« Se recentrer sur la physiologie »

Comment conduire sa vigne pour assurer la quantité et la qualité ? Pour aider les vignerons, une formation a été organisée par la Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher mi-mars, avec l’intervention de Perrine Dubois de l’ATV49. Pour la conseillère viticole, l’enjeu est de se recentrer sur la physiologie de la vigne :

L’objectif est bien de rechercher l’équilibre entre la quantité de raisin et sa qualité, en régulant la croissance de la vigne par rapport à la mise en réserve. Après avoir ajusté, lors de la taille, le nombre d’yeux fructifères par rapport à son objectif de production, il faut optimiser le rapport feuilles/fruits avec une hauteur de feuillage suffisante. Pour constituer ses 20% de matière sèche, la vigne puise 18 % de ses besoins dans l’air et seulement 1 à 2 % dans le sol. C’est peu mais essentiel. Il faut favoriser un enracinement profond pour y pouvoir ».

 
Petit condensé des points essentiels abordés par Perrine Dubois lors de la formation :
 
 

  1. Physiologie de la vigne : gare à la période charnière

Le mois d’août est une période charnière : après la phase de croissance de mars à juillet, la vigne passe à la phase de mise en réserve (maturation des baies et aoutement des bois). Cet arrêt de la croissance est provoqué par la diminution de la photopériode, de l’eau dans le sol et de la quantité de jeunes feuilles par rapport au feuilles adultes ou sénescentes. Plus il est retardé, moins la vendange sera qualitative. À partir de cette période, il conviendra donc de limiter la minéralisation de l’azote dans le sol, par exemple, il est préférable de tondre l’herbe plutôt que de l’incorporer lors d’un binage.  
 

  1. Adapter la taille à l’objectif de production

En laissant un nombre d’yeux fructifères associé à l’objectif de rendement :
Rendement hectare = nombre d’yeux fructifère laissé à la taille par souche x nombre de grappes par œil (fertilité du cépage)  x poids moyen d’une grappe x nombre de souche à l’hectare
 
Il est aussi important d’adapter la taille à la vigueur des plants. Si la souche est vigoureuse, la taille pourra être rallongée en laissant davantage d’yeux fructifères, quitte à réaliser par la suite une vendange en vert (suppression d’une partie des grappes 15 jours avant véraison). Si le pied est plus chétif, il faudra raccourcir la taille. L’inverse est souvent pensé, mais il est bien conseillé de laisser s’exprimer la vigueur de la vigne lorsqu’elle est là, et non chercher à homogénéiser la productivité des pieds, insiste Perrine Dubois.

Attention aussi aux trajets de sève : la mortalité des souches est avant tout due aux plaies de taille, et non à un épuisement du sol, précise la conseillère. Tailler très ras entraîne la formation d’un cône de desséchement qui gênera la circulation de la sève, avec des conséquences graves sur l’alimentation des feuilles en eau, notamment en été.
 

  1.  Ajuster la hauteur de rognage pour optimiser la photosynthèse

La surface foliaire doit être adaptée à la charge de la vigne, pour que la photosynthèse pourvoie de façon optimale aux besoins de la souche. Contrairement aux jeunes feuilles, qui consomment du carbone, les feuilles adultes, à partir de 20 jours, ont un bilan positif. Celles positionnées à l’extérieur réaliseront beaucoup plus de photosynthèse que celles situées au centre qui ne captent que 10 % de lumière. D’où l’importance du palissage pour mettre les feuilles le plus possible à la lumière.  En millésime ensoleillé, 1m² de feuillage alimente 1kg de raisin ; par temps couvert, il faut compter un rapport de 1,5 à 2 fois supérieur. La surface foliaire éclairée sera donc ajustée par la hauteur de palissage
 

  1. Fertilité du sol : favoriser l’enracinement profond

Plus la densité de plantation sera importante, plus le rendement/ha sera élevé ; cette observation est sans limite, explique Perrine Dubois, grâce à l’enracinement profond de la vigne, à condition que les travaux à la plantation et à l’entretien le permettent. Pour favoriser l’enracinement en profondeur, qui permettra aux plants de mieux capter les nutriments et l’eau, surtout en période de stress hydrique, il conviendra de bien préparer le sol avant plantation. Pas de labour de défoncement , mais un passage  de sous-soleuse à dents droites, sur un sol avec un couvert végétal. Ce sous-solage sera fait à l’automne, six mois avant la plantation. L’implantation d’un engrais vert permettra de combler les fissures créées, et évitera au sol de se retasser.

Que pensez-vous de ces techniques ? Les pratiquez-vous ?

En lien avec ce sujet :
- Préserver son potentiel de production (Article Mon-Viti)
- Comment semer des engrais verts (Vidéo Mon-Viti)
 

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