"Lâchez-nous les grappes !"

Vendredi 13 février 2015, lors de l’assemblée générale des Vignerons indépendants de la Gironde, Pierre-Étienne Garzaro, président de la fédération départementale a tenu à rappeler les risques de disparition des petites exploitations viticoles face aux contraintes grandissantes auxquelles elles sont confrontées.

"Les paysages que nous façonnons, les terroirs que nous faisons parler au travers des vins que nous produisons, et que nous élevons dans le secret de nos chais ne sont-ils pas en danger si nous sommes amenés à disparaître, nous, petites structures familiales ?"

"Au nom de la liberté d'expression"

"Oui, nous sommes en danger car tous les jours, nous sommes pointés du doigt par des gens qui n’ont qu’une idée en tête, interdire la consommation d’alcool, purement et simplement. Certes, nous ne pouvons pas ignorer les problèmes d’alcoolisme, notamment de nos jeunes, ou au volant, mais nous devons prôner une consommation modérée et responsable. "Mesdames, Messieurs de l’Anpaa, Mesdames, Messieurs les élus, travaillons ensemble pour éduquer les jeunes, afin de leur apprendre les méfaits de l’abus d’alcool fort et les bienfaits d’un ou deux verres de vin pendant le repas. Un Cognac ou un Armagnac à la fin d’un bon repas dominical en famille n’a jamais tué personne. "Mais pour cela, nous avons besoin de notre liberté d'expression, alors assouplissez la loi Évin. Laissez-nous parler de notre passion, de notre métier, de notre art de vivre que le monde entier nous envie, que nous pouvons défendre et promouvoir librement à l’étranger mais pas dans notre pays, la France. Quel paradoxe!"

"Pas tous pollueurs !"

"Oui, nous sommes en danger car en plus d’être dealers, empoisonneurs, nous sommes aussi maintenant des pollueurs irresponsables. Ce n’est pas parce que deux ou trois gougnafiers font mal leur travail que l’ensemble des vignerons font de même. "Alors Mesdames, Messieurs les journalistes, parlez aussi du positif ! C’est chez les Vignerons indépendants qu’il y a la plus forte concentration d’exploitations en agriculture biologique, ou en conversion. C’est chez les Vignerons indépendants que l’on trouve le plus grand nombre d’exploitations certifiées HVE niveau 3, selon les souhaits de notre gouvernement. "L’ensemble de la profession fait des efforts considérables et coûteux pour la gestion des effluents. Nous formons notre personnel, nos entrepreneurs sont agréés, certifiés, et contrôlés régulièrement pour appliquer les produits phytosanitaires qui n’ont d’ailleurs jamais été aussi respectueux de l’environnement. Certes, il y a eu des excès et des dérapages, nous en sommes conscients, mais laissez-nous faire notre métier librement et être de bons viticulteurs."

"Nous croulons sous les contraintes administratives"

"Oui nous sommes en danger, car les obligations, les charges en tout genre auxquelles nous devons faire face sont en constante évolution et augmentation. "Je peux vous parler de mon expérience: lors de mon installation il y a 25 ans, les contraintes et les charges administratives occupaient environ un tiers de mon temps, les deux tiers restants étaient consacrés au cœur du métier: la vigne, le chai ce qui me passionne toujours. "Aujourd’hui, malheureusement, ce sont les deux tiers de mon temps que je passe au bureau à remplir des déclarations, à mettre en place des réglementations salariales, fiscales... Nous croulons sous les charges, sous les mises aux normes parfois absurdes, sous les contraintes administratives et douanières… "Je comprends que nos jeunes aient de plus en plus de difficultés à s’installer. Alors Mesdames, Messieurs les élus politiques locaux, départementaux, régionaux, nationaux, veuillez nous simplifier la vie, laissez s’exprimer librement notre passion pour ce métier qui fait notre fierté et qui est l’un des emblèmes de notre pays." En bref, laissez-nous travailler dignement, intelligemment, sans contrainte supplémentaire.  En d'autres termes, lâchez-nous les grappes !"

"Vivre dignement de notre travail"

"Oui nous sommes en danger, aussi, quand les cours des vins de Bordeaux sont et restent insuffisants pour vivre dignement de notre travail, quand les marges ne sont pas réparties équitablement et ne permettent pas ou difficilement de maintenir les investissements dans nos exploitations, ne les rendant pas attrayantes pour nos jeunes qui nous voient trimer sans avoir une rémunération équivalente aux efforts consentis. "Alors Mesdames, Messieurs, élus de nos ODG, de l’interprofession, je vous demande mais où êtes-vous? Que faites-vous? Arrêtez de voir les Vignerons indépendants comme des ennemis, nous ne voulons pas prendre votre place, loin de là. "En revanche nous sommes certains de notre compétence et de notre savoir-faire dans certains domaines, nous sommes là pour construire, accompagner, encourager, mais pas pour détruire. Travaillons donc ensemble, intégrez-nous pour participer aux décisions et à la gestion de vos organisations. Nous pourrons vous apporter notre expertise des marchés traditionnels, notre savoir-faire en commercialisation directe, en œnotourisme.

"VIF, ODG, interprofessions: travaillons ensemble !"

"Aidez-nous en nous reversant une partie de nos nombreuses cotisations volontaires obligatoires qui servent principalement à promouvoir les vins de Bordeaux sur des marchés peu accessibles à la plupart d’entre nous. Nous faisons déjà beaucoup avec peu de moyens, alors imaginez ce que nous pourrions faire si nous avions une petite manne supplémentaire. "Monsieur le président du CIVB, aidez-nous à faire respecter des cours décents. Tout le monde connaît nos coûts de production, les centres de gestion, la chambre d’agriculture, les cabinets d’experts comptables, même Monsieur le préfet de la région et de la Gironde signe un arrêté chaque année fixant le prix minimum annuel des vins. Et nous, vignerons indépendants et coopérateurs, directement concernés, en sommes incapables, comment se fait-il qu’il y ait encore des transactions enregistrées en dessous de ces prix de base? "Discutons-en pour qu’une marge commerciale soit dégagée sur ces prix minimums fixés par l’État, avec nos partenaires négociants. Nous pourrons ainsi vivre dignement et transmettre librement nos exploitations, fruit de notre travail, à nos descendants.

Que pensez-vous du discours de Pierre-Étienne Garzaro? Les préoccupations évoquées sont-elles les vôtres? Le CIVB et les ODG ont-ils à gagner à travailler davantage avec les Vignerons indépendants?

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