Après le violent orage de grêle de la nuit du 8 au 9 juin, les estimations du sinistre s'affinent et la prise en charge s'organise.
Près d'un millier d'hectares a été touché en Médoc, dont 680 sur la seule commune de Blaignan, selon la préfecture de Gironde. Dans cette zone, 120 viticulteurs exploitant 1700 hectares de vignes sont recensés. La production avoisine 100 000 hl, en année moyenne, dont les trois quarts vinifiés en chais particuliers.
Les niveaux de dégâts sont variables, mais ils semblent très élevés, proches de 100% au cœur de la zone sinistrée, indiquent les autorités.
Un bilan plus précis devrait être établi d'ici dix jours.
À Cognac, 10% du vignoble seraient touchés selon une première estimation, en prenant en compte le sud de la Charente qui a subi un épisode de grêle la veille (du 7 au 8 juin).
Selon la chambre d'agriculture de Charente:
Le niveau de perte dépendra des dégâts subis, mais aussi des facultés de la vigne à redémarrer sur des yeux non débourrés (yeux sourds et contre-boutons) et à compenser la disparition d’une partie des grappes par un grossissement des grappes épargnées. Il est impossible de prévoir l’importance de ce rattrapage. La deuxième conséquence concerne la taille de l’hiver prochain: il est possible que la qualité des bois soit insuffisante pour garantir une production normale en 2015.
Des dispositif d'aide à mobiliser
Si la grêle ne relève plus du régime des calamités agricoles, plusieurs dispositifs d'aide sont toutefois susceptibles d'être mobilisés pour aider les vignerons touchés à passer le cap: le dégrèvement de la taxe foncière non bâtie (TFNB) pour les parcelles touchées, les autorisations d’achats de vendanges (comme un arrêté préfectoral l'autorisait l'an dernier en Gironde), le recours à l’activité partielle et la prise en charge des cotisations sociales MSA.
Le régime des calamités agricoles est mobilisable pour les pertes de fonds, si les dommages impactent la récolte 2015 ou les suivantes, indique le ministère de l'Agriculture.
Le vrai problème demeure, à savoir le faible pourcentage de vignes assurées. Dans la zone touchée du Médoc, seuls 460 hectares de vigne bénéficiaient d'une assurance grêle en 2010 (un viticulteur sur cinq). Même si une progression a été constatée en Gironde, pour la campagne 2014, le taux de couverture reste sans doute loin des 100%.
La gestion des risques climatiques fait partie du plan stratégique de la filière viticole. Ce dernier propose notamment de développer l'assurance récolte et de créer des outils assurantiels innovants en complément.
Néanmoins, le problème financier reste entier: comment mieux mutualiser les coûts, pour que tous puissent s'assurer?
Au plan technique, quelques conseils:
Si la protection phytosanitaire des jeunes pousses semble indiquée, lorsqu'elles seront sorties et à l'annonce de pluies, il n'est pas nécessaire de traiter rapidement au cuivre, dont l'effet cicatrisant n'a jamais été démontré. Au contraire, le cuivre est déconseillé en période de floraison car il a tendance à freiner la pousse.
De même, il est déconseillé de tailler les pousses partiellement endommagées. Des essais conduits en 2009 (BNIC, chambre d’agriculture de la Charente) avaient montré que la coupe des sarments abîmés favorisait surtout le départ de gourmands sur les bras et les troncs et retardait le redémarrage de la végétation. Elle accentue l’aspect buissonnant des ceps et engendre de nombreuses plaies de taille sur le tronc, l’hiver suivant. Il semble préférable de conserver le maximum de végétation restant après la grêle, pour un redémarrage le plus rapide possible.
Pour aller plus loin :
► Lire la note technique de la chambre d'agriculture de Charente.
► Notre article sur l'assurance récolte vue par Jérôme Despey l'an dernier.
