Y aura-t-il bientôt des "pinots" résistants dans le vignoble français ?

Le merlot khorus est pour l’instant autorisé à titre d’expérimentation en France. Photos : VCR

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La liste des variétés résistantes s'agrandit dès cette année avec l'arrivée du fleurtai. Mais plusieurs autres sont sur la liste d'attente de VCR. Ces variétés produiraient des vins à la typicité proche des variétés traditionnelles françaises.

Et une variété résistante de plus ! Fleurtai vient d'être autorisé pour la production des vins de France. Obtenu par l'université d'Udine et distribué en France par la pépinière VCR France, une filiale de la coopérative italienne Vivai cooperativo Rauscedo, fleurtai est une variété blanche, précoce, « avec une très bonne résistance au mildiou et à l'oïdium », indique Loïc Breton, directeur de VCR France. Elle donne des vins au profil très floral.

L'autorisation du fleurtai sera-t-elle la première d'une longue liste ? Cela se pourrait bien, car VCR a plusieurs autres variétés résistantes dans ses cartons. Par exemple, celles qui ont été présentées au dernier Sitevi : le pinot khors et le volturnis. « Le pinot kors a trois gènes de résistance au mildiou et deux à l'oïdium, souligne Loïc Breton. Il fait l'unanimité lors des dégustations, que ce soit les vignerons ou les metteurs en marché. Comme son nom le laisse supposer, il donne des vins qui ressemblent au pinot, un peu plus structurés », résume-t-il. Le volturnis, quant à lui, ressemble aussi au pinot, mais n'a pas de résistance à l'oïdium. Autre « pinot » : le pinot iskra, à la typicité similaire au pinot blanc, mais résistant aux maladies. Il pourrait intéresser des régions comme l'Alsace.

Pas de variétés classées en France

Sur le plan sensoriel, le vin de pinot iskra est très similaire au pinot blanc d’après VCR. Il présente une bonne résistance au gel. Il convient à la production de vins effervescents.
Bien qu'ayant été présentés lors d'un Salon professionnel en France, ces variétés ne peuvent pas encore être utilisées pour la production de vin par les vignerons français. La réglementation française comporte en effet deux branches distinctes : l'inscription au catalogue officiel des variétés et le classement. L'inscription au catalogue permet de multiplier le matériel végétal et de le vendre en France (liste A) ou exclusivement à l'export (liste B). Pour pouvoir cultiver des vignes et vendre le vin qui en est issu, une variété devra être inscrite au classement à titre définitif. Si la variété est classée temporairement à titre d'expérimentation, la surface maximale à planter est de 20 ha par bassin viticole, et il n'est pas possible de commercialiser le vin. Depuis 2016, la procédure a été adaptée pour répondre à la réglementation communautaire, et la gestion des deux listes est séparée.

La France n'a pour l'instant pas classé de variétés aux noms proches des cépages traditionnels, afin d'éviter les confusions possibles pour le consommateur. Mais côté italien, « nous avons voulu des noms incluant celui de la variété parente, car à l'aveugle, les vins présentent une réelle similitude. Et elle est présente dans la génétique à au moins 50 % », explique Loïc Breton. C'est ainsi que VCR a obtenu des cabernets volos, merlot khorus, sauvignon kretos, etc.

« Nos variétés ont été agréées partout en Europe et validées par l'organisme international qui décide de la validité des noms commerciaux. On ne peut pas les cultiver en France, mais on pourra vendre en France des vins produits en Belgique avec ces variétés, par exemple », constate Loïc Breton, pour qui la situation relève de la distorsion de concurrence. « Notre matériel végétal est prêt. Face à l'urgence de diminuer les traitements et à l'impact climatique, pourquoi ne pas les autoriser ? »

 

Ça bouge. Fin 2021, la variété résistance blanche fleurtai a été inscrite au classement des variétés françaises. Le vin issu de ce cépage peut être commercialisé. Dans le même décret, on apprend que le calardis blanc de Mercier frères est temporairement inscrit pour dix ans. Cette variété récemment autorisée en Allemagne combine diverses résistances à l'oïdium et au mildiou ainsi qu'à la pourriture noire, d'après Piwi International. La maturité du nouveau cépage est d'environ une semaine avant le riesling.
Par ailleurs, de
nouvelles variétés résistantes obtenues par l'Inrae font depuis peu partie du catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées en France.
Elles se nomment coliris (N), lilaro (N), sirano (N), selenor (B). Se rajoutent à cette liste, vidal (B) de l'IFV, coutia (B) et luminan (B) pour l'interprofession de Cognac. Afin d'être prochainement plantées, ces variétés interspécifiques seront bientôt proposées au classement.

 

Article paru dans Viti Leaders de mars 2022

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