Féminalise est un concours international de vins, où les vins sont dégustés uniquement par des femmes. Rencontre avec son fondateur, Didier Martin.
Didier Martin, vous êtes le fondateur et créateur du concours mondial Féminalise, un concours de vin où les vins sont uniquement dégustés par des femmes. Comment vous est venue cette idée ?
Didier Martin : Cela fait 35 ans que j’organise des concours de vins, et 15 ans pour Féminalise. Au départ, je travaillais aussi en tant que commercial dans un domaine. Lors de ces ventes, à chaque fois que j’accueillais un couple, j’ai remarqué que c’était systématiquement la femme, si elle aimait le vin, qui était décisionnaire de l’achat. Tout comme d’autres achats, par exemple la couleur de la voiture, c’est souvent la femme qui décide dans le couple… si elle aime, si elle s’implique dans l’achat, c’est elle la décisionnaire ! 70% des achats de vin dans le monde sont réalisés par des femmes et, en France, dans 75% des foyers, c’est la femme qui achète le vin.
J’ai eu cette idée il y a 25 ans… mais il fallait le faire au bon moment. J’ai l’ai donc lancée il y a quinze ans. J’ai appelé mes fournisseurs habituels pour mes autres concours, et ils m’ont tous suivi ! Nous avons obtenu plus de 1000 échantillons la première année. Puis c’est monté progressivement. Aujourd’hui, nous avons plus de 4500 échantillons du monde entier, dont 10% de vins étrangers. Entre 540 et 600 dégustatrices viennent déguster chaque année. Elles viennent de France et du monde entier (Brésil, Japon, Chine, États_Unis, Allemagne, Pays-Bas, Belgique…).
Pourquoi ce nom ?
D. M. : Féminalise vient de l’idée de féminiser un concours. Il n’y a rien de féministes dans ce concours !
Pourquoi que des femmes ? Ce qui est étonnant c’est qu’il y a 25 ans, il n’y avait que des hommes qui participaient aux concours. Et personne ne m’a jamais demandé : « pourquoi que des hommes ? »
Qui sont ces dégustatrices ?
D. M. : Nos dégustatrices viennent du monde entier (France, Japon, Chine, Brésil, Mexique, Allemagne, Italie, Belgique, Suisse, Liban...) pour participer à l’événement Féminalise. Elles viennent sélectionner les vins qu’elles achèteront demain. Ce sont des professionnelles reconnues : importatrices, commerciales, négociantes, restauratrices, sommelières, œnologues, journalistes ou blogueuses. Et des amatrices de vin, aussi !
De plus en plus de femmes deviennent des professionnelles de l’œnologie et de la viticulture. En 2010, les promos de formation en œnologie comptaient en moyenne 19% de femmes, en 2017 la moyenne dépasse les 50%.
Sommellerie, œnologie, vigne : les femmes sont partout ! Dans tous les étoilés, maintenant vous avez des femmes sommelières. Les métiers de la vigne et du vin se féminisent.
Pourquoi les vignerons.nes présentent-ils leurs vins à ce concours ?
D. M. : Cette année, entre 1500 et 1800 producteurs différents vont présenter leurs vins au concours Féminalise. Le tarif est de 45,83 €HT/55 €TTC par vin avec analyse fournie. Certains ne présentent qu’un vin, d’autres plusieurs, voire toute leur gamme. Car ils ont la clientèle pour. En effet, dans les rayons de GD, une médaille est très vendeuse.
Tous les ans, nous augmentons le nombre de médailles vendues, pour arriver aux alentours des 10 millions de médailles vendues. Ce n’est pas pour rien ! Les vignerons n’achètent pas des médailles pour les stocker et les mettre dans un placard.
Nous sommes heureux d’avoir plein de petits producteurs. Cela ne nous dérange pas du tout de n’avoir qu’un échantillon.
Qui est derrière Féminalise ?
Mon fils, Maxime Martin, a repris le flambeau.
Nous avons aussi des partenaires fidèles, et uniquement en mode échanges. Nous n’avons jamais eu de sponsors. Aucun vigneron, aucune cave coopérative ou négociant qui présente ses vins n’est partie prenante. Nous sommes indépendants à 100%.
