Parcelles viticoles en pente : comment transformer le surcoût en atout ?

La moitié du domaine des frères Berthollier est constitué de parcelles en pentes, comme ici dans l’appellation chignin-bergeron. © I. Aubert/Pixel image

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Installé à Chignin, le Domaine de la famille Berthollier est constitué de parcelles en pente pour la moitié de sa surface. Depuis 2010, Denis et Didier ont choisi de travailler sans désherbage chimique. Grâce à un contact direct avec leurs clients, ils peuvent valoriser le surcoût lié à la pente. 

 

«Quand il fait 35 °C, en plein été, et que vous emmenez vos clients dans vos parcelles faire un petit dénivelé de 100 m en cinq minutes, ils comprennent vite ce que cela signifie de travailler dans ces conditions ! » Denis Berthollier est vigneron à Chignin (Savoie), avec son frère, Didier. Leur domaine « La Combe des Grand’Vignes » compte un peu plus de 10 ha, avec la volonté de se stabiliser entre 11 et 12 ha à l’avenir. Les pentes représentent actuellement 50 % de la surface, pour 45 % de la récolte, surtout en AOP chignin-bergeron. 

 

Arrêt total des herbicides

Entre 2000 et 2002, les deux frères ont souhaité s’agrandir pour produire cette appellation porteuse. Ils ont donc planté 2,7 ha sur les coteaux, persuadés que ces terroirs sont sources de grands vins. Leur objectif ? Produire des vins d’exception, valorisés en conséquence. Ils ont donc commencé par préparer le sol sans trop le déstructurer. Puis, « nous avons choisi de planter en échalas et selon les courbes de niveau, pour éviter de favoriser l’érosion et le chemin d’écoulement de l’eau », explique le vigneron. La hauteur de rognage a été augmentée par rapport aux pratiques locales courantes, afin d’obtenir des surfaces foliaires suffisantes pour arriver à la maturité recherchée. Le porte-greffe dominant est le 3309, avec un peu de SO4 et de Gravesac.

Didier et Denis Berthollier ont choisi de replanter les pentes avec des échalas et selon les courbes de niveau, pour éviter de favoriser l’érosion. © I. Aubert/Pixel image

L’entretien du sol, sujet épineux pour les parcelles en pente, était tout d’abord réalisé par désherbage chimique. Mais depuis 2010, les vignerons ont intégré un groupe Ecophyto et choisi d’arrêter totalement les herbicides. « Nous avons eu de grosses repousses d’herbe, notamment des plantes hautes, avec un système racinaire pivot, mais au bout de trois à cinq ans, des équilibres se recréent avec des petites plantes, qui contiennent les plantes hautes », témoigne Denis Berthollier. Malgré tout, « par moments, selon la pluviométrie, la vigne est vraiment tapissée ». Vu la pente, les coteaux sont entretenus uniquement par fauchage

 

100 % en vente directe

Après deux bonnes récoltes entre 2011 et 2012, les vignerons ont réduit la fertilisation, passant de 35 unités d’azote organique apportées chaque année à 15 unités. Mais peut-être était-ce trop tôt, car 2013, 2014 et 2015 ont été de petites récoltes. L’objectif de rendement était de 10 à 15 % en dessous du rendement de l’appellation qui varie entre 67 à 69 hl/ha. Mais, avec les accidents climatiques, il a pu y avoir des baisses de rendement de 20 à 25 %. Or chaque point perdu coûte cher dans la rentabilité finale, souligne le vigneron.

En Savoie, les sols des pentes sont souvent issus d’éboulis calcaires. © I. Aubert/Pixel image

Le domaine vend 100 % de ses vins en direct, auprès de cavistes, restaurants, à l’export. « Ce sont des gens avec qui nous avons des relations, que nous pouvons emmener voir nos parcelles, insiste Denis Berthollier. Ce contact direct est essentiel, car c’est la seule manière de faire comprendre ce que travailler des pentes signifie. » Seule exception : le site Internet. Créé dès la fin des années 1990, ce site a été financé par le budget qui était auparavant consacré aux foires qui ne remportaient pas le succès espéré. Le site a évolué en boutique, avec possibilité d’acheter directement les vins. « Les ventes par ce biais stagnent, mais c’est vraiment une vitrine importante, souligne le vigneron, car cela nous amène des contacts avec des clients locaux, et surtout avec des clients que nous n’aurions jamais touchés, comme un importateur américain, suédois… »

 

Témoignage recueilli lors des Entretiens du Beaujolais 2017, organisés par l’IFV-Sicarex Beaujolais et consacrés à la viticulture en coteaux. 

 

Changement climatique : l’altitude, une réponse possible
Si la progression des vignes vers le Nord a souvent été évoquée pour contrer le réchauffement climatique, grimper dans les pentes peut aussi être une solution. « Il peut parfois y avoir 2 °C d’écart de température entre un haut et un bas de coteau », explique Hervé Plagnol, chercheur au CNRS, qui étudie la variabilité spatiale du climat. Or 2 °C, c’est la hausse minimale de la température annoncée par les experts du Giec (Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) à l’horizon 2050. La viticulture de coteau peut donc représenter une des réponses possibles à ce phénomène, si l’évolution climatique reste limitée.

 

Article paru dans Viti Leaders de janvier 2018

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