"Nous visons une reprise de croissance pour 2016"

Placé en redressement judiciaire le 13 janvier dernier à sa demande, le négociant audois Gilles Louvet, le plus gros négoce français de vins bio, répond aux craintes et interrogations de la filière. Lors du dernier Millésime Bio, plusieurs acheteurs internationaux se sont en effet inquiétés d’un éventuel défaut d’approvisionnement en vin bio. Du côté des fournisseurs, des retards de paiement suscitent aussi des doutes. Quant à la filière bio, certains se questionnent sur la santé du marché.
 
Olivier Lévêque/mon-viti: Après avoir lu diverses données, pouvez-vous nous rappeler les chiffres clés de votre activité?

Gilles Louvet: Selon les années, nous commercialisons entre 40 000 et 45 000 hl, essentiellement en bio. La moitié part à l’export, Europe, USA, Asie, et l’autre moitié est vendue sur le marché français, principalement en distribution spécialisée bio, et en GD pour 10-15% du CA. Le chiffre d’affaires varie de 10 à 11 millions d’euros. Nous avons 25 salariés, un site d’embouteillage à Alès d’un capacité de 3 millions de cols, et un site administratif et commercial à Narbonne.
 
O. L./mon-viti: Comment en êtes-vous arrivé à demander une mise en redressement judiciaire? Y-a-t-il un problème sur le marché du vin bio?

G. L.: Non, le marché du bio se porte bien. Le problème est venu de la forte hausse de nos coût de production, liée à la mise aux normes de notre site d’embouteillage d’Alès imposée par nos clients GD et export et au besoin de mise en conformité du site. Ces investissements successifs représentent un total de 4 millions d’euros, sur quatre ans. Les banques françaises n’ayant pas voulu nous accompagner sur les investissements supplémentaires, nous avons dû trouver des partenaires à l’étranger, en Suisse. Les banques françaises n’ont pas vu cela d’un bon œil, et nous ont alors annoncé qu’elles se rétractaient. Nous avons dû piocher dans nos fonds propres, et notre endettement global a doublé, d’où la demande de mise en redressement judiciaire.
 
O. L./mon-viti: La concurrence sur le marché du bio et l’isolement du site d’Alès sont-ils également en cause?

G. L.: Non. Nous sommes avant tout présents sur le réseau de la distribution spécialisée bio, et nos concurrents davantage à l’export ou en GD. Cependant, comme nous sommes les plus gros faiseurs en bio, la GD nous impose les même règles qu’à leurs autres fournisseurs, avec de fortes pressions sur les prix, et des coûts de production qui ne sont plus en phase avec notre marché. Quant au site d’Alès, les questions liées aux coûts logistiques ne sont pas un problème.
 
O. L./mon-viti: Que répondez-vous à vos fournisseurs et vos clients inquiets?            

G. L.: Une grande partie de nos fournisseurs  – 200 caves coop et caves particulières, en majorité du Languedoc-Roussillon et Paca – souhaite continuer avec nous. Nous en avons aidé certains à se constituer au démarrage de la bio, et ils acceptent à leur tour de nous aider. L’ensemble des contrats pluriannuels seront assurés, et nous allons fairenotre possible pour assurer nos engagements sur les contrats annuels. Quant à la livraison de nos clients, si nous avons été obligés de bloquer les envois un mois le temps de faire l’état des stocks, les flux sont désormais rétablis depuis cette semaine. Nous avons les volumes, les commandes seront donc remplies.
 
O. L./mon-viti: Comment voyez-vous la suite des événements?

G. L.: Nous travaillons à la recapitalisation de la structure, pour devenir moins dépendant du système bancaire. Un tour de table va être organisé prochainement, avec des producteurs, certains clients et des organismes financiers, pour évoquer la poursuite de notre développement. 2015 sera une année où l’on fera du sur-place mais nous visons une reprise de la croissance pour 2016.

 

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