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Controverse

Conventionnel vs Bio: à chacun ses résidus

Publié le 19/11/2015 - 09:57

Un récent article de la revue Agriculture & Environnement (A&E) en partenariat avec Wikiagri, va encore agiter la filière viticole. A chaque commanditaire sa cible. Si l'on résume grossièrement: l'association Générations Futures, citée dans l'article, "aime à taper" sur l'agriculture conventionnelle et les pesticides de synthèse. A&E, elle, a choisi les viticulteurs bio et le cuivre. 

Vingt-neuf échantillons de vins bio provenant de toutes les régions de France et achetés entre le 15 septembre et le 15 octobre dans un magasin spécialisé (Nicolas), ainsi que dans plusieurs grandes surfaces de la région parisienne (Carrefour, Auchan, Monoprix), ont ainsi été confiés à trois laboratoires indépendants (Girpa, Eurofins et Dubernet), afin qu’ils analysent la présence de cuivre.

Voici les principales enseignements tirées de l'étude par A&E:

Première constatation : le pourcentage de contamination change en fonction de la précision de la Limite de quantification (LQ). En effet, nos échantillons de vins bio contaminés au cuivre passent de 31% à 100% selon le choix de la LQ. Autrement dit, pour trouver, il suffit simplement de chercher...

Deuxième constatation : en utilisant une LQ dix fois supérieure à celle utilisée en routine pour les pesticides de synthèse, on retrouve des résidus du principal fongicide employé en bio dans la totalité des échantillons. Les résidus de cuivre sont donc bien plus présents dans les vins bio que ne le sont les pesticides de synthèse dans les denrées issues de l’agriculture conventionnelle.

Troisième constatation : il n’y a pas de différence de quantités entre le cuivre détecté dans les vins bio (0,033 à 0,67 mg/l, avec une moyenne de 0,16 mg/l), et ce que l’on peut trouver en termes de produits phytosanitaires de synthèse dans les produits issus de l’agriculture conventionnelle.
 

 

L'article A&E, au-delà de l'aspect "pavé dans la mare bio", cherche, on peut le croire, a relativiser les positions de chacun:

Il est vrai que les quantités retrouvées dans les échantillons de vins bio analysés se situent bien en dessous de ces limites sanitaires, et que l’on pourrait rétorquer que pour atteindre la DJA, il faudrait consommer 60 litres de vin par jour (pour une moyenne de 0,15 mg/l).

Mais ce qui est vrai pour le cuivre dans les vins bio l’est tout autant pour les résidus de pesticides classiques retrouvés dans les salades de Générations Futures, ou plus récemment dans les pommes de Greenpeace ! Or, seuls ces derniers font l’objet de campagnes anxiogènes. Ainsi, dans son dernier rapport, la multinationale verte s’en prend au boscalid, un fongicide de synthèse détecté dans 19 échantillons de pommes à des concentrations moyennes de 0,05 mg/kilo. Greenpeace oublie juste de préciser qu’il faudrait avaler 48 kilos de pommes par jour pour atteindre la DJA.
 

Dans un communiqué de presse faisant suite à l'article, Wikiagri et A&E précisent leurs intentions:
 

Les méthodes actuelles de détection d'une simple molécule chimique étant d'une telle sensibilité, il est devenu possible de mettre en évidence la présence de quantités infimes d'un produit. Pour obtenir une évaluation complète d'un risque, toute détection d'une molécule doit donc nécessairement être accompagnée de sa quantité détectée, et être mise en relation avec les normes sanitaires.
Finalement, cette étude nous donne une bonne nouvelle : les produits agroalimentaires français sont sains, bons et respectueux de l'environnement.
 

Pour vous faire votre avis, n'hésitez pas à lire l'article dans son intégralité ainsi que d'autres écrits d'A&E, mais aussi de Greenpeace et de GF..

Commentaires

Le cuivre est indispensable à la vie (besoin de l'organisme humain: 2 à 5 mg/jour) il intervient dans la synthèse de l'hémoglobine, il a des propriété anti-bactériennes et d'autres. La dose toxique est de 35mg / jour (donc 218 litres de vin contenant 0,16 mg /l de cuivre); Même s'il y a des faibles résidus dans le vin bio il est au niveau des doses nécessaires pour l'organisme et bien loin des doses toxiques, alors que le 1er mg de pesticide de synthèse est cancérigène, tératogène et reprotoxique.

Le cuivre n'est absolument pas un danger pour l'homme, bien au contraire. Avant d'écrire il faut consulter des pharmacologues. Néanmoins il se révèle comme un biocides dans le sol; ainsi en a t-on limité les dose

Par contre les pesticides de synthèse systémiques sont excessivement dangereux pour l'homme, les animaux et la

flore en général. Des centaines d'études épidémiologiques l'ont démontré depuis longtemps. Je vous invite à lire mon billet "le vin Bio est-il meilleur ?" sur mon blog bordeauxclassicwine
et particulièrement le paragraphe "Le vin Bio est meilleur pour la santé".
Le lobby de la chimie ne se cacherait-il pas derrière cet article ou derrière la magazine Viti (cf la pub) ?
Sincèrement
franck dubourdieu, ingénieur agronome, oenologue et médecin.

Bonjour,

Merci de vos réactions, précisions et prises à partie qui me donnent l'occasion de préciser plusieurs points.

L'objectif de mon article n'est pas de tirer la couverture sur l'un des acteurs cités dans le papier. Je souhaite plutot que chacun soit au courant des différents courants de pensées et lobbies existants. J'ai bien précisé l'importance d'aller jeter un oeil sur les sites Internet de toutes les parties prenantes.
Libre à chacun, avec ses élements, de se faire son avis.

Ensuite, concernant le rapport presse/annonceurs. Je ne vais pas vous jouer du violon. Les groupes phytopharmaceutiques sont des annonceurs importants pour notre revue. Mais la porte est ouverte aux fournisseurs de produits bio ainsi qu'aux abonnements à nos supports payants.
La présence de publicité pour tel ou tel sujet ne nous empêchent pas de traiter librement de thématiques. Des pépinièristes annnoncent pourtant nous laissons la parole à certains de leur détracteurs qui pensent que les maladies du bois sont liés à la qualité des greffes. Des entreprises de produits phyto annoncent mais nous avons depuis 6 mois un partenariat rédactionel avec AgroBio Périgord. Par ailleurs, nous réalisons des articles en collaboration avec des boites phyto car eux aussi ont une expertise... dans leur domaine.

Notre revue et notre site Internet traitent des sujetsrelatifs à la viticulture/oenologie conventionnelle, raisonnée, AB. Notre ligne éditoriale est de couvrir tous les moyens de production avec les meilleurs pratiques qui existent.

Ce site Internet nous donne l'occasion d'échanger. Merci!

Séverine Favre rédactrice en chef de la revue Viti.

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