Traitement à l'eau chaude : la polémique

La controverse est révélatrice des tensions actuelles. Fantasme ou réalité, toujours est-il qu'avec les maladies du bois, la flavescence dorée concourt au titre de prochain fléau majeur de la viticulture française. D'abord en raison des pertes économiques induites, puisqu'il suffit de 20% de pieds atteints sur une parcelle donnée pour se trouver dans l'obligation d'arracher la totalité de celle-ci. Ensuite, parce que le consensus n'est pas établi sur le principal motif de propagation du virus: défaut de vigilance au vignoble, ou matériel végétal d'origine douteuse? Viticulteurs et pépiniéristes se renvoient la balle.

Aussi, un communiqué récent de la Fédération française de la pépinière viticole (FFPV) a mis le feu aux poudres. Le texte fustige l'arrêté ministériel du 19 décembre 2013 qui envisage la systématisation préventive du traitement à l'eau chaude (TEC) contre la flavescence dorée, en préalable à la certification des plants de vigne. Le TEC consiste à immerger le matériel végétal dans une cuve d'eau chauffée à 50°C, pendant 45 minutes. Il s'agirait pour les viticulteurs - et pour les autorités publiques - de la seule méthode garante de l'élimination du phytoplasme dans les bois et les plants.

Jean-Hugues Goisot, président de la commission technique de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB) rappelle que:

Le greffage peut effectivement transmettre le phytoplasme responsable de la flavescence dorée. Or, s'il est possible de prospecter les vignes-mères de greffons à la recherche de symptômes en végétation, les porte-greffe en revanche peuvent être porteurs sains, et n'extérioriseront pas la maladie. Donc, le doute subsistera toujours... C'est pourquoi en Bourgogne, depuis 2013, le TEC est rendu obligatoire par arrêté préfectoral, et il est inscrit au cahier des charges dans toutes les appellations. Si les pépiniéristes de la région souhaitent que leur matériel végétal soit labellisé "etiquette bleue", ils devront s'y conformer,

Naturel, mais pas neutre pour la vigne

En réponse, le président de la FFPV, David Amblevert, met en garde vis-à vis des "risques" inhérents au TEC:

des problèmes de non-reprise à la plantation ; des retards au débourrement (jusqu'à trois semaines sur sauvignon blanc, selon une observation effectuée en Gironde), la sensibilité extrême de certains porte-greffe comme le 41B, le SO4 et le Fercal… Le TEC est certes un traitement naturel, mais qui pousse la vigne à la limite de sa résistance physiologique. Une situation qui contraint les pépiniéristes à alerter les viticulteurs demandeurs de TEC, voire à leur faire signer une décharge, en raison du préjudice économique potentiel.

D'un côté comme de l'autre, les arguments sont recevables. Alors, entre la rationalité du pépiniériste, qui craint d'être poursuivi en justice et de devoir verser des indemnités financières, et la rationalité du vigneron, qui ne veut surtout pas mettre en terre des plants contaminés, la voie médiane impliquerait déjà de respecter quelques principes élémentaires de mise en oeuvre du TEC. Par ailleurs, les organismes agréés testent actuellement des couples durée/température moins traumatisants pour la vigne. Miguel Mercier, vice-président de la FFPV, déclare:

L'IFV devrait publier sous peu les résultats de deux années de travaux consacrés au TEC: il en ressort qu'avec 2 ou 3 degrés de moins, mais sans réduire le temps de trempage, le traitement conserve toute son efficacité curative,

Pour ou contre le TEC : vous êtes invités à prendre position !
 

POUR ALLER PLUS LOIN :
Le communiqué de presse de la FFPV
Lutte contre le phytoplasme de la flavescence dorée : l'eau chaude réinventée!
Le TEC également efficace contre les oeufs de "Scaphoideus titanus"?

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