Une production de froid durable et économique dans les chais

Une production de froid durable et économique. © Auremar/Pagina/fotolia

Cet article de Viti Leaders de février 2019 vous est proposé gratuitement et dans son intégralité. Bonne lecture ! Pour vous abonner, RV sur notre e-kiosque.

 

Avec le réchauffement climatique et la recherche de la qualité, le besoin en froid augmente en cave. Est-il possible d’optimiser ce poste tout en utilisant des modes de refroidissement durables ? Un exemple avec la cave de Duras, qui a misé sur les certificats d’économie d’énergie pour financer une partie de son investissement.

 

Les bâtiments vinicoles font partie des postes clés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la filière vitivinicole (avec les transports, les bouteilles et le carburant des tracteurs). Mais si ce geste pour le climat peut s’accompagner d’économies sonnantes et trébuchantes, la question mérite d’être étudiée doublement. En effet, l’État a mis en place depuis 2006 les certificats d’économies d’énergie (CEE). Grâce à ce mécanisme, les fournisseurs d’énergie (EDF, Total, mais aussi la grande distribution) doivent convaincre leurs clients d’économiser l’énergie, en leur proposant des aides et/ou du conseil.

Dans les chais, les besoins en énergie augmentent souvent avec la volonté d’améliorer la qualité des vins (thermorégulation des cuves, climatisation…). © S. Favre/Média et agriculture
Pour chaque économie réalisée, les personnes ayant investi (ménages, collectivités territoriales ou professionnels) reçoivent un certificat, d’autant plus élevé que l’économie est grande et pérenne. Ces certificats sont alors susceptibles d’être rachetés par les fournisseurs d’énergie. Car à chaque fin de période, ces derniers doivent détenir le nombre de CEE qui leur était fixé, sous peine de devoir payer des pénalités. Et la prochaine période se termine en 2020.

Autre variable à prendre en compte : la réglementation européenne F-Gas. Elle prévoit de retirer du marché, dès 2020 ou 2022, les gaz présentant les plus forts potentiels de réchauffement global (PRG), notamment les R-404A (un mélange de fluoroéthanes au potentiel de réchauffement équivalent à 3 800 fois celui du CO2) et R-507, utilisés dans les climatisations ou les groupes de froid. Avec la raréfaction de ces gaz, l’entretien des matériels risque de coûter plus cher, voire de ne plus pouvoir être effectué. Autant de bonnes raisons pour se pencher sur la question de la production de froid.

 

Un groupe fixe et un appoint en location

C’est ce qu’a fait la coopérative des Vignerons de Landerrouat Duras Cazaugitat Langoiran (VLDC) qui vient de changer un groupe de froid sur son site de Duras. « Nous étions un peu justes, avec un groupe vieillissant et des besoins en augmentation pour la régulation des températures de nos rosés et de nos blancs », indique Gilles Lagaüzère, le directeur de la cave. Issue de plusieurs fusions, la coopérative gère plusieurs sites et investit régulièrement pour les maintenir à niveau. Un premier achat a été effectué pour Landerrouat au printemps dernier et un autre à Duras juste avant les vendanges.

Sur le site de Duras, la coopérative vinifie environ 50 000 hl, dont la moitié en blancs et rosés. Elle utilisait jusqu’à présent un groupe générant 627 kW frigorifiques, pour refroidir les cuves de stockage d’avril à novembre. Ce groupe installé à demeure est épaulé, pendant les vinifications, par un groupe d’appoint en location (de fin août à fin octobre), afin d’effectuer les débourbages à froid des blancs dans de bonnes conditions, la thermorégulation des cuves et le refroidissement de la vendange rouge, si nécessaire. Cette stratégie apporte une souplesse à la coopérative, pour s’adapter aux variations de quantité à vinifier selon les millésimes. « Au fil de l’année, nous estimons nos besoins en froid par rapport au rendement attendu dans les parcelles de nos adhérents », explique Clément Sartron, responsable technique de la cave.

L’investissement a consisté à acheter un groupe de froid de 902 kW, ce qui permettra de répondre aux nouveaux besoins (le stockage a augmenté), tout en réduisant les besoins de location

Les Vignerons de Landerrouat Duras Cazaugitat Langoiran ont remplacé deux groupes de froid l’an dernier. © Vignerons de Landerrouat Duras Cazaugitat Langoiran

 

Récupération de la chaleur

Mais ce nouveau matériel doit aussi permettre de fonctionner de manière plus économique à plusieurs titres : tout d’abord, il est équipé de quatre compresseurs indépendants, qui ne fonctionnent pas tous si la demande ne le nécessite pas. De plus, les moteurs de ces compresseurs sont équipés de variateurs de vitesse, des équipements qui, en eux-mêmes, permettent des économies d’énergie (écrêtement de l’intensité maximale nécessaire au démarrage du moteur, par exemple).

Et surtout, la chaleur produite par le fonctionnement de ce groupe va être récupérée sous forme d’eau chaude à 50-55 °C, alors qu’elle était jusqu’à présent dissipée dans l’atmosphère. Cette eau chaude va servir à réchauffer les jus après débourbage à froid pour les blancs, ou à réchauffer la vendange rouge si elle rentre trop froide le matin, par exemple. La cave effectue également le nettoyage des cuves à l’eau chaude. Un projet de préchauffage des cuvées thermo-vinifiées est à l’étude. Toutes ces utilisations vont diminuer le recours à l’eau chaude sanitaire actuellement fournie par une chaudière au fuel et donc, la consommation d’énergie fossile.

Autre avantage, le groupe fonctionne avec un nouveau gaz (le R-1234 ZE) au pouvoir de réchauffement plus faible, qui n’est pas visé par la directive F-Gas II. Ce qui garantit une pérennité à l’installation.

 

Étude préalable indispensable

Au final, le budget d’investissement dépasse 300 000 € (achat et installation du groupe, y compris la construction d’une extension du bâtiment), mais il est prévu que la prime énergie compense la quasi-totalité de l’opération. « C’est un montage très avantageux et transparent avec la signature d’une convention tripartite entre la cave, le fournisseur du groupe et Cameo energy, notre mandataire qui a étudié les aspects financiers », indique Clément Sartron.

Mais attention, les conditions financières peuvent varier d’un projet à l’autre, car le montant de la prime dépend du type de matériel acheté et du cours du kWh cumac (voir encadré). Ainsi, la cave envisage d’utiliser le même montage pour le renouvellement de ses compresseurs qui fournissent l’air comprimé, avec un récupérateur de chaleur également. Mais pour ce type de matériel, l’aide ne devrait pas dépasser 10 % du montant de l’investissement. Un chiffrage individualisé apparaît donc indispensable.

« Plutôt que de changer le groupe de froid et de se demander ensuite s’il est possible de bénéficier des CEE, mieux vaut réaliser une étude en amont », confirme Nicolas Graveline, ingénieur d’affaire chez Cameo energy. Pour lui, une étude sera à même de prévoir la pérennité de l’installation vis-à-vis de la réglementation, elle permettra de réaliser des économies d’énergie sur le long terme et enfin, elle amènera une optimisation en fonction des aides financières mobilisables.

 

Viti leaders 440 février 2019

 

Article paru dans Viti Leaders de février 2019

Œnologie

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15