Comme la majorité de ses confrères, Jacques Gravegeal, président de l'interprofession des vins de pays d'Oc, pointe du doigt la distorsion de concurrence existant entre le nord et le sud de la France.
En 2008, lors de la réforme de l'OCM, la Commission européenne souhaitait faire disparaître la chaptalisation de l'UE. L'aide compensatoire à l'utilisation des MC/MCR, dans cette logique, n'avait plus de raison d'être. Avant que l'OCM ne soit appliquée, les lobbies pro-chaptalisation ont fait leur travail. La chaptalisation est restée, le découpage de la France en deux zones aussi, mais l'aide a disparu. Sans aide, il y a distorsion de concurrence. Pays d'Oc souhaite une réintroduction permanente de la prime compensatoire à l'utilisation de MC/MCR. Cela doit passer par une aide franco-française pour 2014. Ensuite, l'État francais doit faire pression pour que le Parlement européen rouvre le dossier des aides MC/MCR.
Pays d'Oc: pour une aide compensatoire, contre la chaptalisation
Pour eux, la France ne peut pas faire cavalier seul pour rouvrir le coffre OCM. Il faut avoir l'appui d'autres pays membres, agir avec prudence, mesurer les dommages collatéraux sur les autres dossiers et surtout agir dans le rythme du calendrier de négociations... Pour une décision en 2018.
Jacques Gravegeal conteste ce que certains qualifient de frilosité et d'autres de raison:
Il y a toujours moyen de négocier. En attendant, avec les producteurs de MC/MCR italiens, Pays d'Oc a saisi la Cour européenne de justice pour distorsion de concurrence. Une déclaration commune est à venir. Nous ne souhaitons pas interdire la chaptalisation bien que je sois contre l'emploi de saccharose issu de la betterave dans le vin. Les opérateurs du nord de l'Union européenne en ont le droit, qu'ils le gardent. Le débat actuel n'est pas pour ou contre la chaptalisation. Nous voulons une équité économique.
Une partie des adhérents de la Cnaoc pratique la chaptalisation. Nous ne pouvons pas être contre. L'utilisation de saccharose ou de MCR aboutit au même résultat technique, organoleptique. Sur quels arguments objectifs justifie-t-on la séparation de l'UE en deux zones ? C'est une discrimination illégale puisque non fondée. Pour la Cnaoc, les opérateurs doivent avoir le choix de la méthode d'enrichissement où qu'ils soient en France.
La Cnaoc: pour une équité technique sur le territoire
En attendant une révision du découpage de la France, la Cnaoc demande que les autorisations "à titre exceptionnel" de sucrage à sec soient basées sur des critères météorologiques ET techniques.
Une circulaire adressée mi-juin aux préfets de régions va dans ce sens. L'administration ouvre des portes. À chacun sur le terrain d'en saisir la portée. En Languedoc-Roussillon, il n'y a pas consensus sur la chaptalisation. Le premier opérateur régional, l'IGP pays d'Oc n'en veut pas, la plupart des AOC non plus. La Cnaoc ne prend pas position sur la situation et n'œuvre pas directement pour la réintroduction d'une aide. Mais il faut constater que la situation est crispée depuis sa disparition. La réintroduire détendrait la situation.
La CCVF optimiste au sujet de l'aide 2014
Interrogé sur le sujet, Boris Calmette, président de la Confédération des caves coopératives vinicoles de France déclare:
Le débat pour les jours à venir n'est pas sur la méthode. Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle guerre d'idées.
Le dossier de l'enrichissement doit être rouvert à Bruxelles. Pour 2014, la CCVF souhaite une équité économique sur l'ensemble du territoire. Le gouvernement peut le faire en débloquant de 2 à 5 millions d'euros. Le montant dépendra des besoins du millésime. Je suis optimiste quant à la volonté du ministre de nous aider.
Pour aller plus loin:
- Notre article sur les divergences d'opinions au sein de pays d'Oc.
- Le site de Sève, une association de vignerons positionnée contre l'enrichissement.