Mesurer leur efficacité

Poudre de perlimpinpin ou remède réellement efficace ? Les stimulateurs de défense des plantes (SDP) suscitent beaucoup d’interrogations. Celles-ci semblent légitimes, car si les expérimentations de laboratoire menées sur les SDP donnent plutôt de bons résultats, les efficacités sont beaucoup plus aléatoires en conditions naturelles.

Avec l’aide du CIVB, Marie-Cécile Dufour de l’Inra de Bordeaux a développé un outil appelé BioMolChem, combinant une approche biologique, moléculaire et biochimique, qui permet d’évaluer l’état de défense de la vigne.

L’outil moléculaire se rapporte à une méthode de RT-PCR quantitative, mise au point à l’aide d’une vingtaine de gènes marqueurs fortement impliqués dans les mécanismes de défenses de la vigne. La partie biochimique consiste à doser les stilbènes (molécules de défense). Enfin l’approche biologique repose sur l’observation visuelle du développement du mycélium et de la sporulation des champignons.

Marie- France Corio-Costet, en charge du programme SDP à l’Inra de Bordeaux, précise :

L’approche biologique permet de discriminer les marqueurs de défense induits mais qui n’apportent aucun effet protecteur, et les marqueurs de protection pour lesquels l’expression est vraiment corrélée à un niveau de protection.

 
Grâce à cet outil, un certain nombre d’hypothèses ont pu être validées :
 

  1. Il existe un impact important de la variabilité intra ou inter-espèce des agents pathogènes sur l’efficacité des éliciteurs (SDP). En laboratoire, un analogue de l’acide salicylique s’avère par exemple aussi efficace sur le mildiou et l’oïdium. Un second, de type phosphonate (éliciteur et fongicide) révèle une efficacité plus faible sur les souches d’oïdium du groupe A que sur les souches de mildiou et d’oïdium de groupe B.
  2. Chaque individu ne réagit pas de la même façon aux stimulateurs. L’âge et le stade physiologiques de la plante interfèrent également.
  3. L’efficacité des défenses varie selon l’organe considéré. L’analogue de l’acide salicylique protège beaucoup mieux les grappes que les feuilles alors que le phosphonate-fongicide protège mieux les feuilles et peu les grappes (essais réalisés au vignoble en 2009 en situation de forte pression).

 
Certaines idées reçues ont à l’inverse été balayées :
 

  1. Si les quantités de resvératrol et de picéide augmentent dans les feuilles infectées, elles n’ont pas d’efficacité réelle : ce sont donc des marqueurs de défense.
  2. En revanche, la teneur en ptérostilbène est directement corrélée à l’utilisation d’un SDP et à son efficacité : ce sont donc des marqueurs de protection. Ce stilbène a par ailleurs été retrouvé dans des génotypes de plantes partiellement résistants ou résistants à l’oïdium et au mildiou, ainsi que dans des plantes traitées au vignoble avec plusieurs SDP. Une autre molécule, inconnue à ce jour, semble corrélée à l’efficacité de protection des grappes.

 
Marie-France Corio-Costet conclut :

Les nombreux essais réalisés avec des SDP montrent qu’ils sera possible d’envisager des réductions de 30 à 50 % des intrants, et sans doute assurer une protection complète pour des génotypes partiellement résistants au mildiou et à l’oïdium. Cependant, étant donné la variabilité des réponses des différents cultivars de vigne, une étude d’efficacité en fonction des cépages et des conditions agronomiques sera un préalable.

 

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