Flavescence dorée : la tête dans le GDON

Comptage des larves de cicadelles, prospection des pieds malades, organisation de la lutte. Face à la flavescence dorée, les groupements de défense contre les organismes nuisibles sont des relais de premier ordre pour les Fredon. Si la création d’un groupe n’est pas compliquée, son animation par des vignerons bénévoles demande de l’énergie et de la persévérance.

Pour lutter contre la flavescence dorée, les GDON sont « de nombreux yeux de la Fredon », souligne, amusé, Stéphane Mallié, animateur flavescence dorée de l’Hérault. Constituer un GDON n’est pas compliqué : il s’agit de monter au niveau communal ou intercommunal une association, avec un président, un secrétaire et un trésorier (les deux premiers postes peuvent suffire !), après en avoir fait la demande à sa Fredon qui fournit l’ensemble des documents pour créer la structure. « Il ne peut y avoir deux GDON dans une même commune, mais un GDON peut couvrir plusieurs communes, précise l’animateur. Nous avons des GDON à l’échelle intercommunale sous la gestion de syndicats, de caves coopératives, ou de caves particulières qui s’associent pour lutter contre la flavescence dorée. En cas de territoire établi sur deux départements, il faut alors monter deux GDON. »

Les GDON sont très souvent animés par des vignerons bénévoles, mais il arrive que des structures de grande taille choisissent d’avoir leurs propres salariés (comme dans le Bordelais).

Besoin en bénévoles motivés

Il se monte régulièrement des GDON dans l’Hérault, et quelques-uns disparaissent, rarement, faute de bénévoles. « On se bat peu pour être à la tête d’un GDON », reconnaît Stéphane Mallié, qui observe que le dynamisme des structures est très lié aux gens qui s’y impliquent : « L’efficacité d’un GDON n’est pas liée à sa taille, ni au type de structures qui le composent, mais bien à la motivation des gens sur le terrain. Il ne faut pas forcément avoir une équipe très nombreuse, deux ou trois personnes bien motivées suffisent souvent. » Côté cotisation, le financement d’un GDON à sa Fredon est de l’ordre de 160 à 180 euros par tranche de 1 000 hectares dans l’Hérault, soit autour d’une dizaine d’euros par vigneron. « Certaines caves coopératives ou syndicats prennent parfois à leur charge ces montants, qui sont très faibles par rapport au service rendu », indique Stéphane Mallié. Très peu de frais sont à la charge des GDON : quelques pièges vendus par les Fredon, et des bombes de peinture pour marquer les souches malades.

Stéphane Mallié, lors d’une journée de prospection FD au sein de l’AOC Faugères, entouré par les vignerons volontaires. Photos : Marie Corbel

L’activité des GDON face à la flavescence dorée consiste à organiser des journées de comptage de cicadelles, et de prospection des ceps contaminés dans le vignoble, sur des créneaux organisés avec l’appui d’un animateur Fredon. « Nous faisons une ou deux voitures, nous nous divisons une commune en secteurs et nous faisons la tournée des parcelles, explique Stéphane Mallié. Avec une grosse moitié du département couverte par des GDON, soit plus de 45 000 ha de vigne, je donne la priorité aux communes organisées en GDON, c’est-à-dire celles qui ont vraiment envie de lutter contre la flavescence dorée. »

Lorsque des pieds ou des parcelles doivent être arrachés, c’est la Fredon qui sollicite les propriétaires. « Cela évite aux GDON d’être mis en porte-à-faux », poursuit-il. Avec quinze ans d’expérience dans sa fonction, Stéphane Mallié compte beaucoup sur le dynamisme des GDON. « C’est grâce à ceux qui font de la prospection que l’on sait si on doit traiter ou pas, et sortir ainsi des traitements obligatoires. » Pour aider le travail de prospection des Fredon et des GDON, certains responsables aimeraient mettre en place des cotisations obligatoires auprès de l’ensemble des vignerons. Le schéma reste à imaginer.

Axel Allais, GDON Costières du Vidourle
« Il faut beaucoup de pédagogie pour animer un GDON »

Les financements variables de GDON entre départements  et régions créent des tensions, selon Axel Allais.

