Distillerie, méthanisation, compostage ou épandage

En mai dernier, nous nous demandions si la France autoriserait les vignerons à décider par eux-mêmes de ce qu’ils souhaitent faire de leurs sous-produits viniques dans notre article "pour ou contre la distillation obligatoire des lies et des marcs?". Le décret 2014-903 relatif à la valorisation des résidus de vinification est tombé le 18 août 2014 et son article 1 D. 665-34.-I stipule que:

Les producteurs satisfont à leur obligation de procéder, dans le respect de la réglementation relative à la protection de l'environnement et à la mise sur le marché des matières fertilisantes et supports de culture, à l'élimination de la totalité des résidus de la vinification ou de toute opération de transformation du raisin: en livrant à un distillateur, à un centre de méthanisation ou à un centre de compostage tout ou partie des marcs de raisins et des lies de vin obtenus; en procédant, sur leur exploitation, à la méthanisation ou au compostage de tout ou partie des marcs de raisins; en procédant, sur leur exploitation ou sur celle d'un tiers, à l'épandage de tout ou partie des marcs de raisin.

C'est donc la troisième proposition qui a été retenue, celle qui ouvre l’élimination des sous-produits à toutes les possibilités techniques, soit: la distillation, l’épandage, le compostage et la méthanisation.
Voilà de quoi donner de nouvelles options aux vignerons qui se trouvent loin de toute distillerie, et qui pouvaient bénéficier de dérogations.
 

Formalités contraignantes

Cependant, comme pressenti, les formalités pour l'épandage, le compostage et la méthanisation seront à remplir pour les vignerons qui choisiraient ces voies. Et elles semblent plutôt contraingantes, comme:

  • tenir à jour un cahier d’épandage, pour prouver le respect des règles environnementales;
  • organiser un système d’analyse avant distillation compostage, épandage ou méthanisation, pour prouver qu’il n’y a pas eu surpressurage, avec analyse d'alcool à faire procéder via un laboratoire agréé;
  • effectuer des pesées avec des instruments règlementaires;
  • inscriptions des ces informations dans un registre de traçabilité;
  • faire une déclaration auprès de la police de l'eau en cas d'épandage.

Dans le cas de la distillation, il y a les mêmes formalités sur les analyses et la pesées. En revanche, elles sont prises en charge par les distilleries et les producteurs n'ont pas à se soucier de ces contraintes.

Le modèle économique des distilleries déstabilisé?

La solution choisie présente l’avantage de laisser le libre choix aux vignerons. Elle risque néanmoins de déstabiliser le modèle économique des distilleries, en diminuant potentiellement leurs apports.
 


Claire Douence


Claire Douence directrice de l'Union nationale des ditilleries vinicoles (UNDV) donne le point de vue des distilleries:

Selon une étude menée par FranceAgriMer et l'IFV, le rôle environnemental des distilleries, celles-ci constituent l'option la plus vertueuse et la plus performante. De notre côté nous continuerons donc d'essayer d'être les meilleurs et de répondre de la manière la plus performante possible aux attentes des viticulteurs. Nous nous occuppons de tout : cela limite la paperasserie. En livrant leurs marcs et leurs lies aux distilleries, les viticulteurs contribuent à jouer ce rôle environnemental ! De plus, les distilleries s'inscrivent dans une économie circulaire qui bénéficie aux industries agro alimentaires et energétiques grâce aux engrais, pulpes de raisins, tanins, tartrates de chaux, huile de pépin de raisins, tourteaux, biogaz... Il y a donc un véritable intérêt à distiller les marcs, et nous comptons poursuivre cette diversification ! Nous avons d’ailleurs dernièrement commencé un programme de R&D sur l'extraction des tanins qu'il serait possible de transformer en colle verte, très utile par exemple pour les panneaux de particules.

 


Engrais, pulpes de raisins, tanins, tartrates de chaux, huile de pépin de raisins, tourteaux, biogaz... les distilleries s'inscrivent dans une économie circulaire qui bénéficie aux industries agroalimentaires et energétiques.

Et vous, alors que les vendanges ont commencé ou sont sur le point de commencer, suivant les régions de France, quelle option pensez-vous choisir pour éliminer vos résidus de vinif'?

Pour aller plus loin:
► Télécharger le pdf de la Fédération nationale des distilleries viticoles concernant la réforme de l'OCM et les coopératives viticoles: quel avenir? quels impacts?

 

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