Les hélico dans la ligne de mire des phytos

Il est dommageable de pénaliser un moyen de traitement quand ce sont, en réalité, les produits qui sont visés. Nous faisons de nombreux efforts pour nous améliorer. Il est à craindre que certaines parcelles de vignes ne soient plus exploitées par manque d'alternative à l'hélicoptère. 

Dominique Aury, pilote et propriétaire de la société Giragri 17, tenait ces propos à Viti il y a quatre ans. La situation a-t-elle évoluée depuis? Pas tellement.

L’épandage de produits phytosanitaires par hélicoptère est une technique anecdotique sur le vignoble français. Encore plus depuis que le CIVC a décidé de ne plus mutualiser les demandes collectives des vignerons. Depuis cette année, plus aucun hélicoptère n’a le droit d’épandre en Champagne.
Les rares badauds à pouvoir en apercevoir au-dessus des vignes se sont promenés ou se promèneront certainement dans le département du Rhône ou dans le Haut-Rhin. Là-bas, les préfets ont accepté la dérogation formulée par les viticulteurs. 184 ha dans le premier et 60 ha dans le second département sont concernés.
Avis contraire en revanche pour la Saône-et-Loire.

Quelques hectares et beaucoup de règles de sécurité

Au final, quelques poignées d’hectares de vignes frémissent sous les pâles des hélicoptères. Cela ressemble-t-il aux scènes du cinéma américain où un avion balance à tout va un nuage de produit à plusieurs mètres du sol? Théoriquement non.

Depuis 2004, les contraintes d'application sont plus strictes que pour les traitements par voie terrestre. L'épandage des produits déclarés toxiques ou très toxiques est interdit, les opérations sont soumises à déclaration et les pilotes se doivent de respecter une bande de sécurité de 50 mètres autour des bâtiments, des points d'eau et des zones d'élevage.


Les hélicoptères de l'entreprise Giragri 17 sont équipés
d'ordinateur de bord GPS permettant d'éviter les
recouvrements et de gérer des paramètres jouant
sur la dérive des produits.



Pour renforcer la précision de la pulvérisation, certains appareils comme ceux de l'entreprise Giragri 17 sont équipés d'un GPS qui permet de repérer les parcelles à traiter et d'éviter les recouvrements ou les manques. Une aide au pilotage permet aussi de moduler le volume appliqué à la vitesse de vol.
Dominique Aury apporte des détails supplémentaires:

Contrairement à ce que certains croient, nous volons très près des cultures, à environ un mètre de la végétation. Enfin, il faut savoir que c’est le souffle du rotor, c'est-à-dire des pâles, qui dirige le produit vers la culture. Pour limiter la dérive, les rampes utilisées aujourd'hui ont une longueur limitée aux deux tiers du diamètre rotor. 

 
Les arguments des pour et des contre n’évoluent pas.
 

Les hélicoptères pris dans la vague des mesures pour limiter les phyto

Chaque année, des préfets accordent des dérogations. Chaque année, des associations de protection de l’environnement montent au créneau et tous les deux, trois ans, des propositions de texte de loi menacent d’interdire définitivement les épandages aériens de produits phytosanitaires.

L’annonce de Ségolène Royal en mai dernier sera-t-elle la bonne? Certains doutent de la légalité d'une telle mesure.
 
Il n'en reste qu'après l’épisode de Bordeaux et des enfants intoxiqués au soufre, la situation est tendue. Cette situation malheureuse amène la très bonne question de la distance de traitement recommandée. Le projet de loi d’avenir pour l’agriculture adopté jeudi 10 juillet par l’ensemble l’Assemblée nationale s’est emparé du sujet.
Des mesures de protection adaptées (haies, buses antidérives, dates et horaires d’utilisation des produits, etc.) devront être mises en place à proximité des lieux d'accueil (terrains de jeux pour enfants, écoles, crèches, halte-garderies, centres de loisirs, bâtiments de soins, hôpitaux, maisons de retraite). Si ce n’est pas le cas, une distance minimale d’utilisation devra être respectée. Cette distance sera fixée en fonction des situations locales ou des types de production concernées.

Ces mesures rappellent étrangement celles déjà en place pour l’épandage par hélicoptère. Il y a de la cohérence dans l’air!
 
Les produits phytosanitaires sont un thème épineux. La profession ne peut pas fermer les yeux, doit même être force de proposition et évoluer pour diminuer sa dépendance.
Néanmoins, pour les parcelles en fortes pentes, la situation est loin d'être simple à régler. Passer avec un pulvérisateur à dos? Qui pour le faire? À quel coût par hectare ? Plus ou moins qu'avec une prestation d'hélicoptère à 900 euros/heure?
Et de son côté, l’État doit conserver une logique de cas par cas. Les épandages tout au long de l’année sur les bananeraies martiniquaises ne sont pas tout à fait comparables aux neuf passages (maximum) en Alsace.
 

 

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