Quelle eau pour les vignes sud-américaines ?

Au Chili, à Los Andes, le système en pergola permet l’utilisation de l’irrigation par l’inondation. Photo : M. Mouly

Tout un monde s’articule autour de la terre et du vin, des vies passionnantes et multiples, des systèmes vitivinicoles différents qui me passionnent. Pour satisfaire cette curiosité, j’ai décidé de partir à la découverte des vignerons outre-Atlantique. Sur le continent américain, je vais me promener, travailler et vous faire part de mes découvertes pendant un an.

Lorsque je traverse la Cordillère des Andes pour passer de l’Argentine au Chili, je ne peux m’empêcher de constater des similitudes entre ces deux régions viticoles voisines, pourtant séparées par une immense chaîne de montagnes. L’une d’entre elles est climatique : le temps est constamment sec et chaud. L’oasis de Mendoza en Argentine comme les vignobles de la région centrale du Chili, dans la vallée de l’Aconcagua, sont situés dans des zones arides où il pleut moins de 200 mm par an.

Un système d’irrigation traditionnel

Si la vigne a pu se développer dans ces régions, c’est grâce au développement d’un système d’irrigation hérité des Incas. L’eau utilisée provient du dégel de la Cordillère des Andes. De nombreuses retenues d’eau ont été construites sur les versants des montagnes et un ingénieux système de canaux transporte le précieux liquide dans les vallées, directement au pied des vignes. Il n’est donc pas rare de voir, dans ces régions viticoles arides, en pleine journée, des vignes complètement inondées où l’eau recouvre littéralement les rangs des vignes ! Pas commun, pour nos yeux européens, de voir autant d’eau dans un vignoble.
De fait, la conduite de culture de la vigne a été pensée avec l’utilisation de grands volumes d’eau. La taille haute en pergola (parral), très commune en Argentine et encore présente au Chili, est adaptée au système d’irrigation par inondation. L’eau est directement disponible par les racines, pendant que le système végétal, en hauteur, est aéré et ne subit pas les excès d’humidité. La vigne est haute – le tronc peut monter jusqu’à 2 mètres de hauteur – et les bras s’étendent le long d’un palissage vertical. Les raisins sont ainsi protégés du soleil par un feuillage important, tout en restant au sec.

Les fontes nivales plus faibles et à partager

Dans ces régions, l’eau est le nerf de la guerre, car sans eau apportée par l’homme, il n’y a pas de vignes. Et si ce système fonctionnait bien jusqu’ici, des questions commencent à se poser. Sur le domaine Rosendo à San Rafael, les vignerons notent que le

s jours avec eau sont de moins en moins nombreux et que l’eau coule moins longtemps dans la journée.

À Mendoza, un producteur relève : « Il y a 10 ans, nous avions 10 jours d’eau pour 7 jours sans eau. Aujourd’hui, nous sommes plutôt à 6 jours d’eau contre 5 jours sans eau. » Même constat à Los Andes, côté chilien : « On nous attribue de moins en moins de jours avec eau. De plus, la vigne subit la concurrence avec de nouvelles cultures, plantées sur de nouvelles zones sèches qui demandent aussi de gros volumes en eau. »
Les pratiques évoluent alors vers le goutte-à-goutte, les tailles basses, le palissage vertical… Et chacun regarde d’un œil inquiet l’évolution de la disponibilité en eau, persuadé que c’est là le grand défi des prochaines décennies dans ces régions des vins du Nouveau Monde.

 

 

 

 

Viti Leaders de juillet-août 2018

Article paru dans Viti Leaders de juillet-août 2018

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