep qui s’attelle à l’avant ou à l’arrière des tracteurs. Un vérin hydraulique permet de déporter la pince pour atteindre le cep. Un autre actionne l’ouverture et la fermeture des mâchoires crantées en acier galvanisé. L’arrachage se fait grâce à la puissance de relevage du tracteur. En option, Idraco propose un système avec une tarière intégrée. L’arrachage du cep et le trou de complantation se font alors avec un même outil.

De l
Le plantoir manuel Plavi coûte 229 € HT. Un autre modèle a été imaginé pour planter des pieds avec de petites mottes. Crédit photo : inco
’arrachage à la plantation

Côté plantation, faisons un focus sur deux outils, très différents. Fabriqué dans l’Hérault, le plantoir Plavi de la société Inco a été imaginé par Benjamin Clavel pour faciliter la complantation de plants greffés-soudés avec racines. « Le plantoir manuel fonctionne sans forcer et avec tout type de terrain à condition que le sol soit préalablement travaillé, avec une tarière ou un godet », explique le concepteur. Les plants standards (30 cm de tige) ou longs (60-70 cm) sont adaptés au système composé de deux mâchoires articulées en acier. « J’ai pensé ce plantoir pour que les racines soient bien placées dans la terre. Elles ne remontent pas, une fois le pied mis en terre dans le trou de complantation. C’est un système simple et robuste. Les pièces sont changeables et le tout est garanti 2 ans. »

 

{{VIDEO:3}}


Plusieurs montages pour la complanteuse NR-Inov

Plus sophistiquée et totalement mécanisée, la complanteuse NR 120 de la société NR-Inov (84) permet de planter des plants en racines longues ou en pots. Pensée par Nicolas Rogier, la complanteuse peut s’adapter sur une mini-pelle, sur l’avant d’un tracteur équipé d’un châssis ou entre les roues en montage latéral. Les deux premiers montages permettent de complanter sur deux rangs sans changer de rangée . Le montage entre les roues donne quant à lui l’avantage de pouvoir travailler seul ; le chauffeur peut alimenter de son poste de cabine la complanteuse en plants. Côté conception, la complanteuse NR 120 est constituée d’un tube creux dans lequel est disposé le plant retenu par un trépan équipé de huit pointes. À la remontée, deux lames de décompaction s’ouvrent afin de former un trou de 45 cm de diamètre et éviter le lissage de la paroi, selon le constructeur. Le plant est déposé dans le sol en même temps que de l’eau (entre 2 et 8 litres selon les réglages). Pour un montage sur mini-pelle, la complanteuse NR-Inov est proposée à un prix catalogue de 15 890 € HT. Des prestataires se sont équipés de l’outil (TR Conseil, Viti Terrassement Concep...).

De jeunes plants en concurrence avant la vigne en place

Quelle que soit la technique privilégiée pour planter les plants de vignes, le taux de réussite de la complantation dépend fortement du soin apporté aux jeunes pieds dans les premières années. L’arrosage est indispensable. Selon des suivis réalisés par l’interprofession des vins de Bourgogne, le temps nécessaire au complant pour atteindre son potentiel de production est de 9 ans !
Avant de vous lancer dans la complantation, vous pouvez envisager d’autres solutions pour maintenir le potentiel de production de votre vigne. Sur des pieds touchés par l’esca ou le BDA, le curetage peut être pratiqué dès les premiers symptômes. La technique consiste à enlever la partie du cep atteinte par le champignon qui excrète les toxines : l’amadou. Autre alternative : le surgreffage d’un nouveau greffon. Avec ces deux techniques, le pied est « régénéré » en partant d’un système racinaire établi. Le retour au potentiel de production est beaucoup plus rapide qu’avec une complantation, pensez-y ! Des formations se montent de plus en plus et vous pouvez voir sur notre site Internet, www.mon-viti.com, des vidéos où François Dal de la Sicavac montre comment mettre en œuvre ces techniques.

Complantation
Il utilise un godet griffe pour arracher les pieds de vigne
CRÉDIT PHOTO : Domaine Julien de l’Embisque
Pour l’arrachage des ceps morts dans des vignes palissées et afin de préparer au mieux la complantation prévue au printemps, Thierry et Fabien Gaïde, du domaine Julien de l’Embisque (AOC suze-la-rousse, Vaucluse) utilisent depuis peu une mini-pelle dotée d’un godet griffe auto-construit. « Pour l’arrachage des vieux ceps ou des ceps morts, nous utilisions auparavant une mini-pelle, dotée d’un godet classique d’une largueur de 400 mm. L’inconvénient était, d’une part que l’on retirait une grosse motte dans laquelle les racines étaient insérées ; d’autre part, le lissage des parois formait une zone peu favorable au passage et au développement ultérieur des racines des jeunes plants. Nous avons donc conçu un système qui permet, en une seule opération, d’arracher le cep, d’extirper les racines de la terre et d’ameublir le sol en vue de la plantation, explique Fabien Gaïde. Il s’agit d’un godet auto-construit par mon père. Un godet-bêche en quelque sorte. »
Une construction technique
Des dents de godets clavetés avec porte-dents à souder ont été nécessaires pour la réalisation de ce montage. Par la suite, il a fallu prendre de la tôle de 30 mm et découper au plasma la courbure des dents à l’aide d’un patron. Après avoir positionné les dents avec leur écartement nécessaire, le raccordement de ces dernières a pu être fait sur l’accroche automatique de la mini-pelle.
Un rondin de 100 mm a été nécessaire pour la liaison principale avec l’accroche automatique, et du rondin plein de 30 mm a été utilisé pour consolider la tenue des dents sur leur longueur. « Le plus difficile a été de bien positionner l’alignement des porte-dents car les clavettes de tenue des dents ne peuvent s’enlever que d’un côté. Le godet-bêche obtenu est plus large que le godet classique précédemment utilisé : il fait 500 mm. »
« Autrefois il fallait, de plus, s’y reprendre à plusieurs fois, et il ne fallait pas que la terre soit trop humide car alors les racines étaient très difficiles à dissocier de la terre. Ce godet-bêche plus large permet donc de gagner en efficacité sur tous les plans. Qui plus est, les dents escamotables peuvent se remplacer facilement. »
Thierry et Fabien Gaïde ont également construit un container fixé sur la barre de nivelage de la mini-pelle : il permet ainsi de stocker les pieds arrachés et évite de revenir sur la parcelle. CRÉDIT PHOTO : Domaine Julien de l’Embisque

Arracher sans bouger la terre
L’outil conçu en 2017, a commencé à être utilisé en octobre, avec un résultat plus que satisfaisant. « Il permet de décompacter la terre, sans déplacement de volume de cette dernière. Il suffit de secouer un peu le godet pour éliminer la terre et n’avoir plus que le cep et les racines de ce dernier. La terre est très ameublie et prête pour la plantation prévue au printemps De plus, nous pouvons positionner des plants avec racines semi-longues, complète Fabien Gaïde. Sur une parcelle de 1,5 ha à 4 500 pieds/ha, il manquait 1 000 pieds et notre binôme a mis 5 jours pour faire tous les trous. Lorsque le sol est sableux, deux coups de godet suffisent, alors que dans les sols plus argileux, le double est nécessaire. Au final, l’opération est plus rapide qu’avec un godet classique et bien plus efficace. »
E. T.

Article paru dans Viti Leaders de janvier 2018

Matériel

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15