Des essais encourageants de pulvérisation par drone

En Suisse, sept entreprises sont agréées pour réaliser  les traitements par drone. David Lefebvre

Autorisés en France à titre expérimental depuis l’an dernier, les drones ont montré des qualités de pulvérisation correctes, mais variables. Des défis demeurent donc à relever. Ce à quoi s’attellent les fabricants et les organismes techniques. Le point avec Xavier Delpuech, de l’IFV, pilote du projet PulvéDrone.

En France, la réglementation sur les traitements aériens par drone est très contraignante. Photo : Drone+
Les drones pourront-ils remplacer l’hélicoptère pour traiter les vignes en forte pente ? Sans doute pas dans l’immédiat. Techniquement, les premiers essais en 2019 ont montré qu’il restait encore des améliorations à apporter pour obtenir une qualité de pulvérisation régulière. Sans compter la réglementation, qui demeure très restrictive. Malgré tout, ces aéronefs sans pilote, télécommandés ou automatiques, ouvrent des perspectives à explorer.

Trois séries de vols expérimentaux

Cette technologie est en effet en plein essor mondial depuis les années 2010, avec la diminution drastique des coûts des composants et l’arrivée de batteries plus performantes.

En Chine et au Japon, les drones sont utilisés sur plus de deux millions d’hectares, notamment pour traiter les rizières. Sur vigne, Yamaha a lancé son premier vol commercial l’an dernier dans la Napa Valley, aux États-Unis, avec son mini-hélicoptère sans pilote. En Suisse, l’Agroscope de Changins a débuté les essais en 2016. Actuellement, sept entreprises sont autorisées à opérer des traitements. En France, une expérimentation a débuté l’an dernier, associant l’IFV et l’Inrae. Le projet PulvéDrone poursuit deux objectifs : mesurer la qualité de pulvérisation et la dérive ainsi qu’évaluer la technologie en conditions opérationnelles. Trois séries de vols expérimentaux ont été réalisées l’an dernier, avec deux opérateurs (Aermatica 3D et Drone vision pro) : en Beaujolais, en Ardèche et en Alsace.

Les mesures de vitesse, d’altitude et de position des drones ont montré un bon positionnement des aéronefs, avec une vitesse d’avancement et des débits réguliers. Les trajectoires sont bonnes et indépendantes des rangs : lorsque les rangs sont courbes, le drone peut survoler tout droit. Les volumes pulvérisés à l’hectare sont stables et répétables, inférieurs à 90 l/ha.

Une réglementation contraignante
Interdite depuis 2016 en France, la pulvérisation aérienne de produits phytosanitaires a été autorisée à titre dérogatoire pour trois ans par la loi EGalim en octobre 2018, seulement dans les pentes supérieures à 30 %, pour les produits utilisables en bio ou dans les exploitations HVE. Une évaluation doit être effectuée par l’Anses en fin de période. Un arrêté est venu compléter la loi en octobre 2019, il précise les conditions auxquelles des vols peuvent être pratiqués et les nombreuses formalités administratives à remplir : dépôt d’un dossier qui sera instruit par trois ministères, information de la préfecture, qui peut s’y opposer, et de la mairie. Par ailleurs, il faut respecter les règles de la DGAC (direction générale de l’Aviation civile). Les vols sont des vols « à vue », hors zones peuplées, à 200 m maximum de l’opérateur. Le chantier doit être balisé et interdit d’accès à une distance de 50 m. Les drones qui pèsent plus de 25 kg doivent être homologués.

Premiers résultats à confirmer

La qualité de pulvérisation a été analysée à l’aide de collecteurs en PVC accrochés sur les ceps. Elle a également été comparée avec une référence viticulteur : chenillette équipée d’un aéroconvecteur en Alsace, atomiseur à dos en Ardèche. Résultats ? Les drones ont produit une qualité de pulvérisation correcte mais assez variable en tout début de végétation, au mois de mai en Beaujolais.

En pleine végétation, au début du mois de juillet, deux essais en Alsace se sont révélés inférieurs à la référence « viticulteur », probablement à cause du vent qui atteignait 10  km/h. En revanche, en Ardèche, où les conditions étaient meilleures puisque le vent était nul, le drone a pulvérisé des quantités identiques à la référence.

« Ce sont de premiers résultats, relativise Xavier Delpuech, pilote du projet DronePulvé à l’IFV. Il va falloir confirmer, évaluer la répartition dans le feuillage et vérifier si l’on arrive à atteindre la zone des grappes. » Des optimisations sont aussi possibles. C’est justement ce que les expérimentateurs se proposent de faire cette année, avec des essais en conditions réelles et en conditions contrôlées avec la vigne artificielle EvasprayViti et le vent artificiel EoleDrift. Deux nouveaux projets doivent aussi démarrer : DroneViti, en Ardèche, et Edvig, en Alsace, qui s’intéresseront notamment à l’exposition de l’opérateur.

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