Crémants: vers la barre symbolique des 100 millions de cols

Les membres de la fédération nationale des crémants ont fait un point sur l'année 2018 (DL)

Toutes les appellations de crémants s’attendent à une bonne vendange 2018, de quoi satisfaire leurs ambitions commerciales. Tour d’horizon, région par région, à l’occasion d’une présentation par la Fédération nationale des élaborateurs de crémant, qui a attiré beaucoup d’observateurs et de prescripteurs de la place parisienne.

C’est au Chai parisien, nouveau caviste branché du 9e arrondissement, que se tenait le 5 septembre dernier une présentation des crémants des huit appellations détentrices. L’occasion de faire un point d’actualité avec un tour d’horizon région par région.

Il en ressort que le secteur des crémants continue de progresser significativement, tant d’ailleurs sur le marché intérieur qu’à l’exportation, "à l’exception du poids lourd, les crémants d’Alsace 30 Mcols (millions de cols) impactés par un manque de disponibilités ces dernières années, explique le directeur de la Fédération nationale des élaborateurs de crémant", Olivier Sohler. "Mais les chiffres de début 2018 indiquent que les ventes repartent à la hausse", ajoute-t-il. Les crémants d’Alsace devraient donc renouer avec la croissance, à l’instar de toutes les autres régions viticoles productrices qui sont sur des progressions à deux chiffres.

En Bourgogne, 2 800 hectares ont été engagés pour ce millésime, contre 2 500 ha en 2017. 37 % des crémants y sont exportés. Ils pèsent un peu plus de 10 % en volumes des bourgognes.

Bordeaux passe de 800 ha élaborés en 2017 à 1 200 ha en 2018. Un engouement porté par la volonté des opérateurs de s’offrir un complément de gamme avec de la bulle, mais également par les promesses de valorisation que constitue le crémant de Bordeaux et par l’arrivée de nouveaux gros opérateurs sur le marché. Après un printemps pluvieux qui a causé une pression en mildiou jamais connue jusqu’alors de mémoire de vigneron bordelais, les vendanges ont débuté le 20 août par le sémillon. Suivront le merlot pour les rosés qui pèsent tout de même la moitié de l’appellation crémant de Bordeaux, et le cabernet franc pour les blancs de noir.

Dans le Jura, vraisemblablement, le record de 63 000 hl en 2016 sera largement dépassé. Un volume qui déassera même peut-être les 111 000 hl du Jura en 2011. Franck Vichet, par ailleurs porte-parole de la fédération nationale, s’attend tout de même à de beaux volumes, après les seulement 20 000 hl de 2017, de quoi regonfler les trésoreries jurassiennes à sec.
 

Loire : 50 % de crémants exportés

Après l’Alsace et ses 300 000 hl espérés, la Loire est l’autre poids lourd des régions de crémant. Avec 16 millions de cols élaborés en 2017, la Loire a fait un bond de 34 % en 5 ans, avec cette singularité : elle exporte plus de 50 % de ses crémants, notamment sur le marché allemand.

Dynamique, la Savoie l’est aussi en affirmant ses ambitions. À peine est-elle arrivée dans le giron des appellations à crémant, qu’elle envisage déjà de doubler le volume de sa production confidentielle, il est de vrai, de 2 000 à 4 000 hl. Ceci en raison de « gros faiseurs » qui lorgnent désormais sur ce marché porté par les typicités de la jacquère en bulle, assemblée au minimum à 40 %. Le débat en 2019 sera cependant orienté par une étude de marché interprofessionnelle. L’objectif étant d’éviter des replis et de dédier plus sérieusement des parcelles à cette production.

Enfin, le crémant est aussi élaboré à Die et à Limoux où il s’intègre parfaitement aux côtés d’autres vins à bulles, respectivement la clairette et la blanquette, mais dans des volumes plutôt confidentiels.


Vers les 100 millions de cols

"Avec un peu plus de 80 millions de cols, les crémants de France devraient rapidement atteindre la barre fatidique et symbolique des 100 millions", estime Olivier Sohler. Fatidique parce qu’à ces volumes mis en marché, l’approche marketing change d’échelle. Et se pose désormais fortement la question de segmenter et de hiérarchiser l’offre en crémants. Plusieurs tentatives ont déja eu lieu ou sont en cours : la marque Émotion, l’excellence du crémant d’Alsace, les segments Éminent et Grand Éminent en Bourgogne.

Pour trouver des sources d’inspirations, une délégation de producteurs-élaborateurs de la fédération s’est rendue cet été en Catalogne pour découvrir l’appellation Cava qui pèse 250 millions de cols, proche des 330 millions de cols champenois, avec cependant un géant local, Freixenet, qui élabore à lui seul plus de 100 millions de cols. Là, les représentants ont visité entre autres les maisons Juve y Camps et Gramona.
 

Le temps : un produit œnologique inimitable

En Catalogne, on pratique allègrement le vieillissement sur lattes avec des vins de plus de 10 ans d’âge et même beaucoup plus avec le vieillissement en cuve selon la méthode solera pour le dosage au dégorgement. Et comme le temps a un effet œnologique qu’aucun autre produit n’arrive à reproduire, les cavas atteignent des valeurs de mise en marché insoupçonnées. « Quelle ne fut pas notre surprise de voir des vins souvent vendus à plus de 13 €, excepté peut-être pour Freixenet », témoigne Olivier Sohler, une marque que l’on retrouve tout de même aux alentours de 5-7 €/col sur les linéaires européens. Les producteurs de cava ont déjà segmenté leur offre avec les réserves et grandes réserves. L’engagement sur des élevages longs nécessite cependant des disponibilités et de l’investissement, et également peut-être une fiscalité adaptée sur les stocks que les Français ne bénéficient pas. Quand bien même le vieillissement est un outil de travail au service de l’image, et n’est pas un placement en capital.


 

Mousseux d’IGP : où en est-on ?

La bulle intéresse le monde du vin et chacun y va de sa méthode mettre un coin dans une hiérarchie qualitative bien établie et comprise du consommateur : vin gazéifié, cuve close, méthode ancestrale, méthode traditionnelle, et au sommet la méthode champenoise. Ainsi, des régions productrices revendiquent la possibilité d’élaborer toutes sortes de méthodes prenant ainsi le risque de noyer le consommateur dans un flou global.

L’Inao a à plusieurs reprises accepté, au mépris des us et coutumes locaux, loyaux et constants, les revendications de plusieurs IGP, 36 au total dans un premier temps, à pouvoir élaborer des vins tant en cuve close qu’en méthode traditionnelle. Ce qui a occasionné de longues batailles juridiques jusqu’en Conseil d’État. Au final, l’IGP Méditerranée a obtenu la possibilité d’élaborer du mousseux, quelle que soit la méthode et avec une centaine de cépages. Le Conseil d’État devrait encore se prononcer d’ici la fin de l’année sur trois autres IGP : Maures, Var et Hautes Alpes. Qu’on ne se méprenne pas sur les intentions de la fédération des crémants : « Nous ne faisons pas de protectionnisme, il s’agit simplement que les IGP se positionnent sur des créneaux bien identifiés » dans cette hiérarchie qualitative des méthodes d’élaboration, résument Franck Vichet et Olivier Sohler. Faute d’absolution des pouvoirs juridiques face aux demandes des élaborateurs de crémant, la fédération tentera une concertation et conciliation avec les producteurs de mousseux d’IGP.

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