Vigne et légumes, un mariage à tenter ?

Pierre-Yves Petit a commencé en 2019 des essais pour associer vignes et légumes. Les oignons ont été implantés dans le rang dans l’entre-roue du tracteur sur environ 50 à 60  cm de large. Photo : Pierre-Yves Petit

Pierre-Yves Petit, viticulteur, chercheur et formateur-consultant indépendant en permaculture a démarré en 2019 des essais d’implantation de légumes entre les rangs de vigne.

Pierre-Yves Petit a débuté en 2019 des essais d’implantation de légumes entre les rangs de vigne. « Je me suis installé à Vic-la-Gardiole dans l’Hérault, près de Montpellier, en 2017 avec un objectif : développer une exploitation qui soit travaillée et réfléchie selon les principes de la permaculture, avec la volonté de ramener de la résilience territoriale, d’introduire de la polyculture », explique Pierre-Yves Petit.

Des alliacées pour commencer

Il a commencé sur ses vignes héraultaises en 2019 des essais d’implantation de légumes entre les rangs de vignes avec des alliacées  : oignon, ail, échalote. « J’ai choisi cette famille de légumes car les alliacées sont des plantes myco-compatibles : leurs racines font des mycorhizes proches de celles de la vigne. Dans les racines des alliacées, il y a un environnement de spores de glomeromycomycètes capables a priori de mycorhizer la vigne. »

L’implantation de légumes entre les rangs présente donc un double intérêt à ses yeux  : cela permet d’un côté l’apport d’un inoculum naturel en quelque sorte qui pourrait profiter à la vigne et d’un autre côté la production de légumes. Bien sûr la production de légumes pose quelques questions, notamment vis-à-vis des traitements phytosanitaires appliqués sur la vigne qui touchent forcément les légumes. « D’où le choix de légumes “sous terre”. Par ailleurs, je suis implanté dans un secteur particulier, en bord de mer, avec peu de maladies : pas de mildiou, juste de l’oïdium et les vignes de raisin de table où sont implantés les essais sont assez tolérantes à l’oïdium, je ne traite qu’en cas de besoin avec de l’Héliosoufre », précise-t-il. En 2020, des essais de traitement foliaire à base de thé de compost vont être appliqués pour tenter de réduire drastiquement les traitements fongiques sur vignes. Ces expérimentations se feront en collaboration avec un programme de recherche paysanne mis en place par l’association audoise Chemin cueillant ainsi qu’avec le laboratoire d’analyse microbiologique de Jeremy Rizoud  : Lab’O fertiles.

« J’ai débuté l’essai “alliacées” en 2019 sur 2 000 m2, sur deux rangs de vignes de raisin de table palissées avec un écartement au sol de 2  m. Les légumes ont été implantés dans le rang dans l’entre-roue du tracteur sur environ 50 à 60  cm de large. Le reste de l’interrang est biné ou couvert avec du mulch de déchets verts (déchets verts issus de déchetterie valorisables en bio). La densité de plantation est de huit à dix plants d’oignon par mètre linéaire, sur deux rangs, implantés au 15  avril. J’ai fait les essais à la main, mais la mise en place des plants peut être réalisée avec une planteuse maraîchère. En principe, la récolte s’effectue en juillet. J’ai également fait un essai d’implantation d’oignons de Tarassac (variété d’oignon doux qui se conserve l’hiver) sous un mulch de broyat végétal de 5-10  cm d’épaisseur. Mais l’an dernier, avec la sécheresse extrême, les bulbes ne se sont pas formés, ils sont repartis en feuille, je les laisse en terre durant l’hiver et coupe les bourgeons floraux au printemps pour que les bulbes puissent se former sur les repousses », signale Pierre-Yves Petit.

Place aux fèves et petits pois

Cette première année d’expérimentation a montré la faisabilité de la co-culture. Il n’y a pas eu d’effet négatif sur la vigne. Pour 2020, il compte poursuivre ses essais  : « Je vais continuer en 2020 ce type d’essais avec des alliacées dans des vignes de muscat à petits grains taillées en gobelet. Je vais aussi faire des essais avec d’autres types de légumes comme les fèves, et les petits pois, implantés cette fois sous le rang à 10 cm du passage de roue, pour pouvoir passer en cas de besoin et faire un traitement sur la vigne. »

Pourquoi pas la pomme de terre

D’autres légumes pourraient être intéressants à cultiver avec les vignes, comme les pommes de terre. « Personnellement, mes sols de garrigue très pierreux, ne sont pas des sols adaptés aux pommes de terre, mais un collègue du réseau Vignes en transition1 a effectué sur le même principe des essais de pommes de terre, cultivées dans l’interrang de vignes résistantes aux maladies crytptogamiques en alternance un rang sur deux avec des engrais verts et récoltées à la décavaillonneuse », cela a plutôt bien fonctionné, avec des rendements intéressants. Il a également testé fèves et courges butternut, avec un peu moins de rendement pour les courges que dans un potager classique, mais une bonne couverture du sol par les courges, « une couverture intéressante pour maintenir sous contrôle les adventices».

(1) Réseau de personnes intéressées par les sujets d’aide à la transition écologique en viticulture, crée par Pierre-Yves Petit.

Article paru dans Viti 450 d

e mars 2020

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