Quand la biodiversité s’intègre aux vignobles

La Cave de Castelbarry, Vignerons engagés depuis 2017, œuvre pour les chauves-souris. Les Caves de Rauzan ont implanté des nichoirs pour les abeilles sauvages.  Photos : Cave de Castelbarry/Caves de Rauzan

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Préserver et améliorer la biodiversité fait partie des engagements du chaire des charges du label Vignerons engagés. Trois membres du collectif détaillent l’une des actions mises en place sur leurs structures.

Cave de Castelbarry : attirer et préserver les chauves-souris

« En France, les populations de chauve-souris ont diminué de 40 %. Cette chute des populations est dommageable, notamment pour les viticulteurs, car ce sont des alliés potentiels dans la lutte contre les vers de la grappe. Il nous paraissait important de les favoriser et de sensibiliser les acteurs locaux à leur rôle », précise Lucie Bayet, responsable QSE de la cave de Castelbarry, une coopérative regroupant 110 viticulteurs sur 500 ha dans l’Hérault. En 2018, une dizaine d’abris pour chauve-souris a été répartie en arc de cercle dans le vignoble. La construction, réalisée sur les conseils de Rodolphe Majurel1, spécialiste des chiroptères, a été effectuée en partenariat avec une menuiserie locale. « En 2019, nous avons proposé trois demi-journées de sensibilisation auprès du grand public et des écoles. Notre démarche en faveur des chauves-souris va au-delà de la simple pose d’abris, nous l’avons intégrée de façon plus large. Pour les favoriser, il faut tenir compte de leurs exigences biologiques, du fait qu’elles ont besoin de sites pour chasser, se reproduire, d’autres pour hiberner. Nous avons notamment décidé de conserver un mas qui sert de site d’hibernation. La rénovation du toit de la coopérative – avec installation de panneaux photovoltaïques –, prévue en 2022, se fera à une période donnée, fixée par un spécialiste, de façon à préserver et à ne pas gêner les chauves-souris qui s’y reproduisent. »

Domaine Isle Saint Pierre : l’enherbement total

La présence d’un enherbement permanent favorise la faune,  notamment les insectes.
Sur les 230 ha de vignes que compte le domaine Isle Saint Pierre (13), 100 ha sont enherbées totalement. « Ce sont les vignes équipées de goutte-à-goutte enterré, ce qui permet de limiter la concurrence avec l’enherbement, explique Julien Henry, propriétaire du domaine. Pour l’instant, nous n’avons pas encore trouvé le mélange idéal, mais nous y travaillons. Nous avions essayé l’enherbement naturel, mais les herbes hautes se développaient trop rapidement et demandaient beaucoup de passages. Nous semons sur et entre les rangs avec un mélange de sept à huit plantes différentes, de façon à garder une structure du sol correcte. Le but : avoir un couvert pérenne. Petit à petit, le vignoble a été adapté à cette nouvelle pratique. Avant, nous avions tous les cinq pieds un piquet situé entre deux pieds qui rendait le passage des interceps compliqué, les piquets sont désormais au niveau d’un pied. Nous avons investi pour la tonte dans un broyeur à éjection latérale dans l’idée de former un paillis sous le rang – même si, en fin de compte, il ne va pas assez loin sous le rang. L’idée est de pouvoir passer rapidement pour ne pas se faire dépasser par l’herbe. Il est difficile de quantifier l’impact de ce passage à l’enherbement total sur la biodiversité. Nous n’avons pas réalisé d’études, mais visuellement on rencontre plus d’animaux, notamment d’oiseaux dans les vignes, et quand on regarde le sol, on note davantage de vers de terre. Ce n’est pas lié seulement à l’enherbement mais à une démarche plus globale. Par exemple, nous avons choisi de travailler avec des porteurs pour toutes nos opérations. Un porteur remplace quasiment trois tracteurs, cela permet de réduire à la fois la consommation de gasoil et le tassement des sols. Aussi, dès que cela est possible, nous réalisons des travaux en combiné, comme l’écimage et le broyage. Le fait d’enherber nous a aussi permis de renforcer le tissu local : nous avons passé un accord de voisinage avec un berger. Son troupeau de 500 moutons vient pâturer l’enherbement l’hiver. Cela nous évite un passage de tonte. »

Caves de Rauzan : des nichoirs pour les abeilles sauvages

Les Caves de Rauzan, rassemblant 320 viticulteurs sur 4 060 ha en Gironde, ont pour leur part orienté leurs efforts sur les abeilles sauvages. « Suite à un inventaire sur la faune et la flore mené sur notre territoire par le conservatoire des espaces naturels (CEN) de Nouvelle-Aquitaine, les Caves de Rauzan ont créé deux parcours balisés “biodiversité” de 4 km et 1,3 km en 2017. Une douzaine de panneaux informatifs, traitant soit des espèces, soit des écosystèmes, élaborés en concertation avec le CEN de Nouvelle-Aquitaine, ont été mis en place », explique Laure Durand, responsable RSE de la coopérative. « En 2020, nous pensions poursuivre notre engagement en faveur de la biodiversité en mettant en place des ruches pour les abeilles domestiques, mais suite à une conversation avec la Ligue pour la protection des oiseaux, nous avons pris conscience que les abeilles mellifères font de la concurrence aux abeilles sauvages. Il existe en France plus de 1 000 espèces d’abeilles sauvages qui assurent 90 % de la pollinisation. Nous avons pensé qu’il serait intéressant d’implanter des nichoirs pour les abeilles sauvages et de sensibiliser le grand public au rôle de ces insectes. Dix nichoirs ont été construits avec l’aide d’une stagiaire prise en charge par notre secrétaire général Robert Offredo, membre de notre commission biodiversité et acteur sur ce dossier dès la mise en place de notre parcours initial. Ils ne sont pas destinés à accueillir une espèce spécifique, mais volontairement adaptés à différentes espèces. Ils ont été installés en novembre 2020 sur le parcours pédagogique de la commune de Nérigean. Un panneau sur les abeilles sauvages est en projet. Je pense qu’il est important de se rapprocher des “sachants” sur le thème de la biodiversité. »

(1) Du service biodiversité et espaces naturels du département de l’Hérault et membre de l’association Groupe chiroptères Languedoc-Roussillon.

Article paru dans Viti 459 de mars 2021

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