Monté à l’initiative de la cave coopérative Vauvert en 2016, le GDON Costières du Vidourle couvre cinq communes et concerne environ 200 viticulteurs. « Un producteur bio n’avait pas suffisamment fait de prévention et se retrouvait avec des parcelles contaminées à 40 % et 60 %, d’où la création en catastrophe du GDON », rappelle Axel Allais, le vice-président, en bio lui-même sur moins de 20 ha. Si l’adhésion au GDON est obligatoire, elle reste finalement au bon vouloir du vigneron, déplore Axel Allais. « Il est très compliqué de savoir qui cultive des parcelles. Ni la MSA ni la chambre d’agriculture ni les douanes ne veulent communiquer. Les mairies indiquent les propriétaires, mais pas les exploitants, alors c’est un travail de longue haleine. Sans compter les vignes abandonnées et les vignes sauvages aux abords de routes et cours d’eau. L’animation du GDON, n’est pas simple non plus, gérée par des bénévoles. Il faut beaucoup de pédagogie, et parfois être infantilisant, avec des producteurs parfois techniquement assez faibles. »
Au-delà des cotisations annuelles de 5 euros par vigneron, le GDON a mis en place un forfait de 35 euros (sauf en 2020 suite au coronavirus) pour ceux qui ne viennent pas à la journée annuelle de prospection-formation. « Cela n’empêche pas de suivre ses propres vignes ! Chacun doit se prendre en main, mais malheureusement ce n’est pas le cas », insiste le vigneron qui déplore aussi les financements variables des GDON entre départements et régions, qui créent des tensions. Dernière attente pour Axel Allais : que la Draaf prenne ses responsabilités. « La FDGDON remonte régulièrement des cas problématiques à la Draaf, qui envoie alors seulement un courrier aux producteurs qui ne veulent pas arracher, mais sans aller au-delà ! Il faut que les Draaf prennent des décisions pour l’exemple ! »
Nathalie Caumette, GDON de Faugères
« Ne pas stigmatiser pour mobiliser »

À Faugères, l’implication des vignerons dans le GDON est très bonne, d’après Nathalie Caumette.

Quand elle reprend la responsabilité du GDON de l’AOC Faugères sur la flavescence dorée en 2006, Nathalie Caumette décide de faire évoluer l’approche, afin d’impliquer davantage les vignerons : « À l’époque, la vie du GDON consistait à faire du marquage des souches puis à lister les parcelles cadastrales touchées lors d’une réunion avec les vignerons, dans un climat assez culpabilisant. On sous-entendait que les gens ne traitaient pas, on accusait les bio, et on faisait de la flavescence dorée une maladie honteuse. Cela explique pourquoi le GDON et la lutte contre la FD ne fonctionnaient pas ! »
Pour la vigneronne, ingénieure agronome de formation, présidente de l’AOC Faugères, l’enjeu est de ne pas réduire la maladie à un traitement, mais d’amener davantage de connaissance technique pour faire face à la maladie. « Éradiquer les cicadelles et la FD n’est pas possible. Les traitements n’ont jamais une efficacité totale, sans oublier qu’ils empêchent la pratique de la confusion sexuelle. Il faut plutôt former et informer les vignerons, afin d’impliquer chacun dans la maîtrise du problème, comme cela a été fait dans le Libournais dès 2006, et mettant plus de moyens de prospection, pour identifier puis traiter les foyers. C’est un changement idéologique. »
Au GDON de Faugères désormais, la prospection du vignoble se fait sur une semaine en août, commune par commune, menée par la directrice et la présidente de l’appellation, un technicien de la Fredon, accompagnés de quelques vignerons sur une demi-journée chacun. Une adhésion de 4 euros/an/entreprise participe au financement de la Fredon. « Les 10-15 bénévoles changent chaque année. Nous avons une très bonne implication de chacun, se félicite Nathalie Caumette, qui note désormais que chacun arrache les souches indiquées grâce à davantage de concertation. Nous aimerions aussi diffuser une lettre d’information, afin de continuer de légitimer la technique et sensibiliser chacun sur les foyers. »

Article paru dans Viti 453 de juillet-août 2020

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