Cognac élabore ses cépages résistants

La filière Cognac s’est réunie à la maison Martell le 12 avril 2017 pour présenter les premiers résultats des travaux sur les cépages résistants menés de concert par le BNIC, l’IFV, l’Inra et le CVC. Photo : O. Lévêque/Pixel Image

Bientôt des cépages résistants au mildiou et à l’oïdium dans le Cognac ? En tous les cas, pas avant quelques années… Mais le programme de recherche est lancé. La filière s’est réunie autour de la maison Martell hier, pour présenter les premiers résultats des travaux menés de concert par le BNIC, l’IFV, l’Inra, le CVC ainsi que d’autres maisons de négoces.

Une centaine de personnes était réunie dans l’unité de distillation Gallienne de la Maison Martell hier, mercredi 12 avril, pour la présentation des premiers résultats du programme de recherche de création variétale dans l’appellation Cognac. Pierre Joncourt, directeur des opérations Martell, a tout d’abord salué l’implication collaborative de l’ensemble des acteurs pour renforcer la mise en œuvre d’une viticulture durable :

Martell n’est qu’un acteur parmi l’ensemble des parties prenantes dans ce projet, notamment le BNIC, l’Inra, l’IFV, le Conservatoire du vignoble charentais (CVC), ainsi que d’autres maisons de Cognac. En 2016, il y a d’abord eu le lancement du référentiel "viticulture durable" par le BNIC. L’enjeu à moyen terme est de fédérer les acteurs autour de ce référentiel pour améliorer nos pratiques. À plus long terme, l’enjeu est de mettre au point de nouveaux cépages résistants au mildiou et à l’oïdium.

Pierre Joncourt, directeur des opérations Martell.

Trois enjeux visés

Ce projet de création variétale vise trois enjeux : apporter des résistances aux maladies cryptogamiques, répondre aux enjeux du changement climatique, et enfin, apporter une variabilité génétique, afin d’accroître la biodiversité des cépages (actuellement, l’ugni blanc représente 98 % des surfaces).

Le programme de recherche s’est divisé en deux parties. La première : valoriser des résistances locales à partir des cépages vidal 256 et rayon d’or, possédants des gènes d’intérêt dans la résistance au mildiou et à l’oïdium. Après la phase d’évaluation par le BNIC et le CVC et de mise en évidence les facteurs originaux de résistance, l’inscription possible pour l’AOC est prévue au mieux pour 2027.

La deuxième partie du programme est la création variétale. Nouveauté dans cette démarche : la définition d’un idéotype, ou cépage idéal (défini par les producteurs et les partenaires), permettant aux chercheurs d’orienter leurs travaux. Malgré les avancées technologiques (sélection précoce, ou sélection génomique), les travaux seront longs. La mise en culture en parcelles expérimentales est prévue pour 2023, et l’inscription en AOC attendra au mieux 2034 !

Sébastien Julliard (CVC) et Cécile Marchal (Inra Montpellier - UE Vassal).

Premiers pépins en cours de semis

Mais déjà, on note de l’optimisme. 8 500 pépins ont déjà été obtenus, fruits des 13 premiers croisements réalisés l’an derniers, contre 2 000 attendus. Ces pépins sont en cours de semis, indiquent Cécile Marchal (Inra Montpellier - UE Vassal) et Sébastien Julliard (CVC). Les croisements ont été faits entre géniteurs mère (monbadon un croisement de folle blanche et d’ugni blanc,  montils un descendant de gouais blanc, et vidal 36 un croisement de folle blanche et d’ugni blanc) et des géniteurs pères (géniteurs polygéniques issus de l’Inra de Colmar et de l’UMT GénoVigne de Montpellier, et rayon d’or).

Pour la résistance au mildiou, un facteur d’intérêt de résistance partielle a été observé dans Rayon d’Or et Vidal 256 (rpv3.4), ont souligné Didier Merdinoglu (Inra Colmar) et Laurent Audeguin (IFV). Il convient maintenant de caractériser le nombre de facteurs génétiques de résistance, le niveau de résistance et sa durabilité. Sur l’oïdium, le niveau de résistance pour l’instant identifié dans rayon d’or et vidal 256 (ren3) semble un peu décevant. D’autres géniteurs, issus des programmes ResDur de l’Inra de Colmar et de Vitis américaines, pourront participer à augmenter la résistance des nouveaux cépages.

Didier Merdinoglu (Inra Colmar) à gauche, et Laurent Audeguin (IFV).

Faudra-t-il encore traiter les vignes demain ?, s’est interrogé Bernard Pineau, responsable des vignobles chez Martell, en fin de séance. La réponse apportée par les experts est oui. Mais les cépages résistants permettent de moins traiter, pour une viticulture plus durable. Pour les cépages ResDur, seulement un ou deux traitements anti-mildiou/oïdium ont été faits contre 12 l’an dernier, avec l’objectif d’aider les gènes de résistance à rester performants dans la durée. Cela laisse donc de beaux espoirs.

 

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