La démarche du Grab pour lutter contre les pathogènes de la vigne est innovante et originale. Depuis quelques années, l’institut de recherche en agriculture biologique teste des écorces de bourdaine et de rhubarbe comme produits de biocontrôle pour lutter contre le mildiou. Soit, il n’y a rien d’extraordinaire direz-vous ! De nombreuses structures le font depuis quelques années. Sauf que Marc Chevolon, spécialiste de la vigne au Grab n’a pas « pioché » au hasard dans les listes de substances susceptibles de perturber le cycle du mildiou. « Des chercheurs suisses ont observé que les cépages présentant une résistance au mildiou étaient caractérisés par des gènes conduisant à la production de stilbène », spécifie le chercheur. Ce polyphénol naturel agit comme un perturbateur endocrinien. En réaction au mildiou, la vigne synthétise d’abord en grande quantité une forme de stilbène, le resvératrol. Pour les cultivars sensibles au mildiou, le resvératrol est glycosylé en un composé non toxique, le picéide. Pour les cultivars résistants au mildiou, le resvératrol est oxydé en un composé toxique, la viniférine. L’objectif du Grab a été de trouver des plantes qui contiennent ces substances et de les appliquer sur la vigne pour lutter contre le mildiou. De nombreuses plantes produisent ces stilbènes. Le Grab en a sélectionné deux, la bourdaine et la rhubarbe. Les premiers essais au champ d’application d’écorces de bourdaine et de pétioles de rhubarbe sur la vigne sont prometteurs assure Marc Chevolon.
Article paru dans Viti Les Enjeux 32 de mai 2020
