La situation s’empire encore un peu plus au Liban. Depuis peu, les blocages de routes sont quotidiens. Les libanais n’en peuvent plus. Le pays sert de terrain d’affrontement entre les Etats-Unis et l’Iran. La monnaie poursuit sa dépréciation. Les prix continuent d’augmenter. Pour donner un exemple de la vie courante : un cône de glace qui valait avant 2000 livres libanaises en vaut maintenant 12 000. Le prix d’un kilo de lait infantile en poudre représente 8% du salaire mensuel moyen des ouvriers. Et certains se demandent si en avril l’État pourra acheter le pétrole nécessaire pour faire tourner les centrales électriques.
Au château, avec le conseil d’administration nous avons décidé de fournir des paniers alimentaires aux salariés. En parallèle, nous ne pénalisons pas ceux qui ne peuvent pas venir au travail à cause des blocages. Je fais le maximum pour garder tous les salariés. Aucun n’a été licencié. Dans cette période de multiples crises, j’ai encore plus que jamais une responsabilité sociale et sociétales à jouer. Nous faisons tout pour que la vie du château continue. La taille est finie et l’attachage débute. Cette nuit un orage de grêle comme je n’en avais jamais vu en quinze s’est abattu sur la plaine. J’y vois l’un des signes du changement climatique.
Quel pays viticole doit composer avec le dérèglement climatique, la covid, la corruption des élites, l’inflation, les interventions étrangères en sous-main… C’est dur. Je me bats pour voir le verre à moitié plein et me concentrer sur des valeurs humanistes qui donnent du sens à mon métier. Avec les équipes nous avons à cœur de continuer à produire des grands vins libanais malgré la situation.
