Premiers retours d'expériences sur la variété résistante souvignier gris

Le souvignier gris est un cépage précoce, très vigoureux, donnant des rendements plutôt plus élevés que le chardonnay (6 à 20 t/ha en zone septentrionale).

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Autorisé en France depuis 2017, le souvignier gris a déjà été planté depuis quelques années pour son étude expérimentale. Les premiers résultats ont mis en évidence des qualités agronomiques et œnologiques intéressantes. Qui séduisent déjà quelques viticulteurs.

 

Ses baies sont roses, ce qui n’est pas si courant parmi les cépages les plus cultivés en France. Mais sa plus grande originalité tient plutôt au fait qu’il est résistant au mildiou et à l’oïdium. Une résistance qu’il tient d’un de ses parents, le bronner (l’autre étant le cabernet-sauvignon). Lui, c’est le souvignier gris, l’une des variétés résistantes actuellement autorisées en France.

D’après ses connaissances,  l’IFV peut confirmer que le souvignier gris possède au moins un « gène » de résistance pour l’oïdium : Ren 3.
Pour Thierry Grimal, de la chambre d’agriculture de l’Aude, responsable du domaine expérimental de Cazes, dans l’Aude, le souvignier gris est un cépage intéressant à plus d’un titre : sa résistance à l’oïdium et au mildiou a été confirmée dans les conditions du domaine. « En 2018, grosse année de mildiou, nous avons vu des fructifications sur feuilles mais rien sur grappes. Malheureusement, nous n’avons pas pu mener les observations jusqu’à la vendange, car un orage de grêle a détruit la quasi-totalité de la vendange », regrette Thierry Grimal, qui préconise toutefois de conserver deux traitements par an, un contre l’oïdium et un contre le mildiou, sous peine de voir les maladies dites « secondaires », telles que le black-rot ou l’anthracnose, prendre de l’ampleur.

« Sur une échelle de sensibilité à l’oïdium de 0 à 100, le chardonnay est à 100 % sensible, le merlot à 43 % et le souvignier à 12 % », indique Nathalie Goma Fortin, de la chambre d’agriculture de l’Hérault, confirmant ainsi la bonne résistance du souvignier gris à l’oïdium.

Les vins de souvignier obtenus par le domaine de Caze présentent une bonne intensité aromatique, typée agrumes. Source :  Sandrine Galy, service communication Chambre agriculture de l’Aude

Pourvoyeur d’acidité en assemblage

La résistance aux maladies n’est pas le seul atout du souvignier gris. Son port dressé facilite le palissage. Il est vigoureux mais aucune coulure n’a été constatée jusqu’à présent dans les conditions de l’Aude. Côté pratique, il est précoce, mais pas trop, puisqu’il peut être récolté en même temps que le chardonnay et donc, pendant la période d’ouverture habituelle de la cave coopérative du Razès, qui vinifie une partie des raisins du domaine.

Autre point positif : les vins obtenus avec le souvignier présentent une bonne intensité aromatique, typée agrumes. Le domaine a effectué trois vinifications de cette variété dans sa cave expérimentale. « Les vins sont toujours sortis avec une acidité assez marquée », indique le responsable du domaine de Cazes. Des essais d’assemblage à différentes hauteurs, conduits avec la chambre d’agriculture de l’Hérault, ont montré que jusqu’à 15 %, le cépage principal n’était pas dénaturé, tout en étant rafraîchi par l’acidité du souvignier, avec une longueur en bouche parfois meilleure.

L’Institut coopératif du vin (ICV), qui a également vinifié ces raisins, indique que les baies sont fermes et que le rendement de pressurage n’est pas très bon. Même si les baies sont roses, aucun transfert de couleur n’a été noté dans les conditions de travail de l’Institut. Des qualités qui n’ont pas échappé aux Vignerons de Tutiac (Gironde). Après trois années d’essais menés par la cave coopérative, onze hectares ont été plantés chez huit adhérents. « Ce cépage donne des vins blancs très aromatiques », indique la cave, qui souhaite ainsi réduire l’utilisation de produits phytosanitaires.

Déçus face à la sécheresse

Ils ont planté du souvignier
En revanche, les essais de l’Occitane, à Servian (Hérault), ont été moins concluants. La coopérative a planté une parcelle expérimentale en 2014, avec l’aide du conseil départemental, qui compte 1 ha de souvignier gris. Depuis, la parcelle a été louée à un jeune viticulteur. Des suivis sont effectués par la chambre d’agriculture et l’IFV. « Nous avons été un peu déçus par le comportement du souvignier gris face à la sécheresse », indique Alain Selponi, du service vignoble de la coopérative, qui estime que le cépage n’est pas le plus adapté au terroir local.

Sa précocité nécessite une récolte à la mi-août. Sur ce site, les rendements n’atteignent pas l’objectif des 80 hl/ha escomptés. « Il est vrai que la variété n’a pas pu être plantée sur le porte-greffe souhaité et les jeunes plants ont souffert dès la plantation d’une sécheresse. Mais si nous devons planter des cépages résistants, nous choisirons plutôt des français », conclut-il.

 

Les cépages résistants ne sont pas toujours exempts de symptômes de maladies, même s’ils sont réduits.

 

Pour aller plus loin : il est possible de consulter des fiches de dégustation des variétés résistantes établies par l’IFV. Elles synthétisent les résultats obtenus par la méthode d’évaluation de la proximité sensorielle avec un autre cépage connu. Par exemple, pour le souvignier gris, les dégustateurs ont estimé qu’il se rapprochait plus du chardonnay que du riesling ou du sauvignon.

 

Viti leaders 440 février 2019

Article paru dans Viti Leaders de février 2019

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