Vente directe et distribution engagée pour des « vins d’artisan »

Le Domaine les Béliers fait partie de la vingtaine de vignerons mosellans en AOC moselle. À 15 kilomètres de Metz, les 5,6 hectares de la propriété sont adossés aux coteaux calcaires de la Moselle. Ses vins sont vendus à un intermédiaire local et en direct. Implication forte dans la filière œnotouristique, vins médaillés et packaging original sont les clés du succès de la famille Maurice.

 

«Il y a dix ans, la totalité de nos vins était vendue en direct, ce qui me prenait énormément de temps, se souvient Ève Maurice, propriétaire du Domaine les Béliers. J’ai donc décidé de faire appel à un distributeur pour me consacrer davantage à la vigne et au chai. »

En effet, la surface plantée ayant doublé depuis 2008, le travail dans les vignes et à la cave ainsi que la charge administrative ont augmenté en conséquence. La vigneronne fait donc appel depuis un peu plus de deux ans à La Société des vins d’auteurs, un distributeur local dirigé par François Adam, désigné caviste de l’année 2018 par La Revue du vin de France. Elle partage avec ce dernier des valeurs communes de respect du vin et de l’environnement. « Ils connaissent très bien notre maison et nos vins, ils viennent régulièrement nous voir à la vigne et en cave pour suivre chaque millésime, détaille-t-elle. L’échange est très important, ils savent faire découvrir notre production aux restaurateurs. » La Société des vins d’auteurs vient enlever les vins directement à la cave. Ils suivent de manière régulière les restaurants qui les revendent et les réapprovisionnent, même sur de petites quantités. « Nous avons fixé le prix de vente ensemble pour conserver une cohérence par rapport aux restaurateurs avec qui je travaillais en direct auparavant », souligne-t-elle, tout en restant discrète sur les chiffres de l’accord.

Ève Maurice, propriétaire  du Domaine les Béliers. © Hervé Cardon
Depuis qu’elle travaille avec cet opérateur, Ève Maurice peut passer 60 % de son temps de travail à la vigne et au chai, le reste étant réparti entre les tâches administratives, la commercialisation, les livraisons, les Salons, etc. Aujourd’hui, la jeune viticultrice vend 80 % de ses 26 000 cols en direct et 20 % par l’intermédiaire de son distributeur. Cet équilibre lui convient parfaitement puisqu’elle tient à conserver cette part de vente directe : « Pour moi, la viticulture est un métier de lien social. J’aime recevoir mes clients, leur expliquer mon travail, leur parler de l’appellation. » Pour cela, le domaine organise notamment de nombreuses dégustations au cœur des vignes pendant tout le cycle végétatif.

Ève Maurice n’a aucun problème à écouler sa production, l’AOC moselle étant un petit vignoble périurbain, avec peu de vignerons et un gros bassin de population. « Notre petite taille nous permet le luxe de nous passer de la grande distribution. Nous privilégions donc une clientèle de proximité, qui vient voir le vigneron », se réjouit-elle. En outre, le domaine est situé en périphérie de Metz, ville qui bénéficie d’un gros flux touristique. « Les visiteurs peuvent découvrir nos vins chez des restaurateurs de la région et également par le biais de l’office du tourisme. Certains viennent ensuite se fournir au domaine. »

 

Donner à découvrir et découvrir soi-même

Ève Maurice souhaite développer l’œnotourisme, et elle s’en donne les moyens : la construction d’un nouveau bâtiment au cœur des vignes vient de commencer, avec un chai semi-enterré, un hangar, mais aussi une salle de dégustation avec vue sur les vignes pour remplacer le caveau de dégustation existant, sans oublier deux chambres d’hôte.

Le domaine est par ailleurs fortement impliqué dans l’association Terroir Moselle, un GEIE1 qui regroupe des producteurs, des acteurs institutionnels et touristiques dont la vocation est de faire connaître le vignoble transfrontalier au niveau international en créant une route de l’architecture du vin allant de Toul, en Meurthe-et-Moselle, à Coblence, en Allemagne. « La Moselle française est une “petite” appellation. Mais le vignoble passe aussi par le Luxembourg et l’Allemagne, avec une histoire et une population communes ! Nous travaillons ainsi notre offre œnotouristique avec la Région Grand Est, mais aussi avec les institutions et les viticulteurs étrangers », poursuit Ève Maurice, qui souhaite également faire connaître le domaine et développer les ventes au-delà de la région. « Je pense que l’AOC moselle a un caractère qui lui donne sa place sur les tables des restaurateurs. Je souhaite faire connaître un terroir, une région, donner envie aux gens de la découvrir. Ce qui me permet aussi de bouger, de faire des rencontres et de découvrir d’autres régions. »

