Faut-il se certifier collectivement ?

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Les démarches collectives de certification permettent de partager les expériences et de mutualiser les coûts. Zoom sur deux dispositifs, à Bordeaux et en vallée du Rhône.

Les certifications ne sont pas obligatoires mais certaines le deviendront, telle la HVE (Haute Valeur environnementale). En attendant, il est possible d’avancer sur des démarches environnementales et durables, et de le faire de manière collective, à travers une interprofession ou un syndicat d’appellation. À Bordeaux, par exemple, le CIVB (Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux) a lancé, dès 2010, la démarche SME (système de management environnemental) pour les professionnels du vin.
«  Nous formons des animateurs et nous leur donnons des outils et des méthodes à afin qu’ils composent des groupes de viticulteurs ou de négociants, explique Marie-Catherine Dufour, directrice technique du CIVB. Nous essayons de mêler petites et grosses structures, exploitants et négociants. Les petites exploitations, qui ont moins de moyens, ont souvent beaucoup d’imagination, et les grands, qui ont plus de ressources, peuvent réfléchir à d’autres solutions. Il y a une synergie utile à tous. Les adhérents au SME peuvent suivre des ateliers d’informations sur les réglementations, sur les procédés de certification, sur le logiciel de déclaration pour la HVE…  » Le SME est reconnu équivalent à une démarche environnementale de niveau 2 par le ministère de l’Agriculture.

Un équilibre entre collectif et individuel

Parallèlement aux ateliers de formation, le SME permet de se présenter à deux certifications environnementales  : HVE niveau 3 et ISO 14 001 en collectif. «  Pour les entreprises qui souhaitent accéder à une certification, nous mettons en place un plan d’action. Ensuite, elles passent une certification collective.  » Concrètement : les entreprises se soumettent à l’audit individuel, puis plusieurs d’entre elles sont tirées au sort pour passer l’audit de certification. C’est un dispositif légal. «  Nous ne choisissons pas qui sera audité. Cela impose que toutes les entreprises soient prêtes !  » souligne Marie-Catherine Dufour.
«  Ce n’est pas obligatoire de passer par une certification collective. Ce qui prime, pour nous, c’est d’aller vers des actions environnementales, indique la directrice. Un des intérêts de ce travail est qu’il y a un équilibre entre collectif et individuel  : on travaille en collectif, mais aussi au cas par cas, par entreprise. Cela a changé les mentalités à Bordeaux.  »
Côté coût, l’adhésion au SME est de 20 euros. L’atelier de formation au logiciel HVE est gratuit. Les autres sont payants, à des tarifs variables selon les animateurs.

Marie-Catherine Dufour est directrice technique du CIVB. Actuellement, 900 entreprises sont engagées dans la démarche SME initiée par l’interprofession. PHOTOS : CIVB

«  Pour une exploitation qui n’aurait qu’un seul site de production et moins de dix salariés, il faut compter 405 euros pour l’audit de certification collective pour la HVE et 505 euros pour la HVE et ISO .  »
En vallée du Rhône, Philippe Pellaton, président du syndicat des vignerons des côtes-du-rhône, explique : «  Nous avons décidé de démarrer une certification collective des vignerons en HVE de niveau 3. Le syndicat suit déjà une logique de développement des signes de qualité du vignoble. Et à échéance 2030, l’ensemble des appellations devra avoir une certification environnementale. Ce n’est pas plus facile en collectif, car on a toujours l’obligation de passer le premier audit. Mais on mutualise l’audit de certification et son coût.  » Ainsi, le montant pour la HVE niveau 3 va s’élever à 100 euros. «  Pour le vigneron, c’est un gain immédiat et cela réduit la pression du contrôle de l’audit de certification. Et pour nous, syndicat d’appellation, c’est positif d’avancer tous ensemble  », rappelle le président.

 

 

« Effet d’entraînement »

«  Ce qui est intéressant, c’est d’aborder la problématique sociétale et économique par le prisme HVE. On se pose souvent des questions, mais on est parfois éloignés du changement des attentes environnementales des consommateurs. Le travail

Philippe Pellaton est président du syndicat des vignerons des côtes-du-rhône, qui propose une certification collective dont le coût est réduit.  PHOTOS : CIVB
collectif génère des discussions, il permet aussi d’avoir un engagement par effet d’entraînement. La certification est vraiment utile sur deux aspects : la capacité d’être référencé par les metteurs en marché (négoces, GD, cavistes) sera meilleure, et pour les ventes au caveau, cela permet d’expliquer la démarche aux consommateurs  », indique Philippe Pellaton.
Autre point positif : «  Cela permet de valoriser les vins en vrac, entre 5 et 10 euros de plus par hectolitre. » Côté pratique : « Les personnes doivent s’engager après les vendanges. L’audit prend une journée. Je recommande de regarder de très près cette possibilité de certification HVE. Aujourd’hui, cela fait sens auprès du marché et de la société. L’État nous a donné jusqu’à 2030, mais c’est bien de ne pas trop attendre.  » Philippe Pellaton ajoute que l’obligation de certification peut paraître problématique pour les toutes petites exploitations mais que le travail collectif pourra aider à gérer ce passage.

Certifications 
Petits rappels HVE et ISO 14 001


La certification Haute Valeur environnementale de niveau 3 impose une obligation de résultat sur les indicateurs « biodiversité », « phytosanitaire » et « fertilisation ». Elle permet de valoriser la démarche environnementale grâce à un logo utilisable sur les bouteilles. Elle est ouverte aux exploitants viticoles.

Il est possible d’apposer le logo HVE sur les bouteilles. Cela permet aux consommateurs d’être informés du travail réalisé par les viticulteurs au profit de l’environnement  et de la biodiversité.

ISO 14 001 est une certification internationale reconnue à l’export. Elle oblige l’entreprise à mettre en œuvre des actions pour maîtriser son impact dans tous les secteurs de son activité, avec l’implication des salariés. Elle est ouverte aux caves coopératives, aux maisons de négoce et aux exploitants.

Article paru dans Viti 449 d

VITI 449 février 2020
e février 2020

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