Innover en réseau pour contrer la concurrence

Jean-Marc Bournigal, le président de l’Irstea (ex-Cemagref) vient de rendre son rapport sur les agroéquipements au ministère de l’Agriculture. Jean-marc Bournigal avait pour mission d’identifier les forces et faiblesses du secteur des agroéquipements et de formuler des recommandations pour accompagner l’innovation et le développement de ce secteur industriel.

La situation française en chiffres

Le marché mondial des agroéquipements  est estimé en 2013 à 134 milliards de dollars (Md USD), et pourrait atteindre 196 Md USD en 2018.
La France est le troisième producteur européen pour un CA de 4,4 Md € en 2013, plus de 540 entreprises de fabrication et de 2 000 en distribution, représentant plus de 40 000 emplois. En 2013, la France se situe au 5e rang des pays exportateurs de machines agricoles pour et au 2e rang des pays importateurs.  Ses principaux échanges sont réalisés avec l’Allemagne.
Avec une production 2013 en hausse de 30% par rapport à 2010 (qui correspondait à une période de crise), le secteur des machines agricoles fait figure d’exception vis-à-vis du secteur des machines et équipement.

De petites entreprises qui maillent le territoire...

Les industriels du secteur bénéficient d’un marché national français dynamique.
Constituant un tissu dense, couvrant bien le territoire agricole français, allant de la TPE au groupe multinational en passant par les entreprises des TIC, l’industrie française a démontré sa capacité à apporter des réponses à des besoins en matériel spécialisé, y compris à l’export, bénéficiant du bon fonctionnement des aides à l’export.
 

... mais qui n'innovent pas assez 

Le secteur industriel français s’organise autour d’une majorité de petites entreprises produisant des équipements spécialisés (élevage, viticulture, fertilisation, pulvérisation…). D’après le rapport cette structuration du marché est une force mais aussi une faiblesse.

"Elle ne facilite pas l’accès à la R&D pour des projets d’innovation, ni la participation à des efforts de normalisation ou d’export. La «désindustrialisation» que connaît le pays crée des lacunes dans la chaîne industrielle et rend plus difficile la collaboration locale avec des sous-traitants et fournisseurs. Or cette proximité est nécessaire pour améliorer la chaîne de valeur et les transferts de technologies d’une filière à une autre."

"Les petites entreprises françaises travaillent encore peu ensemble, à l’inverse de leurs concurrents italiens dont la dynamique d’organisation en cluster fait la force, et n’ont pas encore l’aptitude à chasser en meute sur les marchés à l’export."

La filière agroéquipement française serait aussi en proie à un manque de connaissance des dispositifs d’aides.

"L’innovation via la collaboration avec des centres publics de recherche est aujourd’hui limitée du fait d’une méconnaissance des ressources scientifiques et techniques disponibles et des nombreux dispositifs d’aide à l’innovation dont la lisibilité n’est pas optimale. Or une des raisons de la force du secteur des agroéquipements en Allemagne est justement la collaboration efficace entre recherche, universités et entreprises."

"Enfin, le désengagement des instituts techniques agricoles sur le sujet ainsi que la diminution des ressources humaines en conseil en machinisme, notamment dans les chambres d’agriculture, se traduisent par des lacunes scientifiques et techniques sur certains domaines de l’agroéquipement et mettent en péril le continuum recherche-développement-transfert industriel nécessaire au développement de l’innovation."

"Émerge enfin le risque d’une nouvelle concurrence par des pays à la main-d’œuvre moins onéreuse, comme la Turquie, la République tchèque, la Pologne, la Chine ou l’Inde, dont les produits peuvent désormais rivaliser avec la production française sur le rapport qualité-prix. Il semble donc important que les industriels français parviennent à différencier leurs produits sur des critères autres que le prix, à savoir l’innovation, le savoir-faire, la réputation…"

 
Du rapport (consultable dans son intégralité via ce lien) découle neuf recommandations.

Neuf recommandations pour booster la filière

 A. PRÉPARER L’AGRICULTURE DE DEMAIN

 

1. Co-concevoir systèmes agricoles et équipements de la transition agroécologique, dans l’objectif de répondre aux enjeux cette transition, en particulier pour exploiter la diversité fonctionnelle et mettre en œuvre le bouclage des flux.
2. Développer la robotique agricole, vecteur de sécurité et de confort au travail, de performance socio-technique et de moindre impact sur l’environnement (via des machines utilisant l’énergie électrique, se configurant en fonction des opérations, voire travaillant en réseau).
3. Préparer l’"agriculture numérique", ou "agriculture à base de données", indispensable à des processus de production plus précis et plus adaptables au changement (via la génération de connaissances agronomiques nouvelles).

B. ENCOURAGER L’INNOVATION ET ORGANISER SON ÉCOSYSTÈME

 

4. Clarifier l’écosystème de l’innovation, afin de la rendre plus accessible aux entreprises de l’agroéquipement et de favoriser les échanges et transferts entre secteurs industriels connexes (véhicules industriels, automobile).
5. Rendre l’innovation en réseau plus attractive aux acteurs de la chaîne de valeur, d’une part en accompagnant sa genèse, d’autre part en facilitant l’accès au marché des produits innovants via des processus de labellisation.

C. RENFORCER LES COMPÉTENCES ET LES MOYENS DU SECTEUR

 

6. Rapprocher la formation des besoins du secteur, afin de mieux répondre aux besoins de recrutements aujourd’hui mal satisfaits, d’un point de vue quantitatif (rendre plus attractifs les métiers et formations de l’agroéquipement) ou qualitatif (ouverture à l'international).
7. Structurer les moyens nationaux d’expertise et d’essais afin de garantir, en France, l’accès à des moyens d’essais et à une expertise pour accompagner le développement d'agroéquipements.
8. Améliorer la présence internationale, l’avenir de la filière industrielle résidant en partie dans sa capacité à investir les marchés étrangers.
9. Constituer un comité stratégique de filière, indispensable pour assurer la cohérence de l’ensemble de ces mesures, en incluant tous les acteurs du secteur. Ce comité sera le lieu de construction d’objectifs partagés, concrétisés au travers d’un contrat de filière, assurant le dialogue entre les acteurs privés et les pouvoirs publics.

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