Premières alertes de gel de printemps : quelles solutions préventives ?

Après des journées particulièrement printanières ces deux dernières semaines, les secteurs les plus chauds conjugués aux cépages les plus précoces ont pris un peu d’avance au débourrement. Malencontreusement, une vague de froid est annoncée sur de nombreuses régions à partir de ce vendredi 1er avril 2022. Avec un flux de nord est, les risques de gelées de printemps nocturnes ne sont donc pas à écarter. Heureusement, la lune sera noire.

Outre les solutions reconnues comme efficaces (bougies, chaufferettes, fils chauffants, tours anti-gel, aspersion...), des alternatives préventives sont proposées dans la littérature scientifique et agronomique viticole.
Lors de la journée Comptoir Agricole – VitiVina, Philippe Kuntzmann, le responsable technique a présenté une solution à base d’huile de paraffine usuellement appliquée contre la cochenille. L'aspirine pourrait aussi avoir des effets. Selon Bernard Lachaise, un ingénieur agronome, (Société Gétade environnement), l’aspirine, ou acide acétylsalicylique, aurait un effet fluidifiant sur la sève. La substance est commercialisée en tant que produit de préparation naturelle peu préoccupante (PNPP). Elle peut être préparée à partir d'extraction en décoction de l’écorce de saule.

Une bactérie qui favorise l'initiation du gel

Existe-t-il une lutte biologique contre les dégâts du froid? Certaines bactéries, dites glaçogènes, appartenant à l’espèce Pseudomonas syringae disposent dans leur membrane de protéines antigel capables de provoquer une cristallisation à des températures « plus élevées » de l’ordre de -2 à -4°C. Donc cette bactérie favorise l'effet de gel en initiant la cristallisation à des températures plus proches de zéro degré, et elle est présente en verger et vigne.
La méthode de lutte consiste donc à lutter contre cette bactérie soit par une bactérie antagoniste, comme Pseudomonas fluorescens souche A5O6, ou directement par un traitement au cuivre. En certaines circonstances, des essais en Californie ont fait remonter le point de gelée de 3°C. Reste donc à considérer si cette bactérie «cristallisante» est présente ou pas dans les parcelles...

Autre produit, sous le nom de code PEL101GV®, il s'agit d'un hétéroside (sucre complexe naturel appartenant à la famille des xyloglucanes, Heptamaloxyloglucan précisément) extrait de la pomme. Selon la société Elicityl qui le commercialise, le mode d’action repose sur la « limitation l’accumulation de radicaux libres générés en réponse d’un épisode gélif. Ce qui provoque l’accumulation de molécules cryoprotectrices telles que le glucose » dans les tissus végétaux. Appliqué au stade pointe verte, « la vigne pourrait résister jusqu'à -3,5 °C à -4,5 °C. PEL101GV s'utilise 12 à 48 h avant le gel annoncé. Il aurait une persistance d’action de 4 jours. La pulvérisation ne doit pas se faire le matin même, car l’eau peut amplifier les dégâts de gel. » Coût : 60€ /ha (rémanence de 4 à 5 jours)

Hélas différents instituts techniques rappellent que « l'efficacité de ces produits reste intrinsèquement dépendante de l’intensité des épisodes de gel, à laquelle s’ajoute la complexité de leur mise en œuvre, qui devra être bien maîtrisée pour garantir une protection optimale.» Les instituts préconisent de bien caractériser les épisodes de gel (advectif, radiatif – gelées blanches ou noires) pour déclencher une lutte efficace.

Autre solution, les flashs d’UV. En 2021, la société UV Boosting a observé des effets bénéfiques des UV contre le gel
 

Retarder l’attachage et la taille

La littérature décrit plusieurs autres facteurs comme le fait de retarder l'attachage, qui étale le débourrement. Le fait est qu’avec le phénomène d’acrotonie, ce sont les bourgeons du haut qui débourrent en premier. Donc en réduisant l’acrotonie par l'attachage, on favorise donc l'étalement du débourrement. Et les bourgeons de la base du bois, à un stade moins avancé que ceux de l'extrémité, sont moins sensibles au gel.

Sinon, l'autre solution repose sur la taille de mars, ainsi le débourrement est retardé de cinq à six jours par rapport à une taille de décembre ou janvier, observent plusieurs physiologistes. Mais l’effet de la vigueur des vignes serait cependant supérieur à celui de la date de taille vignes taillées tôt ou tard.

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