Le dépérissement du bois de la vigne donne toujours du fil à retordre aux chercheurs

Les ceps manquants ou improductifs représentent 15  % du réseau étudié. Photo : Marie-Dominique Guihard/Pixel6TM

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Les travaux inhérents au dépérissement du bois les plus marquants relèvent aujourd’hui de la détection précoce ou de diagnostics sur les bas rendements.

De manière globale, la productivité du vignoble ne cesse de baisser. C’est le cas dans la vallée du Rhône Sud, dans le Beaujolais, dans la région du saumur-champigny. À titre d’exemple, les rendements dans ce secteur sont passés de 60,3  hl/an dans les années 1980 à 48,9  hl/ha entre  2010 et  2017. 

Les travaux se poursuivent
Depuis quinze ans, les techniciens et les chercheurs tentent de trouver des solutions efficaces pour lutter contre les maladies du bois de la vigne. « Depuis l’arrêt de l’arsénite de sodium en 2001, l’épidémie touche 3 à 20  % des pieds de vigne selon les régions françaises, a rappelé Florence Fontaine, de l’université de Reims Champagne-Ardennes, à Angers lors de la session Euroviti. Aujourd’hui, il n’existe aucun moyen efficace à 100  %. » Dans le cadre du projet Advantage, qui a permis de débloquer 4,2  millions d’euros de financement, quelques pistes intéressantes se dessinent pour améliorer l’efficacité du biocontrôle, notamment dans la stratégie d’y associer des solutions conventionnelles. Dans un programme de recherche piloté par Agrauxine, neuf solutions ont été étudiées : trois champignons issus d’Agrauxine ou de l’IFV, trois bactéries (Agrauxine, Bayer), un dérivé de levure (Agrauxine) et deux substances chimiques (Bayer). Esquive® WP, déjà commercialisé, a servi de référence, associé à toutes les combinaisons testées en laboratoire, sous serre et dans le vignoble. Les efficacités diffèrent selon les micro-organismes et les lieux d’essais précités. Deux associations ont été retenues et font l’objet de nouvelles recherches.

Les causes en sont connues mais pas forcément hiérarchisées. Le projet Longvi (2017-2019), exposé lors d’Euroviti à Angers, avait donc pour objectif de tester une méthode de diagnostic des bas rendements parcellaires afin de déterminer des outils d’aide à la décision efficaces.

Ampleur du court noué

Le court noué, la gestion de l’enherbement et les pieds improductifs reviennent souvent dans les résultats de l’étude. Sur cent parcelles issues de sept réseaux différents (pourtour méditerranéen, Beaujolais, Val-de-Loire), un échantillon de 30 d’entre elles a été choisi pour caractériser douze facteurs agronomiques dont l’état hydrique, azoté, carboné, nutritionnel, l’entretien du sol, les manquants improductifs, la charge en bourgeon à la taille, la présence de maladies du dépérissement de la vigne et des maladies annuelles, la coulure, la vigueur et le rendement parcellaire. Les traitements de données se veulent les plus automatisés possible pour aboutir à visualiser les facteurs limitants en lien avec le rendement obtenu mais aussi les corrélations entre facteurs et niveaux de rendement. Le bilan se traduit par une grille hachurée de trois couleurs : rouge, jaune ou vert, selon le niveau limitant du facteur sur le rendement.

Détection précoce : passera-t-elle par l’image ?
Parmi les expérimentations réalisées sur la détection précoce des maladies du bois de la vigne, celles de Bordeaux Sciences Agro semblent prometteuses. Deux stratégies ont été testées : la télédétection par drone à l’échelle de la parcelle et la proxidétection (caméra sur un engin agricole qui photographie chaque pied). « La première solution est rapide, en une seule prise, mais moins précise que la seconde qui demande de prendre en photo les pieds un par un. Les précisions obtenues pour détecter l’esca avant tout symptôme sont de 89  % pour les cépages rouges et de 75  % pour les cépages blancs dans le cas d’une utilisation du drone. Et pour la proxidétection, l’esca a été observée dans 90  % des cas pour les cépages blancs et dans 87  % pour les cépages rouges », explique Christian Germain en charge de ces études à Bordeaux Sciences Agro. Ces résultats ont été rendus possibles grâce à l’intelligence artificielle. L’algorithme a d’abord appris à reconnaître la forme des symptômes en s’appuyant sur une base de données de 6 000 images de feuilles. Un autre apprentissage a été mené pour que l’esca soit différenciée des autres maladies. Une base de données de 1 000 ceps a servi à « éduquer » la machine. Les cépages observés sont le cabernet sauvignon, le cabernet franc, le chardonnay et le sauvignon blanc. Les essais devraient se poursuivre à plus grande échelle et sur une plus large variété de cépages.

Marie Bonnisseau,  ingénieure viticulture à l’IFV. Photo : Marie-Dominique Guihard.
« Une baisse de rendement n’est pas forcément liée à l’alimentation azotée, explique Marie Bonnisseau, ingénieure viticulture à l’IFV. Elle peut s’expliquer par d’autres raisons. » L’application de ces travaux, qui se traduirait par un diagnostic à la parcelle, serait prévue vers la fin de l’année. Ainsi, l’étude a confirmé l’ampleur du court noué dans les sept réseaux, même si sa présence est variable d’un secteur à l’autre, d’une parcelle à l’autre. Plus fréquente dans les vignobles âgés, cette maladie fera l’objet de divers travaux dont celui de relier cette maladie au type de sol et aux pratiques culturales. L’étude a aussi confirmé l’influence de l’enherbement sur le rendement  : utile dans les parcelles vigoureuses et durant les années pluvieuses, impactant pour celles qui ont de faibles réserves en eau ou durant les périodes de sécheresse. L’IFV en conclut qu’un diagnostic systématique à la parcelle pour ce seul facteur est pertinent. Quant au potentiel, des différences importantes existent entre parcelles d’un même secteur. L’IFV souhaite attirer l’attention sur les ceps manquants ou improductifs qui, sur les sept réseaux, représentent en moyenne 15  % des ceps. Une évaluation économique semble indispensable dans ce cas pour statuer sur les décisions futures : replanter ou complanter.

Article paru dans Viti 450 de mars 2020

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