Après le gel, les conseils techniques à la vigne

Thomas Chassaing, conseiller viticulture à l’ATV, a évoqué les étapes à suivre dans les parcelles gelées. Photos : O.Lévêque/Pixel Image

Hier matin à Varrains, au sud de Saumur, l’ATV49 organisait un de ses trois rendez-vous pour apporter des conseils aux vignerons touchés par le gel fin avril. Outre les conseils techniques, Guillaume Gastaldi, conseiller viticole et environnement à l’ATV49, a d’abord rappelé la possibilité pour tous les vignerons impactés de demander un accompagnement gratuit auprès de leur chambre d’agriculture, axé sur la stratégie d’entreprise. Thomas Chassaing, conseiller viticole, a ensuite évoqué les étapes à suivre dans les parcelles gelées.

Estimer les dégâts

En premier lieu, estimer les dégâts par comptage : compter 100 à 200 bourgeons dans sa parcelle, au hasard, en suivant un parcours en U dans la parcelle, et voir ceux touchés par le gel. Selon le pourcentage de dégâts, les conséquences seront différentes, d’où une réponse au cas par cas, insiste Thomas Chassaing :

Il est possible d’estimer les dégâts deux à trois semaines après le gel. Ici, il faut attendre encore une semaine, pour voir ce qui va ressortir ou non. Les deux semaines après le gel, atour du 28 mai, ne favorisaient pas la pousse. Avec la pluie tombée ces derniers jours, la reprise de croissance va être rapide !

 

Perrine Dubois, conseillère sol et viticulture, complète :

Les reliquats d’azote du sol sont élevés, car non lessivés cet hiver, donc, avec de l’eau et de la chaleur, la croissance devrait repartir très vite !

Thomas Chassaing, Guillaume Gastaldi et Perrine Dubois, de l’ATV49, sur une parcelle gelée de Varrains (Maine-et-Loire).

D’après des valeurs de seuils basées sur les retours d'expériences du réseau de conseillers en Val-de-Loire, on peut déterminer 3 classes de dégâts aux conséquences variées :

  • des dégâts jusqu’à 40 % : il y aura probablement une compensation par les autres rameaux indemnes (à condition que les conditions climatiques autour de la floraison soient optimales) ;
  • des dégâts entre 40 et 60 % : la récolte sera partielle, et l’objectif sera aussi d'assurer le bois de taille pour cet hiver ;
  • des dégâts supérieurs à 60 % : il n’y aura pas ou peu de récolte. L’objectif sera en priorité de faire du bois pour 2018 ;

 

Pas d’apport d’engrais

Pour Perrine Dubois, il n’est pas utile de réaliser des apports sur une vigne gelée :

La vigne est équipée pour cicatriser elle-même, et reprendre sa croissance. L’erreur à ne pas faire, c’est d’apporter de l’azote au sol ou en foliaire, qui risque de provoquer de la coulure sur les grappes restantes et de favoriser le mildiou. L’apport excessif de bore pourrait conduire à un déséquilibre nutritionnel, toxique !Une exception : si la vigne est peu vigoureuse et gelée à moins de 30 %, un apport d’azote foliaire sous forme d'engrais ou de préparation à base de plantes. Mais si les vigueurs sont trop faibles, il faudra reprendre le raisonnement de l'entretien du sol et des apports en automne ou en sortie d'hiver.

Adapter l’ébourgeonnage

Pour des dégâts jusqu’à 40 %, l’ébourgeonnage se fera de manière habituelle. Au-delà, l’ébourgeonnage devra permettre d’obtenir du bois de taille :

  • éliminer les pampres pour privilégier les repousses de bourgeons sur la tête ;
  • pour former un courson, conserver un rameau dans le flux de sève sur la tête de la souche ;
  • pour former la branche à fruit, conserver au moins un rameau sur du bois d’un an ;

Adapter la taille, en considérant chaque rameau

  • Pour un rameau pas complètement gelé (photo ci-dessus), avec des grappes détruites, si et seulement s’il s’agit d’un rameau sur courson ou base de la baguette, et si la vigne est assez faible ou vieille, supprimer le rameau afin de favoriser la pousse d’un contre-bourgeon pour tailler cet hiver. Cette pratique, longue et couteuse, ne doit en aucun cas, être étendue à une autre situation.
  • Pour un rameau dont l'extrémité est détruite mais les grappes sont intactes : ne rien faire (les entre-coeurs démarreront et donneront du bois pour l'année prochaine, et les grappes repartiront peut-être !).
  • Si la baguette est gelée à 100 % : favoriser le démarrage d'yeux secondaires des coursons de la la base de la baguette, en la coupant au 3e œil.

Thomas Chassaing souligne :

Il est important de considérer chaque rameau ! Les rameaux totalement détruits vont sécher d’eux même puis tomber, donc ne rien faire et laisser les contre-bourgeons sortir d’eux-mêmes. Ensuite c’est du cas par cas. Le plus important sera de donner les consignes adaptées à ses équipes d’ébourgeonneurs pour sauver ce qu’il est possible de sauver, et préparer le bois de taille pour 2018. Il faudra être aussi vigilant aussi aux accolages des brins rescapés qui sont déjà long et risque de casser en cas de vents forts. Mais déjà, on s’attend à rencontrer une grosse hétérogénéité dans la maturité des raisins à la vendange.

Du point de vue protection phytosanitaire, Guillaume Gastaldi ajoute que les parcelles gelées jusqu’à 60% sont à protéger normalement  Pour les parcelles plus touchées, il faudra attendre que la végétation redémarre et protéger la vigne à partir du stade 7-8 feuilles étalées pour préserver les bois et limiter la constitution d’inoculum de mildiou et d’oïdium. Cette repousse intervenant en condition chaude, les fongicides systémiques et pénétrants seront bien valorisés. Dans ces circonstances, les pulvérisateurs à panneaux récupérateurs seront particulièrement utiles pour ne pas perdre le produit épandu dans les zones gelées et limiter les charges phytosanitaires.

Les conseillers Chambre d’Agriculture et ATV49 restent mobilisés et à l’écoute de tous les vignerons pour répondre aux questions afin de gérer au mieux l’après gel.

Viticulture

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15