Une bonne protection reste possible dans la limite de 4 kg/ha/an de cuivre

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Peut-on maintenir rendement et qualité des raisins et des vins bio malgré la diminution des doses autorisées de cuivre ? Telle est l’hypothèse qu’a testée l’IFV Occitanie sur trois sites. Après trois années d’essais, dont deux avec une forte pression mildiou, la réponse semble rassurante. 

En appliquant une quantité adaptée à la situation, au bon moment, il devrait être possible de protéger la récolte de manière satisfaisante en Occitanie, même avec des restrictions de doses de cuivre. Tels sont les enseignements, encore à consolider, qui se dégagent du projet BioCuVitiOeno, co-financé par la Région Occitanie. L’Institut français de la vigne et du vin (IFV) a mis en pratique une stratégie de réduction du cuivre, avec une limite maximale de 4 kg/ha/an, sur trois sites : à Gaillac sur sauvignon en blanc, sur fer servadou en rouge et en Costières de Nîmes en rosé. Cette modalité a été comparée avec une stratégie maximisant l’utilisation du cuivre pour évaluer la présence potentielle de résidus sur les baies et le programme du viticulteur chez qui les essais étaient implantés. 

Réduction selon Décitrait©

Pour réduire l’apport de cuivre, les expérimentateurs se sont basés sur les indications de l’OAD Décitrait© pour la modélisation des risques et la modulation des doses. Ils ont aussi introduit une possibilité de réduction supplémentaire des doses de 20 % en cas de faible pression, avec ajout ou non de produits de biocontrôle (Cos-Oga et huiles essentielles d’orange douce), pour compenser cette diminution. 

Sur les trois années d’essais, deux ont pu être prises en compte : 2018, où la pression mildiou était très forte (témoin non traité détruit à 97 %) et 2020, où la pression était moyenne dans les régions concernées. Les résultats exploitables montrent que la stratégie de réduction des doses permet généralement une protection efficace. En 2018, en Costières de Nîmes par exemple, le mildiou a été contrôlé aussi bien avec une stratégie à 3,3 kg de cuivre sur l’année qu’avec la stratégie expérimentale « ancienne réglementation » à 7 kg et la stratégie viticulteur à 5,6 kg. « L’arbre de décision a permis d’économiser 40 à 60 % des apports de cuivre, tout en gardant un très bon résultat », résume Audrey Petit, ingénieur à l’IFV. 

Le même type de résultat a été mis en évidence en 2020 sur sauvignon à Gaillac, avec une pression mildiou conduisant à un tiers de récolte perdue sur le témoin non traité. Cinq traitements et 1,7 kg/ha/an ont apporté une protection identique à la stratégie viticulteur à huit traitements et 2,8 kg/ha/an. Les essais vont continuer encore pendant une année pour renforcer ces résultats.

European union copper task force
« Pour nous, le cuivre n’est pas un problème pour la santé »

Alors que le cuivre n’a décroché son inscription sur la liste des matières actives autorisées par l’Union européenne que pour sept ans, douze entreprises qui commercialisent du cuivre ont monté une task force européenne (EUCTF). Son objectif ? Renouveler l’approbation du cuivre lors de la prochaine réévaluation. Selon elle, l’Europe a utilisé des modèles non pertinents pour évaluer le cuivre. L’EUCTF a ainsi fait appel de la décision classant le cuivre comme persistant, qui lui a valu d’être classé en matière candidate à la substitution. Le jugement est attendu au printemps. La task force mène aussi des essais de longue durée (depuis 2003) pour étayer ses propos. 
En parallèle, l’Efsa prépare un nouveau guide pour l’évaluation du cuivre, disponible en mars 2021, qui pourrait résoudre ces problèmes. Ou pas. D’après Matthias Weidenauer, représentant de l’EUCTF, le cuivre ne présente pas de danger pour la santé des travailleurs ni pour celle des consommateurs. Le seul point de vigilance concerne le seuil de biodisponibilité pour les organismes terrestres tels que les lombrics. « Les autorités sont inquiètes. Nous pourrons sans doute réhomologuer le cuivre deux ou trois fois, mais après ? Il faut trouver une solution à l’accumulation », prévient-il. 

Réglementation
Ce qui est autorisé ou pas…

Pouvez-vous lisser les quantités de cuivre applicables ? Devez-vous respecter une ZNT ? Le point avec Nicolas Constant, de SudVinBio.
En France, la situation réglementaire du cuivre s’est complexifiée depuis l’an dernier. Actuellement, deux types de produits cohabitent : ceux qui bénéficient d’une ancienne homologation (avant 2019), qui peuvent être utilisés à raison de 28 kg/ha sur sept ans. Et les nouveaux, avec mention Spe1, dont les AMM indiquent une dose maximale de 4 kg/ha/an. Attention, si on utilise un seul produit Spe1 pendant la campagne, la limite à ne pas dépasser devient 4 kg/ha/an, même si les autres produits utilisés pendant la campagne ne sont pas concernés par cette mention. « Au fil des réévaluations, les anciennes homologations vont disparaître et le lissage va devenir impossible », prévient Nicolas Constant, de SudVinBio. Même situation dichotomique au regard des ZNT. Dans l’arrêté du 27 décembre 2019, le cuivre n’a pas de « ZNT riverain »… sauf pour les produits dont l’AMM le précise. Là encore, les deux types de produits existent actuellement sur le marché : sans ZNT ou avec des ZNT jusqu’à 20 m. Comment les reconnaître ? Se renseigner sur e-phy et/ou se référer aux étiquettes. Les engrais foliaires à base de cuivre sont autorisés en AB… sous réserve que leur emploi soit justifié par une analyse de sol ou de végétal. Si tel n’est pas le cas, le producteur s’expose à un rappel à l’ordre, voire à un déclassement de sa production, en cas de récidive, par exemple. Dans tous les cas, les quantités de cuivre apportées par ces engrais entrent en compte dans le cumul annuel comptabilisé
par l’organisme certificateur.

 

Article paru dans Viti 457 de janvier 2021

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