Les chroniques vineuses de Jay McInerney

Toujours ce penchant pour le luxe, la décadence et ... l'hédonisme. Mieux connu pour ses peintures au vitriol des yuppies new-yorkais accros à la cocaïne et aux whiskeys (l'emblématique Journal d'un oiseau de nuit, 1984 ; Trente ans et des poussières, 1992 ; La belle vie, 2006), le romancier américain Jay McInerney s'était fait discret ces dernières années. Désormais, nous savons à quoi il consacrait l'essentiel de son temps: sillonner les vignobles du monde entier et déguster des flacons d'exception, en vue de rédiger de savoureuses chroniques sur le vin pour le compte du Wall Street Journal, notamment. Il a eu l'idée de les rassembler dans un recueil intitulé Bacchus et moi, paru en français en octobre 2013 (éditions de la Martinière).

Il faut dire que, pour McInerney, le vin n'est pas un hobby passager, mais une véritable passion au long cours. Alors même qu'il mettait en chantier son roman inaugural, au début des années 1980, il travaillait déjà chez un caviste new-yorkais. Dix ans plus tard, il écrivait ses premiers textes sur le vin dans la défunte revue House & Garden. Aussi, à la lecture de son livre, on comprend que McInerney envisage l'œnophilie comme une autre manière de célébrer l'épicurisme, sans le ton désabusé ni la profonde mélancolie qui imprègnent ses romans. 

Galerie de portraits

Raconter des "true stories", communiquer du plaisir sans se prendre trop au sérieux, voilà l'objectif modeste et ambitieux de l'Américain. Pour cela, il s'est forgé une méthode: l'analogie, les comparaisons, les références aux arts et à la culture populaire. Dans Bacchus et moi, les vins sont des toiles de maîtres (un Gauguin pour le condrieu), les vignerons évoquent les personnages de Balzac (Michel Chapoutier, Dominique Lafon) ou d'Hemingway (le Sud-Africain Anthony Hamilton-Russell), les propriétaires bordelais renvoient aux aristocrates proustiens (les de Rothschild), les restaurateurs sont semblables aux héros scorsesiens (Joe 'Vino' Bastianich) et les importateurs de vin US aux espions hitchcockiens (Franck Schoonmaker et Alexis Lichine). Liste non exhaustive. Et l'auteur n'est pas loin de gagner son pari: ses lignes nous instruisent souvent autant qu'elles nous amusent, et l'on se régale de formules telles que

Le carmenère est l'arme secrète du Chili.

ou

Un bon cornas est comme le blues du Delta: profond, truculent, mais pas du goût de tout le monde.

Bacchus et moi

de Jay McInerney

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Brissaud - éd. de La Martinière, 432 p.- 23€.

POUR EN SAVOIR PLUS
Jay McInerney nous parle de son amour du vin dans l'émission L'Humeur vagabonde, sur France Inter
Pour
Jay McInerney, "le barbera d'asti, c'est Angelina Jolie", Laure Gasparotto, lemonde.fr, 28/09/2013

 

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