À l'heure des premières parcelles vendangées, le constat est déjà unanime. Après un printemps chaotique, froid et franchement humide, la vigne a souffert de la sécheresse estivale au point, par endroit, de rester figée sur la véraison.
Or il semblerait que certains vignobles (sur une même aire géographique…) aient mieux supportés que d'autres ces conditions excessives, achevant ainsi leur cycle de production et offrant un raisin de qualité. La notion de résilience entre ici en jeu… Que faire pour la favoriser ?
Un sol vivant
Tout d'abord, entretenir (voire recréer!) un sol vivant qui, tel une éponge humide, sera capable d'absorber et de restituer à la vigne l'eau, les minéraux, les éléments nutritifs, les forces de vie, etc.
Comment ? En favorisant une vie bactérienne intense et riche !
Bon ok, mais concrètement, ça s'obtient comment ?
Les bactéries du sol ont besoin d'un peu d'eau et d'air pour fonctionner. Il vous faut donc favoriser la structure et la porosité du sol. Or, comme par hasard, ("Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito", selon Albert Einstein…), ce sont aussi ces conditions qui sont nécessaires au système racinaire de la vigne pour se développer…
Deux voies complémentaires pour cela :
- la fragmentation: via des phénomènes physiques liés aux passages d'outils, de préférence à l'action verticale (disques, griffes, dents…) et peu profonde (5 à 10 cm) pour favoriser le lien et les échanges terre - ciel;
- l'agrégation: via des phénomènes biologiques notamment portés par le tissu racinaire des annuelles (d'où le recours aux semis de céréales de plus en plus fréquent).
En résumé, pour la vigne, mieux vaut un sol pauvre et un système racinaire développé qu'un sol riche et un système racinaire déficient !
Un environnement diversifié
Les haies et les arbres enrichissent les paysages viticoles de leur forme et de leurs couleurs. Ils coupent du vent, limitant les risques de gel et de dessèchement, attirent les pluies et offrent leurs ombres bienfaisantes, favorisent la pénétration de l'eau dans le sol et limitent le ruissellement, hébergent oiseaux, insectes et autres petits animaux… Bref, ils participent à l'obtention d'un micro-climat plus tempéré, moins excessif, autour des vignes. Par les temps qui courent, c'est un don précieux !
Comment faire ? Laissez pousser, tout simplement ! Il serait étonnant que vous ne trouviez pas une jeune pousse de chêne, de saule, d'aubépine ou d'églantier cherchant à s'installer en bordure de parcelle…
Bien sûr, vous pouvez aussi décider d'implanter telle ou telle espèce plutôt qu'une autre.
Dans tous les cas, écoutez votre ressenti et faites-vous plaisir !
Favoriser la vie plutôt que détruire
Enfin, la résilience étant intimement liée à la vitalité, favorisez-la ! Limitez le recours aux biocides qui, comme leur nom l'indique "tuent la vie"…
Lorsqu'un déséquilibre menace vos parcelles, prenez le temps de la réflexion, observez et cherchez les causes du problème. Envisagez toutes les possibilités et surtout, pensez à ne pas nuire (no nocere) mais plutôt accompagner et aider la vigne à s'en sortir par elle-même.
-> Mettez en place des mesures prophylactiques à moyen et à long termes afin de favoriser la bonne santé de la vigne (vision holistique).
-> Accompagner la vigne dans son cycle tout au long de la saison, notamment par l'utilisation d'extraits végétaux adaptés (ortie, prêle, saule pour les plus courants mais aussi achillée, valériane, camomille… et tant d'autres ! Sans doute l'objet d'un prochain article…).
-> En dernier lieu, recourir à des produits de protection (par définition extérieurs à la vigne ! donc des produits de contact…) préventifs.
L'être humain est doté d'un entendement et d'un libre-arbitre et doit ainsi prendre conscience de sa grande responsabilité à l'égard de la Vie. Cette conscience devrait l'amener à prendre soin plutôt qu'à dominer et détruire.
Pierre Rabhi
Pétillantes et créatives vinifications à vous !
