Guerre froide entre crémants et IGP effervescents

Abordé par le Conseil d'État le 12 novembre dernier, l'avenir de trois IGP de vins effervescents (var, yonne, côtes-du-lot) devrait se jouer d’ici quelques semaines. Cette situation fait suite à une contestation de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémants d’une décision prise par le ministère de l'Agriculture de 2011 autorisant la création d'IGP effervescent.

À l'époque, la Fédération avait posé un recours pour 36 IGP. Si deux d’entre elles ont été rapidement écartées suite à une demande du CIVC pour absence d’antériorité en production de bulles (haute-marne et coteaux-du-coiffy), trois sont actuellement soumises à l’analyse du Conseil d’État. Les 31 autres devraient être prochainement étudiées à leur tour, afin que soit tranché leur maintien ou non.

Pour Olivier Solher, directeur de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant, quatre raisons expliquent ce recours:

Premièrement, l’autorisation de ces IGP effervescents et leurs cahiers des charges ont été validés très rapidement par l’INAO, avec un manque de concertation. Ensuite, certains présidents de syndicats se sont trouvés embarqués dans cette démarche malgré eux, afin de gonfler le dossier, mais sans réelle volonté initiale de leur part. Troisièmement, des IGP effervescents autorisent aujourd’hui l’ensemble des cépages, sans réel lien au terroir. Et pour finir, il y a le problème d’un manque d’antériorité pour certaines appellations, qui ne produisaient pas de mousseux sur leur territoire auparavant.

Olivier Solher ajoute également que l’arrivée des IGP effervescents peut entraîner une déstabilisation du marché, avec des produits pouvant "galvauder le marché de la bulle française".

Pour Jérôme Rouzier, directeur du Syndicat des vignerons du Var, cette attaque au Conseil d’État traduit une peur de la concurrence qui n’a pas lieu d’être, avec dans le Var une offre d’effervescents présente avant l’IGP et établie à 80% en rosé:

Nous sommes de producteurs d’effervescents sans indication géographique depuis longtemps, avec 1 millions de bouteilles, ce qui est une preuve de notre savoir-faire et de notre antériorité! Nous avons également le Centre de méthode champenoise installé à Flassans, ce qui prouve aussi notre capacité à faire de la qualité.

Devant le Conseil d’État, le rapporteur public Emmanuelle Cortot-Boucher a soutenu l’IGP var effervescent face aux arguments de la Fédération des Crémants, demandant ainsi le rejet de cette dernière concernant l’annulation de l’IGP var effervescent.

Si Jérôme Rouzier reconnaît qu’une concurrence peut avoir lieu dans certaines régions entre IGP effervescents et crémants, devant amener à une prise en compte des intérêts de chacun, ce n’est pas le cas dans le Var:

Pour nous, l’IGP var effervescent est une assurance de qualité, pour le producteur comme pour le consommateur. Nous travaillons d’ailleurs sur une demande d’AOC en effervescents de Provence.

De son côté, Olivier Solher ne se dit pas strictement opposé aux IGP effervescents, mais demande une meilleure prise en compte de la typicité, notamment sur les cépages, les méthodes d’élaboration, et la réelle antériorité de savoir-faire:

Il y a eu des abus, avec des créations d’IGP effervescents qui n’avaient pas lieu d’être. Notre requête vise à rétablir cela, et certaines ont d'ailleurs déjà été annulées. Nous nous plierons ensuite à l’avis du Conseil d’État.

Et vous, que pensez-vous du recours des crémants face aux IGP effervescents? Y-a-t ’il un réel risque de concurrence qui pourrait nuire aux bulles françaises, ou au contraire, les signes de qualités offrent-ils des moyens de renforcer les bulles sur les marchés, et peut-être d’être plus fortes à l’export notamment?

Actualités

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15