Ils suivent les spores pour économiser les premiers traitements antimildiou

En collectant la sporée du mildiou, l’idée est de disposer d’un indicateur biologique pour compléter les indications fournies par les modèles. Photo : I_love_life - stock.adobe.com

Mieux ajuster les traitements à l’épidémie de mildiou en captant ses spores pendant la campagne, diminuer l’inoculum en agissant sur les oospores en fin de campagne : les travaux menés actuellement à Bordeaux étudient de nouvelles méthodes pour réduire les traitements.

2021 restera dans les mémoires comme une année à forte pression mildiou. Mais d’une année sur l’autre, les épidémies de mildiou ne se ressemblent pas. L’analyse par l’IFV d’un réseau de parcelles contenant des témoins non traités en Gironde et en Dordogne montrent, a posteriori, la relative inutilité des traitements une année sur trois, en moyenne sur près de trente ans, entre 1993 et 2021. Dans un contexte poussant fortement à la diminution des phyto, comment mieux adapter les traitements à cette variabilité des épidémies ?

Plusieurs expérimentations sont en cours sur le sujet en Nouvelle-Aquitaine. L’une d’elles a pour objectif de collecter et analyser la sporée du mildiou dans l’air du vignoble (projet Visa). « L’idée est de disposer d’un indicateur biologique pour compléter les indications fournies par les modèles, basés sur la météo et l’observation des symptômes », indique Marc Raynal, de l’IFV. Pour cela, des capteurs ont été positionnés à l’Inrae Bordeaux depuis trois ans et dans un réseau de 25 parcelles en Gironde l’an dernier. Ces capteurs sont régulièrement relevés et analysés par PCR.

La sporée semble corrélée aux symptômes

Si beaucoup de questions de méthodologie restent en suspens, trois années de mesures montrent que les spores sont plutôt captées en deuxième partie de campagne. En 2021, notamment, les captures ne débutent significativement que fin juin. Même si l’analyse des résultats n’est pas terminée1, il semble qu’il existe une assez bonne corrélation entre le nombre de spores et l’apparition des symptômes. La question se pose alors : pourquoi ne pas essayer d’économiser les premiers traitements ? Quel risque cela pourrait-il engendrer ? Serait-il possible de l’assurer ?

Un essai en ce sens est conduit depuis trois avec la cave coopérative de Buzet sur un îlot de 50 ha. L’an dernier, les règles de décision ont permis de diminuer l’IFT de 39 % par rapport au reste des surfaces de la coopérative, tout en maintenant un état sanitaire correct, avec cinq traitements. « Nous avions la conviction qu’il ne fallait surtout pas rater le début de la saison, pour maîtriser les contaminations primaires, indique Carine Magot, responsable du service vigne. Dans cet essai, nous nous sommes retrouvés à démarrer les traitements très tard, le 31 mai l’an dernier. C’est source de stress, mais ça fonctionne et ça pose question. »

Par ailleurs, de nouvelles règles de décision ont été établies, prenant en compte la sporée, le risque épidémiologique (donné par les modèles) et la présence de symptômes (réseau BSV). Elles seront testées cette année sur un réseau d’une cinquantaine de parcelles en Gironde.

(1) Ce travail fait l’objet de la thèse d’Antonin Douillet qui doit se terminer cette année.

INFO + Pour aller plus loin, visionnez le webinaire de l’Institut des sciences de la vigne et du vin : innovin.fr/seminaire-isvv-contaminations-primaires-mildiou

Article paru dans Viti Leaders de mai 2022

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