Le saviez-vous ? Même si le grenache est très répandu, les études à son sujet continuent ! Des clones sont homologués et ainsi la diversité intra-variétale est maintenue.
C’est ce qu’ont appris les participants à l’atelier "grenache" organisé lors du symposium Wine Mosaïc le vendredi 25 novembre 2015 à Marseille. Nous avons ainsi eu l’opportunité de dialoguer autour de l’importance de la diversité intra-variétale du grenache. Afin de nous éclairer sur le sujet, Olivier Jacquet, responsable de l’équipe vigne et vin à la chambre d’agriculture de Vaucluse, nous a présenté le travail réalisé dans ce département.
Olivier Jacquet, il y a un conservatoire du grenache noir dans le Vaucluse. Pouvez-vous nous en parler ?
Olivier Jacquet : Tout d’abord, il est important de rappeler que nous avons en France des organismes dans toutes les régions viticoles qui conservent, cherchent et valorisent les cépages. Dans le Vaucluse, à Orange, nous avons effectivement un conservatoire de 350 clones de grenache noir.
Ils ont été plantés entre 1997 et 1999. Les clones viennent pour majorité de vieilles vignes du vignoble rhodanien (+ de 50 ans), mais aussi de collections de Entav - IFV, Inra et de prospections en Sardaigne et en Espagne.
Alors que le grenache noir est un des cépages les plus plantés au monde, pourquoi avoir un conservatoire ?
O. J. : Comme son nom l’indique, un conservatoire permet de "conserver" des clones et/ou des cépages. Mais sa mission ne s’arrête pas là. C’est aussi un lieu pour "connaître" et ainsi étudier le grenache noir au fil des saisons. Nous observons les clones aux niveaux ampélographique et agronomique.
Lorsque c’est nécessaire ou lors d’événements exceptionnels comme les maladies du bois, la coulure en 2013, nous faisons des observations complémentaires.
L’étude, l’observation, la conservation, c’est bien. Mais finalement, vous faites quoi de tout ce matériel ?
O. J. : Nous avons une troisième mission qui est la "valorisation".
Valoriser, c’est par exemple sélectionner des clones plus tardifs afin de prendre en compte les changements climatiques, ou même comparer les sélections et ainsi demander les agréments pour les clones les plus intéressants.
Enfin, valoriser, c’est aussi commercialiser des plants avec le label "Biodiversité vigne".
Pouvez-nous nous donner un exemple ?
O. J. : Grâce à ce travail, il a été possible d’identifier et de valoriser un clone de grenache à petites baies, n° 1212 avec des caractéristiques qui peuvent se révéler intéressantes :
• fertilité : moyenne (15 grappes par cep) ;
• poids des grappes : faible ;
• poids des baies : très faible ;
• sensibilité à la coulure : faible ;
• sensibilité au botrytis : très faible ;
• production : assez faible ;
• acidité totale des mouts : faible (2,2 à 2,4 g H2SO2/l) ;
• degré sur vin fini : assez faible (13 à 14°) ;
• composés phénoliques : riche en anthocyanes et en composés phénoliques totaux.
Et pour un vigneron, comment peut-il connaître les caractéristiques et se procurer tel ou tel clone ?
O. J. : Les vignerons peuvent obtenir toutes les informations sur les sites Internet de l’Aredvi ou celui de PlantGrape. Pour des conseils plus personnalisés, les vignerons peuvent s’adresser aux techniciens de l’IFV ou de la chambre d’agriculture par exemple, et aussi aux pépiniéristes.
Et pour le grenache noir à petites baies ?
O. J. : Il n’est pas encore disponible. Il est en cours de multiplication.
Si un vigneron trouve une souche qu’il ne connaît pas dans son vignoble, est-il possible de la faire analyser, voire de vous le proposer comme clone à conserver ?
O. J. : Oui, nous avons en France de grands ampélographes pour aider à déterminer un cépage comme Jean-Marie Boursiquot ou Thierry Lacombe. Il existe également des méthodes génétiques. Quant au conservatoire des grenaches noirs à Orange, il est encore possible d’ajouter quelques clones de grenache !
Merci Olivier Jacquet pour cette interview.
