À Buzet, les pratiques changent pour ne pas renoncer au merlot

Carine Magot, cheffe du service vignes aux Vignerons du Buzet, témoigne des expérimentations mises en place par la cave coopérative pour conserver le merlot tout en s'adaptant au changement climatique.

Sur les 1 950 hectares de vigne de la coopérative de Buzet, 45 % des surfaces sont plantées en merlot. C’est un cépage d’importance que l’on connaît bien. Comme il est précoce, il est particulièrement sensible aux nouvelles conditions météorologiques conséquences du changement climatique. En 50 ans, d’après notre suivi sur 30 parcelles de référence, la date de début de vendange du merlot c’est en moyenne avancée d’un mois, passant du 28 septembre en 1970 au 28 août en 2020. On constate aussi une maturité technologique « explosive » sur le merlot ; la concentration en sucres augmente rapidement quand l’acidité chute tout aussi brusquement. La déconnexion entre la maturité technologique et phénolique se creuse. Ces phénomènes sont accentués sur les terroirs précoces : graves, sols graveleux, exposition sud…

Pour envisager l’avenir de notre vignoble, nous avons fait des simulations climatiques en partant de l’hypothèse la plus pessimiste des experts du GIEC qui considère que les températures globales vont augmenter de 1 degré à l’horizon 2040, de 2,3 °C en 2070 et de 3 °C en 2100. À Buzet, nous ne sommes pas pessimistes mais réalistes. Le climat que nous avons depuis les années 2000 suit les projections de cette hypothèse. Sur le merlot, tous les stades phénologiques seront avancés. La date de mi-véraison qui était en moyenne au 15 août sur la période 1970-2000 passera au 7 août en 2040, au 25 juillet en 2070 et au 20 juillet en 2100. C’est trois semaines d’avance.

Cette évolution tous les cépages la connaîtront, précoces ou tardifs. Pour les cabernets, il y aura aussi trois semaines d’avance, en partant d’une date de référence plus tardive.

Avec ce constat en tête, nous pensons bien évidemment à faire évoluer nos pratiques. À moyen terme, il n’est pas question de renoncer au merlot. Il faut l’adapter à ces nouvelles conditions. Cela passe par un choix de clones différent, plus productifs notamment, des porte-greffe plus tardifs comme le 420A, des terroirs plus tardifs pour les replantations…

Sur notre vignoble expérimental planté en 2019, nous testons aussi des itinéraires de rupture. Par exemple sur du merlot, nous avons une modalité où les pieds sont montés à 130 cm, au lieu de 70 cm actuellement, en cordon et sans palissage. En été, l’objectif est de créer un microclimat à l’abri du soleil pour les grappes. Au printemps, on devrait avoir un effet sur le gel.

Il est capital d’innover car nous ne misons pas sur l’irrigation. Dans notre département du Lot-et-Garonne, l’eau est déjà utilisée par de nombreux acteurs agricoles qui produisent des cultures vivrières prioritaires.

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