« Une classification des pulvérisateurs sera proposée en 2018 »

La vigne artificielle EvaSpray Viti permet de simuler une vigne palissée à plusieurs stades de végétation et de noter la qualité  de pulvérisation des équipements testés. Photos : DR

Cet article de Viti Leaders de mai/juin 2017 vous est proposé gratuitement et dans son intégralité. Bonne lecture ! Pour vous abonner, RV sur notre e-kiosque.

Une bonne qualité de pulvérisation passe par du matériel performant. Encore faut-il savoir quels pulvérisateurs le sont. C’est ce que mesurent les membres de l’UMT EcoTechViti. Sébastien Codis, ingénieur IFV, détaille l’avancée des travaux et comment les résultats vont se traduire prochainement en indicateurs concrets.

En 2013, on découvrait la vigne artificielle EvaSpray Viti, pensée pour comparer la qualité de pulvérisation des pulvérisateurs. Que ressort-il de ces 4 années d’essais ?
Sébastien Codis :
Le banc d’essai EvaSpray Viti a permis de tester plus de 30 pulvérisateurs sur une vigne artificielle au développement très similaire à celui d’une vigne palissée. Grâce à des collecteurs en plastique mimant les feuilles, il nous est possible de mesurer la qualité de répartition de bouillie et la quantité de produits déposée et cela sur 3 stades : début, milieu et pleine végétation. Pour chaque pulvérisateur testé, nous pouvons donc désormais associer une qualité de pulvérisation. Les résultats sont très hétérogènes d’un matériel à un autre mais aussi pour un même pulvérisateur, selon les réglages1 mis en œuvre (nombre de rangs traités par passage, type de buses utilisé...). Fort de ces résultats, l’étape suivante est de proposer une classification des pulvérisateurs en 2018.

Soumettre les pulvérisateurs à la classification sera-t-il une obligation pour les constructeurs ?
S. C. :
Les parties prenantes discutent plutôt d’un dispositif volontaire. L’idée est d’aiguiller les viticulteurs dans le choix de leur matériel en leur donnant une information objective sur la qualité de pulvérisation permise par le pulvérisateur. À terme, la classification pourrait également servir à diriger les aides destinées à l’achat de matériels comme celles relatives au PCAE ou à Écophyto. Seuls les pulvérisateurs les plus performants seraient alors éligibles.

L’UMT EcoTechViti travaille sur une classification des pulvérisateurs en quatre classes de performance. La labellisation serait basée sur la capacité des appareils à permettre des économies de produits phytosanitaires. Chaque appareil serait comparé aux performances moyennes des pulvérisateurs à voûte pneumatique utilisés pour traiter deux rangs,  aux stades début, milieu  et pleine végétation.  Voici à quoi la classification pourrait ressembler.

Il existe actuellement une liste de pulvérisateurs dont l’utilisation permet de réduire la largeur des ZNT à 5 mètres. Cette liste va-t-elle disparaître avec l’arrivée de la labellisation ?
S. C. :
La classification des pulvérisateurs en 4 classes est basée sur la quantité moyenne de produit déposée par unité de surface sur le feuillage. Elle s’exprime en nanogramme de produit par dm² de végétation. La liste, quant à elle, concerne la dérive, c’est-à-dire la fraction de produit qui n’atteint pas la végétation. Ces deux indicateurs sont différents. L’arrêté du 12 septembre 2006 offre la possibilité d’inscrire, à titre provisoire, des pulvérisateurs pour lesquels on présume que le risque de dérive est divisé par trois. Les équipements ont été inscrits à dire d’experts. Seules les technologies et configurations les plus performantes ont été retenues (pulvérisateurs face par face à jet porté équipés de buses à injection d’air et panneaux récupérateurs à jet porté équipés de buses à injection d’air). La mise en route du projet Éole Drift va permettre de caractériser finement le niveau de dérive des différents appareils.

Pouvez-vous décrire le projet Éole Drift ?
S. C. :
L’idée est de s’affranchir des conditions naturelles de vent en construisant un mur de ventilateurs. Associé à la vigne artificielle EvaSpray Viti, nous allons comparer les pulvérisateurs entre eux sur des conditions identiques et répétables. En analysant les données collectées, il nous sera alors possible de calculer précisément la dérive. Des pulvérisateurs que nous estimions jusqu’alors réduire de trois la dérive seront peut-être bien au-dessus de ce seuil et nous pourrons communiquer des performances réelles. Aussi, des pulvérisateurs qui étaient jusqu’à présent exclus de la liste pourront y entrer. Ce pourrait être le cas de certains pulvérisateurs pneumatiques.
Enfin, les résultats de ce projet permettront aux représentants des instituts professionnels de donner des arguments scientifiques aux sollicitations politiques. Pensons par exemple aux récentes discussions concernant les ZNT aux abords des lieux accueillant des personnes vulnérables.
 

L’UMT EcoTechViti travaille aussi sur l’expression des doses d’application de produits phyto. Pourquoi vouloir modifier le système actuel basé sur une dose maximale par hectare cadastral ?
S. C. :
En France, les doses d’application des produits phytosanitaires sont fixes quels que soient le stade d’avancement de la végétation et l’écartement entre les rangs qui va de 0,9 à 3 mètres ou la vigueur des parcelles. Le système a l’avantage d’être simple à mettre en œuvre mais il ne prend en compte ni les questions environnementales ni les aspects technico-économiques. Notamment en début de végétation, une dose réduite serait tout aussi efficace que la dose pleine pour protéger la vigne.
Des vignerons pratiquent déjà de manière empirique une adaptation de la dose à l’état de la végétation. Passer officiellement d’une à des doses homologuées leur permettrait de travailler avec plus de précision et plus de sécurité. Cela favoriserait également les préconisations de doses réduites par les conseillers, les distributeurs et les prestataires.

À quoi pourraient ressembler les nouveaux modes d’expression de doses ?
S. C. :
L’IFV et Irstea préconisent d’aller vers des doses établies en fonction de l’espace interrang, de la hauteur et de l’épaisseur du feuillage. Ce sont des paramètres que les viticulteurs connaissent ou peuvent facilement évaluer au champ. Des réflexions sont actuellement en cours au niveau de l’évaluation des produits phytopharmaceutiques et de l’expression des doses dans les autorisations de mise sur le marché. L’IFV et Irstea sont associés à ces travaux. D’ici 2020, le mode d’expression des doses de produits phyto en France pourrait évoluer. Sans nuire à l’efficacité des traitements, et c’est là le point essentiel, des réductions de doses sont à attendre de cette décision.

(1) Un guide compilant les résultats des grandes familles de pulvérisateurs est disponible gratuitement sur le site Internet de l’IFV et d’Irstea : « Guide pratique de réglage et d’utilisation des pulvérisateurs viticoles ».

Article paru dans Viti Leaders n° 425 de mai/juin 2017

 

 

Viticulture

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15