Vin et cacao : quelles similitudes dans leurs relations aux dieux et aux hommes ?

Vin et cacao: deux produits divins.

Vin et cacao : deux produits divins. On ne croit pas si bien dire ! En effet, si l’on remonte aux origines de ses deux produits, on relève des similitudes particulièrement frappantes dans leurs relations aux dieux et aux hommes.


Deux produits au cœur de l’histoire et des mythes

Dès le départ, la vigne et le vin ont eu une symbolique forte dans les actes religieux. Alors que la bière est la boisson fermentée la plus bue des civilisations antiques, la technicité d’élaboration du vin lui confère un usage plus prestigieux et symbolique. Après avoir donné une abondante vendange, la vigne semble mourir en hiver pour renaître chaque printemps, symbole de résurrection et de vie éternelle. Les Mésopotamiens parlent de "l’arbre du vin" comme de "l’arbre de vie" préfigurant ainsi la dualité vin/vie évoquée dans la Genèse ("le vin, bu avec sobriété est une seconde vie"). Dans la mythologie grecque, Dionysos enseigne l’art de faire du vin à Oreste. La triade méditerranéenne est constituée (céréales, oliviers, vignes).

À son tour, l’histoire du chocolat prend racine dans les mythes et légendes de la civilisation précolombienne où la divinité du serpent à plumes, nommée Quetzalcoatl, fit don aux Hommes du cacaoyer pour les consoler d’avoir à vivre sur terre. Il leur enseigna sa culture et la préparation de sa boisson favorite : le xocoatl. Le terme signifiait avec justesse "acide" ou "amer" mêlé à "l’eau". Se sont les Mayas qui découvrirent l’usage des fèves en breuvage chaud pouvant être aromatisé ou épicé, comme le vin fut dégusté au départ.


Croyances et vertus

De même que le vin, les fèves étaient utilisées comme monnaie et offrandes pour accompagner les défunts vers l’au-delà.  Le chocolat jouait un rôle dans les cérémonies importantes de la vie : purification des enfants, mariages. Le verbe maya "chokola’j" illustre le rituel de "boire du chocolat ensemble". Les Aztèques l’associent à la déesse de la fertilité et lui prêtent des propriétés thérapeutiques notamment contre la fatigue. Réservé aux élites et aux prêtres, ils l’associaient aux rites du sacrifice où il symbolisait le sang offert aux dieux.

Dans l’Antiquité, le vin était également offert de manière sacrificielle aux dieux lors des libations, en renversant quelques gouttes accompagnées d’un vœu.
 

Péchés mignons

C’est le christianisme qui modifiera le rôle du vin : dès lors il représentera le sang du Christ. L’Église catholique est longtemps restée méfiante à l’égard de l’exotisme du chocolat. Etait-il une boisson ou un aliment ? Pouvait-il rompre le jeûne ? Il fallut plus d’un siècle pour décider en 1662 qu’il était "maigre" et que "tout comme le vin, le chocolat faisait partie des nécessités de la vie et ne rompait donc pas le jeûne". Il aura fallu une longue histoire pour que les hommes s’autorisent à goûter à l’envie à ces deux "péchés mignons".
 

 

Nathalie Mailhac : enseignant-chercheur en viticulture et œnologie et secrétaire du Club du chocolat de Toulouse, en collaboration avec Global Vini Services.

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