Quatre ambitions contre le dépérissement

Le plan national dépérissement a été présenté aux 150 représentants de la filière le 7 avril dans un amphi d'AgroParisTech. Photo : MH Imberti/CNIV

Former les viticulteurs, produire du matériel végétal en partenariat avec la pépinière viticole, mettre en réseau les observatoires du vignoble et coconstruire des programmes de recherche avec les équipes scientifiques : telles sont les quatre ambitions du plan national de lutte contre le dépérissement qu'engagent les interprofessions viti-vinicoles françaises.

 

1,5 M€/an : c'est la somme que les interprofessions vitivinicoles françaises vont mettre sur la table pour lutter contre les dépérissements du vignoble, chaque année «jusqu'à ce que nous ayons des réponses que nous jugerons satisfaisantes», explique Jean-Marie Barillère.
Comme annoncé au SIA, le président du CNIV a réuni 150 représentants de la filière et de la recherche le 7 avril à Paris pour dévoiler les contours du plan de lutte préparé depuis un an. 
Pour Bernard Farges, président de la Cnaoc et du CIVB, cette somme :

C'est à la fois beaucoup, car ce sont de nouveaux financements à trouver et peu face au défi à relever.

Une étude du cabinet Bipe avait permis de constater que le problème de perte de rendement ou de longévité ne se résumait pas aux maladies du bois, mais comprenait aussi de nombreux facteurs physiques (sécheresses, gel…), biologiques (virus, bactéries, champignons…), technico-économiques (cahier des charges, par exemple), menant tous à la mort prématurée du cep, à échéance plus ou moins longue. Suite à une analyse prospective, six pistes d'actions avaient été proposées par le prestataire.

Aujourd'hui, la profession se prend en main, en définissant un plan national, avec quatre ambitions.

Ambition n°1 : promouvoir la formation et le transfert des bonnes pratiques

Face aux dépérissements, il n'est pas toujours facile de réagir individuellement, comme le souligne Emmanuel Cazes, vigneron à Rivesaltes, chez qui « une forme de déni s'est même installé face à l'esca, la flavescence dorée ou le dépérissement de la syrah ». 
Des initiatives et des connaissances existent déjà : taille respectueuse des flux de sèves, marquage des ceps touchés par l'esca pendant les prospections flavescence dorée, essais de recépage… « Mais ce sont surtout des initiatives régionales jusqu'à présent, qu'il est important de mutualiser », indique Luc Lurton, directeur technique du BNIC.
Pour cela, la création d'une plateforme collaborative sur Internet est envisagée, de même que la structuration d'un réseau d'acteurs pour la formation et le transfert des connaissances.

Ambition n°2 : produire du matériel végétal de qualité, en quantité suffisante, avec les pépiniéristes

En dix ans, les surfaces de vignes-mères de greffons ont diminué de 23 %. Il est à craindre que l'opération de test des viroses, qui doit être réalisée en 2016-2017, n'aggrave encore ce phénomène.
Le plan dépérissement se propose d'agir sur trois fronts : augmenter les surfaces de vignes-mères, avec un financement collectif, favoriser les engagements réciproques des viticulteurs et des pépiniéristes dans un partenariat renouvelé et diminuer les freins réglementaires à l'expérimentation.

Ambition n°3 : un réseau des observatoires du vignoble

De la météo au casier viticole, de nombreuses données collectées dans le vignoble existent déjà dans toutes les régions. « Ces données sont éparses, mais avec l'évolution de la technologie du numérique, il devient envisageable de développer un réseau des réseaux », explique Muriel Barthe, directrice technique du CIVB. Chacun pourrait ainsi participer à la collecte, muni de son smartphone.
L'exemple de la filière forêt en Aquitaine montre comment l'observation de la réalité du nettoyage et du reboisement des parcelles a permis de partager des données objectives et, par exemple, de caler des enveloppes budgétaires pour des aides.

Ambition n°4 : coconstruire des programmes de recherche avec les équipes scientifiques

Des lacunes de connaissances ont été identifiées comme pouvant aider à la lutte contre les dépérissements. Elles ont été traduites en cinq axes de recherche :

1. les relations entre le rendement et la longévité (quels sont les mécanismes physiologiques en jeu et comment interagissent-ils ? comment la plante répond aux stress ? et quel impact cela peut-il avoir sur sa longévité ? quel est l'impact des réserves de la plante ?).

2. l'écosystème racinaire (nature des interactions entre vigne et micro-organismes du sol, impacts des pratiques culturales sur le fonctionnement de l'écosystème, influence du porte-greffe…).

3. les agresseurs biologiques (connaissances et recherche de moyens de lutte contre les virus, phytoplasmes et champignons).

4. le matériel végétal (affinités en porte-greffe et greffon, optimisation des pratiques en pépinière, développement du jeune plant lorsqu'il se trouve en complantation).

5. les leviers socio-économiques.

Les prochaines étapes 

Jean-Marie Barillère du CNIV a ensuite developper les dialogues avec les parties prenantes à venir:

Nous avons rendez-vous avec le ministre de l'Agriculture prochainement. La profession espère que les pouvoirs publics abonderont le financement à la même hauteur que la profession, soit 1,5 M€. Puis, il va falloir faire au niveau européen ce que nous avons fait en France, afin d'émarger aux programmes de l'Union européenne. Un énorme travail de dialogue avec l'Inra nous attend. Quant au partenariat avec la pépinière, j'espère qu'il participera à ce que la France demeure le pays leader mondial au niveau viticole, car cela commence avec les plants. Enfin, je vais demander à toutes les interprofessions de s'engager et j'irai ensuite demander leur participation à ceux qui n'en font pas partie. 

Le rendez-vous a été pris dans un an pour le compte-rendu des premières actions.

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