 

Le Domaine les Béliers vend 80 % de ses vins en direct  et 20 % par l’intermédiaire d’un distributeur local. © I. Fafet/Pixel Image
Vins médaillés chaque année

Le Domaine les Béliers participe notamment au Salon international de l’agriculture de Paris, lors duquel il obtient chaque année des médailles au Concours général agricole. Sachant que « de nombreux revendeurs aiment avoir des produits médaillés dans leurs rayons pour valoriser l’AOC. Ces récompenses rassurent le consommateur sur la qualité et la provenance du vin. Il voit la médaille comme une garantie », assure la viticultrice. Comment les vins du domaine se différencient-ils des autres vins de l’appellation ? « Je fais des vins “d’artisan”, dans le sens où je laisse une empreinte particulière malgré les similitudes de terroir et les cépages communs dans l’AOC », développe la vigneronne.

Le Domaine les Béliers travaille complètement en bio depuis 2013, la certification AB est prévue pour l’année prochaine : « Déjà lors de mes études, en Bourgogne et en Suisse, j’envisageais la viticulture sans produits de synthèse. Pour mon confort personnel, celui de mes ouvriers et pour les gens qui boivent mes vins. Cette orientation répond également aux demandes sociétales et s’inscrit dans l’offre de l’œnotourisme. »

Le packaging n’est pas en reste : « Nous pensons que, même si le principal reste le contenu de la bouteille, la présentation permet de se différencier, explique-t-elle. Nous avons souhaité trouver des étiquettes adaptées à chaque cuvée en alliant la création visuelle à la fabrication de vins dans l’objectif de donner une belle image, qui correspond à nos vins. »

Les illustrations présentes sur les étiquettes des vins du domaine, réalisées par Pierre Premier, graphiste et illustrateur, soulignent l’ancrage de la vigne dans le paysage et dans les écosystèmes.
Pour y parvenir, la viticultrice fait appel à son compagnon, Pierre, graphiste et illustrateur : « Nous avons eu envie de croiser nos métiers dans une logique de partage. C’est lui qui a créé le logo du domaine ainsi que certaines étiquettes. On essaie de mettre en commun le meilleur de ce qu’on sait faire. J’ai toujours pensé que culture et viticulture devaient aller de pair. C’est ce qui fait l’identité visuelle de mes vins. »

En 2014, ils lancent ensemble le concept « Du vin, des dessins », mélangeant dégustation et exposition. L’événement a eu lieu à Paris, Metz et Bruxelles avec l’ambition de faire connaître les vins du domaine en même temps que les œuvres d’artistes locaux.

(1) Groupement européen d’intérêt économique.

 

Carte d’identité

Propriétaire : Ève Maurice.
Situation : 5,6 ha en côtes de Moselle.
Encépagement : 25 % auxerrois, 25 % pinot gris et 25 % pinot noir. Les 25 % restants sont répartis entre gamay, muller thurgau, pinot blanc et gewurztraminer.
Main-d’œuvre : Ève Maurice et 1 ETP familial + saisonniers.
Commercialisation : 50 % en vente directe particuliers, 30 % en vente directe CHR et 20 % par l’intermédiaire de La Société des vins d’auteurs.

 

Les trois cuvées haut de gamme du domaine des béliers :  des élevages longs, en cuve sur lies ou en fût. © I. Fafet/Pixel Image
Les gammes

Le Domaine les Béliers produit des vins fruités et secs, avec de faibles degrés d’alcool (11-13°) :
« Des équilibres assez frais qui en font de bons vins de gastronomie », selon Ève Maurice. Sa stratégie repose sur deux gammes :
- une gamme « classique », cinq mises de printemps, des vins élevés en cuve, sur le fruit et la fraîcheur ;
- une gamme « premium », trois mises d’automne, d’élevage plus long en cuve sur lies ou en fût.
Le domaine produit également quatre cuvées atypiques, en vin de France, dont deux effervescents.
En vente directe, les cols sont vendus entre 8 et 12 euros TTC départ cave.


 

 

 

Article paru dans Viti Leaders de novembre-décembre 2018

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